Répression de la contestation du bac : deux enseignants en appel à Clermont-Ferrand
Paru dans Scolaire le mercredi 02 février 2022.
La FSU, réunie en congrès, adressait hier 1er février son soutien aux représentant-es du SNES-FSU, de la CGT Educ’action, de SUD éducation et de l’UNEF qui avaient été "condamné.es, par ordonnance pénale, à une amende avec inscription au casier judiciaire B2 pour "intrusion non autorisée dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement scolaire dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement (...), suite au rassemblement du samedi 18 janvier 2020 devant le lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand contre les réformes du lycée, du baccalauréat et des retraites". Deux d'entre eux comparaisssaient hier devant le tribunal correctionnel après avoir fait opposition à leur condamnation.
La FSU dénonce "la volonté de mise au pas de tous les personnels de l’Education nationale" et rappelle les cas de répression ces dernières années : Bobigny, Dole, Melle, Bordeaux, Cahors, Carcassonne, Rennes, Nice, Romorantin, Saint-Denis, Pantin…
Le verdict est attendu pour le 10 mars 2022, à 14 heures. "Mon ressenti, après ce que nous avions avancé comme arguments, est positif, pour ce qui est de la relaxe", dit Frédéric Campguilhem, l'un des deux enseignants concernés. Il ajoute : "Je suis assez confiant. Moi, cela fait vingt ans que je milite au sein de la CGT. Didier Pagès (également poursuivi, retraité de l'Education nationale, militant de Sud éducation, ndlr) de même. Nous ne sommes pas des délinquants."
Maître Jean-Louis Borie, avocat des prévenus, soutient que le ministre a écrit lui-même que "des poursuites auront lieux". Il renchérit : "Je ne sais pas ce que fera le tribunal. Mais nous sommes en capacité de démontrer que l'intention de troubler le bon ordre n'a pas été établie, prouvée par le parquet. Mes clients n'ont pas commis de délit." Philippe Leyrat, CPE et secrétaire académique du SNES-FSU fait remarquer qu'il n'y a pas eu d'intrusion, "aucune tentative d'intimidation, pas de casse. Tout s'est passé correctement. Cela paraît complètement disproportionné."
Pour Kevin Rouland, élu CGT, "on nous demande de développer l'esprit critique. On nous demande de faire le nécessaire auprès de nos élèves, de leur donner des éléments nécessaires pour leur épanouissement. Et puis, on nous convoque devant un tribunal. Les élèves peuvent-ils y comprendre quelque chose ?"
Propos recueillis par Rabah Aït Oufella