L'école française “assigne des élèves à certains savoirs et d’autres à des absences de savoirs“ (CICUR)
Paru dans Scolaire le mercredi 09 mars 2022.
Il faut “sortir des fausses oppositions qui structurent un débat indigent“, demande le collectif d’interpellation du curriculum dans une lettre ouverte destinée aux candidats aux élections présidentielles et législatives publiée lundi 4 mars.
Le CICUR y questionne “ce que l'École doit enseigner aux élèves“ et souhaite d'une part “écarter les fausses solutions“ comme la “restauration de l’École d’avant“ avec par exemple le rétablissement de l’examen d’entrée en 6e, mais également “renoncer aux mythologies éculées de ‘la méritocratie républicaine‘ et de ses exceptions censées consoler d‘une École fondamentalement injuste, d’une ‘égalité des chances‘ qui n’est pas la même pour chacune et chacun".
L'école française est pour le collectif désormais “au pied du mur“, d'autant que “le rendez vous d’une réévaluation et d’une réorganisation des contenus enseignés a été manqué". Elle est également dépeinte comme une école des inégalités et de la sélection sociale “faute d’avoir vraiment pensé les savoirs qu’elle enseigne et la manière de les enseigner“, et à défaut de favoriser la promotion de tous, elle “renforçe les déterminismes sociaux“ car elle “assigne des élèves à certains savoirs et d’autres à des absences de savoirs“.
Cette logique de sélection est ainsi tant “catastrophique pour les enfants des milieux populaires que pour le vivier trop étroit où se recrutent les élites“, considère le CICUR qui constate par ailleurs que “personne ne s’interroge sur ce qui doit et peut vraiment relever du scolaire“ dans une société du 21ème siècle aux problématiques inédites (dues aux évolutions familiales, numériques, culturelles, etc..).
“Le système scolaire, estime le collectif d’interpellation du curriculum, comme les familles sont confrontés à de nouveaux défis éducatifs dont il n’est tenu aucun compte, ni dans le dialogue école/familles ni dans la définition des missions de l’École et des contenus de savoirs, de capacités et de compétences. Ceux-ci sont choisis voire imposés par des autorités (notamment politiques) qui pensent le plus souvent à court terme. La formation actuelle des enseignants les prépare peu à comprendre ce que les savoirs scolaires font aux élèves et ce que les élèves font pour les acquérir.“
Le CICUR souhaite notamment que les candidats s'engagent “à rompre avec la pratique, à chaque changement de majorité ou de ministre, des bouleversements des programmes scolaires qui ne transforment rien sur le fond".
Le communiqué ici