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“Un sentiment de dégradation de la situation générale des mathématiques au lycée“ (rapport Comité de consultation)

Paru dans Scolaire le lundi 21 mars 2022.

Le comité de consultation sur l’enseignement des mathématiques au lycée général a remis son rapport sur “La place des mathématiques dans la voie générale“ afin de garantir “à tous les élèves de la voie générale la maîtrise des notions mathématiques fondamentales dont ils auront besoin, quel que soit le parcours de formation qu’ils choisiront par la suite“, explique dans un communiqué le ministère de l'Education nationale ce lundi 21 mars.

Selon ce “résultat d’auditions nombreuses conduites auprès d’interlocuteurs variés sur un temps court“, il convient “de rappeler la ‘jeunesse‘ de la réforme, l’absence du recul suffisant induit et, bien évidemment, le fait que sa mise en œuvre a été et reste largement mise en cause par la situation sanitaire“, et donc de “considérer qu’il est trop tôt encore, à ce stade de la mise en place de la réforme, pour tirer certaines conclusions.“

Le comité de consultation rappelle tout de même que “dans le système des séries, 13 % (50 000 sur 380 000) environ des élèves ne faisaient plus de mathématiques en classe de première“, et que “ce chiffre est passé à 170 000 (36 %) avec la réforme“.

“L’enjeu, précisent ses auteurs, ne saurait se réduire à une querelle sur le nombre d’heures proposées en mathématiques (par élève, par année, au total du LEGT...) ou sur le sens qu’il y a à dispenser un enseignement de cette discipline à tous les élèves du lycée général, et jusqu’à quel moment de leur parcours“, mais plutôt “la capacité à faire vivre un enseignement de ‘mathématiques pour toutes et tous‘, pour tous les élèves du lycée général. (..) On peut considérer a minima qu’il s’agit de mathématiques ‘de la vie quotidienne‘, en partie adossées à des questions de société, aux autres disciplines aussi, et dont la maîtrise permet de mieux appréhender le monde.“

Des effets pervers dès l'entrée en classe de seconde

Les rapporteurs expliquent pourtant en quoi la réforme du lycée “manque singulièrement l’objectif d’assurer un niveau général de ‘mathématiques pour tous‘ satisfaisant“, et que “la perspective de ne plus avoir de mathématiques à partir de la première engendre des effets pervers dès l’entrée en classe de seconde“ : “une partie des élèves, dont les compétences du socle sont relatives, se démobilisent très vite. Les classes sont difficiles à gérer du fait de l’hétérogénéité des niveaux et des degrés de motivation.“

Ainsi l’ambition des programmes de l'enseignement de spécialité "joue probablement contre l’attrait pour les mathématiques ou, plutôt, accentue les réticences préexistantes à la fin du collège".

Est dès lors constatée une “discontinuité relative" de l’enseignement des mathématiques entre la seconde et le cycle terminal. Avec la réforme, celui-ci “n’est dispensé au total qu’à hauteur de 6 % par des professeurs de mathématiques“, et les éléments du programme qui mobilisent des mathématiques “sont assurés par des enseignants de physique-chimie et de sciences de la vie et de la Terre (SVT), quand ils sont assurés.“

De même, l'approche pluridisciplinaire de l'enseignement scientifique et mathématique (ESM) “est difficile à mettre en place quand des conditions de préparation et d’enseignement favorables ne sont pas réunies“. Et même si les programmes sont pensés pour un public divers, il est “souvent mis en œuvre de telle façon que les élèves ‘scientifiques‘ s’y ennuient, quand les ‘non scientifiques‘ ont des difficultés à s’y intéresser".

Les auteurs de ce rapport constatent en première un différence de 24 % du nombre des élèves pratiquant les mathématiques entre 2019 et 2021. Cette baisse, “outre qu’elle entraîne une baisse du nombre total d’heures de mathématiques proposées au lycée en France, alimente sans conteste un sentiment de dégradation de la situation générale des mathématiques au lycée“, notent-ils.

Des élèves motivés

Cependant, ils considérent “que dans le système passé, un certain nombre d’élèves n’avaient finalement pas d’autre choix que de faire des mathématiques dès lors qu’ils étaient inscrits en séries S ou ES quand, désormais, ils choisissent de faire des mathématiques, ce qui laisse à penser qu’ils sont motivés et intéressés par la discipline.“ La “reconfiguration de l’offre de formation“ est aussi évoquée pour indiquer que l'évolution des services des professeurs de mathématiques, sous la double influence de la structure du LEGT et des effets des choix des élèves, “alimente leurs interrogations professionnelles.“

Alors que le nombre des heures d’enseignement de mathématiques a baissé de 18 %, “si la situation des mathématiques relativement aux autres disciplines est bonne, l’importance de l’écart avec la situation antérieure peut générer incompréhension et mécontentement“ explique d'ailleurs les rapporteurs pour qui “l’hypothèse qui peut être faite est que les professeurs de mathématiques sont plus nombreux dans les lycées et, avec la baisse du volume global d’heures assurées depuis la réforme, moins ‘obligés‘ d’assurer des heures supplémentaires".

Un calendrier pluriannuel ?

Conclusion, le comité de consultation souhaite pour la rentrée 2022 “développer la part des mathématiques dans l’enseignement scientifique de première, renommé enseignement scientifique et mathématique (ESM) pour les élèves qui n’ont pas pris la spécialité mathématiques“. Il serait porté à 3h30 ou 4h par semaine, avec l’ajout d’1h30 ou 2h de mathématiques aux élèves qui n’ont pas pris de spécialité mathématiques. Pour la rentrée 2023, est proposé que ces heures soient suivies par l’ensemble des élèves de première.

Le comité préconise “une révision du programme de mathématiques pour la classe de seconde, afin que le même esprit de culture mathématique commune y soit mieux assuré“. Le ministre “va saisir le Conseil supérieur des programmes pour les consultations supplémentaires et les changements nécessaires". Il va également "examiner les possibilités de mise en œuvre de ces propositions selon un calendrier pluriannuel à compter de la prochaine rentrée scolaire".

A noter enfin l'option “d'une évaluation de l’ESM dans le contrôle continu de la classe de première“, ce qui permettrait la prise en compte des mathématiques dans le calcul final du baccalauréat.

Le rapport ici

 

 

 

 

 

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