Scolaire

Physique-chimie : l'IGESR décrit une “situation préoccupante"

Paru dans Scolaire le vendredi 13 mai 2022.

“L’attractivité de l’enseignement de physique-chimie repose essentiellement sur les activités expérimentales“ souligne l'IGESR dans son dernier rapport concernant l'état de la discipline du CM1 à la terminale.

Les inspecteurs généraux de l'Education nationale trouvent en effet que la discipline “peine à susciter l’intérêt des élèves dès qu’il aborde des aspects théoriques qui constituent précisément une part essentielle de son identité : inscrire l’observation du réel dans un ensemble de causes et d’effets que les mathématiques permettent de modéliser sous forme de relations entre des grandeurs (théories, principes, lois).“

Est également mise lumière “une tension“ dans les objectifs des programmes “entre les savoirs fondamentaux portés par la discipline et les sujets sociétaux importants pour la formation de tous qui pèsent de plus en plus sur celle-ci“ au sujet de laquelle les inspecteurs demandent “une clarification de l’institution“.

Selon les résultats de l'étude TIMSS 4 de 2015, les élèves français de CM1 “obtiennent un score moyen de 487 en sciences, score significativement inférieur à la moyenne internationale de l’échelle TIMSS fixée à 500 et à la moyenne européenne de 525.“

En outre, la mission demande une “mise en cohérence entre les préconisations des programmes et la réalité observée sur le terrain“, avec un nombre de pratiques expérimentales “pas à la hauteur“, notamment au collège et au lycée professionnel “et cela en partie, mais pas uniquement, en raison des conditions matérielles (notamment le travail en effectif allégé) offertes aux enseignants et aux élèves“.

Des conditions matérielles qui ne sont pas satisfaisantes

D'aileurs, la situation des locaux, des équipements, de la sécurité et de l’environnement est jugée dans l’ensemble “conformes aux attentes“ en lycée général, technologique et polyvalent (secteur public) mais “plus contrastée en lycée professionnel et plus préoccupante en collège". Laboratoires, salles de travaux pratiques et ou équipements.. au collège les budgets de fonctionnement sont d'ailleurs décrits comme “souvent insuffisants“.

Concernant les enseignants, l'IGESR décrit une “situation préoccupante de l’enseignement des sciences et de la technologie à l’école primaire“ due à une “insuffisance de la formation en sciences d’une grande majorité de professeurs des écoles“.

La formation continue est, elle, “plutôt restreinte en volume“, et pour de nombreux professeurs elle n'est “pas une priorité pour le développement de leurs compétences professionnelles.“ De même, celle-ci, “réorientée exclusivement vers les ‘fondamentaux‘, ne permet donc pas de compenser les insuffisances liées aux parcours universitaires antérieurs non scientifiques et à la formation initiale.“

Est enfin noté que la “quasi-absence de personnels de laboratoire dans les collèges et les lycées professionnels est assurément un obstacle à une pratique expérimentale authentique“, et que les mesures réglementaires (heure de laboratoire ou indemnité pour mission particulière) “ne suffisent pas à compenser cette absence.“

Une dégradation du niveau des enseignants

La mission se dit inquiète car si la situation du recrutement “pouvait sembler satisfaisante jusqu’en 2018, avec un taux de sélectivité des concours plutôt supérieur à la moyenne de l’ensemble des autres disciplines et un taux de remplissage très élevé, la dégradation rapide du niveau des candidats au CAPES externe de physique-chimie a conduit à n’attribuer que deux tiers des postes mis au concours à la session 2019“ (263 postes pourvus sur un total de 385, ndlr).

Les inspecteurs ajoutent que depuis plus de 10 ans “le recours aux professeurs contractuels est récurrent pour la spécialité mathématiques-physique-chimie en lycée professionnel“ et qu'il a connu depuis quatre ans une croissance très rapide dans la spécialité physique-chimie en collège et en lycée GT“.

Ils précisent que “ces contractuels sont préférentiellement affectés en collège où les équipes sont souvent très réduites en raison de faibles volumes des horaires d’enseignement“ et qu' une “telle concentration des difficultés ne manque pas de soulever des questions : des professeurs contractuels peu formés sont chargés d’un nombre important d’élèves et confrontés à l’absence de personnel de laboratoire“.

L'IGESR constate pour finir une “moindre représentation des filles dans les parcours scientifiques“, avec par exemple 31,6 % des filles s’orientant vers une première scientifique à l’issue de la seconde générale et technologique, contre 40,2 % des garçons. Il y a encore les “performances des filles en physique-chimie, légèrement inférieures à celles des garçons, et une appétence plus faible pour les sciences attestée par les enquêtes nationales et internationales“, alors que les actions d’information et de sensibilisation pour susciter l'envie et lutter contre les stéréotypes en sciences “peinent à faire évoluer les taux d’orientation des filles vers les sciences.“

Le rapport (datant de juin 2021) ici

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