Vers une “puissance éducative“ européenne ? (conférence ministérielle consacrée au parcours européen des professeurs)
Paru dans Scolaire le jeudi 03 mars 2022.
“Oui, il y a une socle historique très profond“ indiquait Jean-Michel à propos des pérégrinations successives des enseignants à travers l'Europe, en ouverture de la conférence ministérielle "Vers un parcours européen des professeurs" ce jeudi 3 mars.
De la même manière, Themis Christophidou, directrice générale éducation et culture de la commission européenne, estime que l'enseignant européen “existe déjà“. Il faut selon elle “mettre en lumière l'enseignant et l'attention que nous devons porter à cette profession“, considérant qu'ils sont “l'investissement le plus important dans l'éducation“.
Le député européen, Victor Negrescu, vice-président de la commission de la culture et de l’éducation au Parlement européen a évoqué l'idée d' “avoir un programme intégré qui permet la mobilité des professeurs“, d'avoir des méthodes communes, un parcours commun et notamment européen pour construire une zone européenne pour l'éducation.
A travers son panorama sur la situation des professeurs dans l'Union européenne, l'analyste des politiques et des systèmes éducatifs Isabelle De Coster constate de son côté que les politiques publiques peuvent avoir une influence sur les pratiques et la perception des enseignants.
Des pénuries
Comme tous les interlocuteurs, elle explique que beaucoup d'Etats ont des problèmes de pénurie de professeurs, avec la question que cela pose sur l'attractivité du métier, ou encore celle des salaires qui varient d'un pays à l'autre selon la richesse du pays, mais qui sont toujours moindres que pour d'autres professions équivalentes en termes de qualifications.
Entre 2013 et 2018, ajoute l'analyste, selon les données récoltées la mobilité des enseignants a augmenté dans tous les pays de l'Union Européenne, ce qui a permis d'améliorer une série de compétences des enseignants (linguistiques, didactiques et culturelles) et de renforcer la dimension européenne. Elle précise cependant que cela “reste toujours une minorité d'enseignants“, 44 % qui profitent d'une opportunité de mobilité pendant leurs études ou leur carrière,, surtout des étudiants en langue étrangères.
Le ministre de l’Éducation et des sciences croate Radovan Fuchs estime pour sa part que “la formation des professeurs change, et leurs attentes également". Il souhaite accorder plus d'autonomie aux professeurs en Europe, avec la responsabilité des Etats de leur fournir une formation adéquate, de qualité, en cherchant à former des enseignants “résilients“ qui continueront d'apprendre tout au long de la vie.
Ilana Cicurel, députée européenne et auteure du rapport "Faire de l’École le coeur battant de l’Europe", a consacré son intervention au “module europe“, à savoir des objectifs communs pour les Etats membres, comme une meilleure connaisance des systèmes éducatifs. Ce module s'inscrit dans l'ambition de mettre en place un échange des meilleures pratiques (par exemple Erasmus+), et de construire une “puissance éducative“ européenne. Elle souligne par ailleurs l'importance des innovations pédagogiques et des pratiques réflexives.
La conférence sur le site du ministère ici