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CM1 et CM2 : trop d'insistance sur les "fondamentaux", pas assez d’institutionnalisation des savoirs (IGESR)

Paru dans Scolaire le mercredi 27 avril 2022.

Quelle organisation pour l’enseignement au cours moyen et quels besoins ?

L'IGESR s'est penchée, dans son dernier rapport publié lundi 25 avril, sur les deux dernières années de l’école primaire (CM1 et CM2), qualifiées d' “étape clef de la scolarité obligatoire“ permettant de préparer les élèves à l’entrée dans le second degré. Les inspecteurs généraux ont tout d'abord constaté des écarts fréquents entre les temps d’enseignement prescrits et les durées effectives consacrées à ces disciplines en classe, avec des durées “particulièrement inférieures“ en sciences, technologie, EPS ainsi qu'en arts plastiques.

Au regard des 95 emplois du temps exploités par la mission dans son enquête, sont également signalés des “écarts considérables de durées hebdomadaires des récréations dans les emplois du temps élèves“, qui vont d'une heure à plus de trois heures selon les écoles, induisant d'importantes inégalités de traitement des élèves. Est ainsi préconisée la réécriture “de façon plus explicite“ de l’arrêté régissant le temps des récréations “en précisant que le temps hebdomadaire ne peut, en aucun cas, excéder 2 heures“.

Autre point, la structure de la classe. La disposition la plus souvent retenue, dans un peu plus de la moitié des classes observées, est en colonnes et rangées, où tous les élèves font face au tableau. Lorsque les bureaux d’élèves ne sont pas disposés en rangées et colonnes, la disposition la plus fréquente est une organisation en îlots de 3 à 6 élèves.

La mission se félicite des “progrès considérables“ concernant l'équipement numérique, avec par exemple 88 % des classes visitées qui sont équipées d’un vidéoprojecteur. Mais certaines classes ne disposent toujours pas de l’équipement “minimal“ nécessaire à une classe de cours moyen (ordinateurs destinés aux élèves, connexion internet). Seules 19 % des classes observées par la mission avaient des ordinateurs de fond de classe, tandis que les tablettes “sont très rares dans les classes observées“. Ainsi pour la mission un travail doit être mené “localement avec les collectivités territoriales“, mais également “auprès des enseignants, pour les aider à percevoir l’utilité d’un tel équipement en les formant à une utilisation pertinente et efficace de ces outils.“

Par ailleurs, 83 % des enseignants observés donnent du travail écrit à la maison au moins une fois par semaine et 29 % en donnent tous les jours ou presque. Pourtant renouvelée depuis plusieurs décennies, l’interdiction de donner du travail écrit à la maison “n’est pas respectée par la plupart des enseignants“. Les inspecteurs généraux considèrent ainsi que “la distinction entre travail écrit et travail oral n’est pas pertinente pour décider de ce qui peut ou ne doit pas être proposé en travail à la maison“. Ils souhaitent l'élaboration d'un texte plus précis et susceptible d’être acceptable pour tous les acteurs et respecté.

Les enseignants ont aussi “une méconnaissance généralisée des résultats des élèves aux évaluations nationales de sixième au sein du collège où sont affectés les élèves de leur école, voire de l’existence de ces évaluations“ indique l'IGESR tandis que les inspecteurs de l’éducation nationale (IEN), s'ils connaissent ces évaluations, “ont très souvent fait part de leurs difficultés à obtenir des résultats précis et exploitables des collèges se trouvant sur le territoire de leur circonscription“. La mission invite les académies à fournir aux IEN les résultats de ces évaluations sous une forme appropriée, leur permettant d’apprécier le niveau de ces résultats en prenant en compte les spécificités des secteurs de collèges concernés et tout particulièrement leur indice de position sociale (IPS).

En outre, seulement 40 % des classes de cours moyen possèderaient des manuels de français et de mathématiques (mais avec une très grande diversité de collections et éditeurs). Pire, “pratiquement aucun manuel n’a été trouvé pour les autres disciplines“, ont pu observer les inspecteurs généraux, avec par exemple des manuels dans 4 % des classes en langue vivante et même dans “aucune classe en sciences et technologie“. Un faible nombre de manuels qui “conduit à produire un grand nombre de photocopies et à utiliser des documents iconographiques en noir et blanc et souvent de piètre qualité“ pour la mission, qui aimerait donc un “engagement fort“ de tous les acteurs, “tant pour accompagner les enseignants dans le choix de manuels que pour en renforcer les usages".

Concernant l'enseignement du français, la mission a calculé que le temps consacré à la grammaire, l’orthographe et la conjugaison correspond à la moitié du temps consacré à l’enseignement du français, mais celui consacré à la production écrite “est limité à une dizaine de minutes par jour en moyenne, c’est-à-dire une durée très en-deçà de ce qui est souhaitable pour une bonne préparation à l’entrée en sixième". Les manuels de français ont été assez peu utilisés lors des observations de séances de français menées dans les classes.

Au sujet des cours de mathématiques, “force est de constater que les nombreuses actions menées pour renforcer la fréquentation des fractions et des décimaux au cours moyen afin d’améliorer la compréhension de ces nouveaux nombres par les élèves ont été peu fructueuses". De même, dans la plupart des classes, le temps laissé pour effectuer les calculs mentaux était généralement non contraint ou trop peu contraint, “ce qui n’encourage pas les élèves à abandonner les procédures de calcul mentaux non efficientes et rend par ailleurs difficile l’évaluation réelle du niveau de maîtrise des automatismes de calcul attendus à ce niveau de la scolarité.“

Quelques remarques sont également énoncées par les inspecteurs généraux sur les points faibles de l’enseignement de sciences et technologie au cours moyen : “les séances ne sont pas toujours très structurées et sont rarement calibrées pour être véritablement terminées dans le temps imparti (...). Elles se concluent par ailleurs rarement par une phase d’institutionnalisation des savoirs, pourtant essentielle à la formalisation des résultats obtenus ou des observations faites, à la synthèse des conclusions et l’élaboration des concepts-clés.“ Enfin, “si la contextualisation de la séance est parfois présente, les objectifs d’apprentissage ne sont pas toujours explicités".

Concernant les langues vivantes, les inspecteurs ont observé “que l’entrée dans l’apprentissage de la langue était presque toujours guidée par la seule préoccupation de l’acquisition de vocabulaire“, un type d’approche “généralement dépourvu de toute stratégie de réactivation systématique de ces vocables dans des contextes variés“. De plus, “très peu de séances observées témoignent d’une place significative laissée aux aspects culturels au sens large". Ainsi, l’enseignement de langue vivante se montre encore trop peu ambitieux, le temps qui y est consacré est inférieur au temps prescrit et les objectifs visés ne vont guère au-delà de ceux du cycle 2. Dans ces classes, les élèves ne produisent que très rarement des phrases entières tant à l’oral qu’à l’écrit et l’enseignement est souvent centré sur l’acquisition lexicale de mots isolés étudiés hors de tout contexte.

En moyenne, seules 32 minutes sont consacrées à l'enseignement moral et civique (EMC) quand un temps hebdomadaire de 55 minutes est attendu. Une plage spécifique pour l’EMC n’apparait que dans 67 % des emplois du temps des classes observées. Dans 20 % des classes, l’EMC apparait sur des plages mixtes avec l’histoire et/ou la géographie, ou parfois sur des plages communes à l’éducation musicale ou aux arts plastiques. Dans 13 % des classes, aucune plage de l’emploi du temps ne mentionne l’EMC.

L'IGESR constate enfin que près du tiers des 1 686 618 élèves de cours moyen sont scolarisés dans des classes accueillant à la fois des élèves de CM1 et de CM2, ce qui “doit conduire à une vigilance lors de l’écriture des programmes et des documents ressources, quand la mutualisation des enseignements de CM1 et de CM2 n’est pas possible". La mission ajoute à cela son souhait de voir “quelques ajustements de programmes“ en mathématiques, en sciences et technologie et en géographie.

A noter que l’enseignement de l’éducation physique et sportive (EPS) a été écarté des travaux de la mission en raison des effets des protocoles mis en place dans le cadre de la crise sanitaire.

Le rapport ici

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