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Ecole - industrie : l'Inspection générale pointe les défaillances de leur dialogue

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 12 janvier 2022.

L'inspection générale en appelle à "une prise de conscience salutaire", tant du côté des entreprises que de l'Education nationale à l'heure "des nouveaux défis scientifiques, technologiques, environnementaux". Dans un rapport qui vient d'être publié, les auteurs dénoncent "une connaissance mutuelle réciproque insuffisante entre l’industrie et l’Éducation nationale". Ils soulignent que les industriels "n’ont qu’une faible connaissance de la
méthode et des contraintes d’élaboration de la carte des formations", et que les enseignants profitent insuffisamment "des possibilités de visites ou de stages dans les usines".

Les torts sont en effet largement partagés. "Faute d’implication de leur part, certaines branches découvrent parfois un référentiel, ou même un diplôme, lors de sa révision", mais il est vrai que l’éventail très large des diplômes "manque parfois de lisibilité". Quant aux campagnes de promotion des métiers de l’industrie, destinées à contrer "le désintérêt majeur des jeunes" pour ces métiers, elles ne visent pas un public suffisamment large et elles sont conçues "de façon relativement cloisonnée, sans réelle concertation". Il faudrait pourtant "provoquer une prise de conscience d’une large communauté éducative constituée de parents, d’enseignants, de jeunes actifs, de cadres de l’éducation nationale, sur les enjeux liés à une industrie forte".

Le rapport estime qu'il faudrait notamment "revoir la forme des référentiels" pour des métiers "dont l’industrie aura besoin demain, mais dont les contours sont flous". Ses auteurs préconisent "un cadre d’écriture qui laisse une plus grande latitude aux établissements (...), pour adapter le contenu au besoin exprimé par les entreprises". La définition des blocs de compétences "pourrait être adaptée aux besoins locaux". Quant au "processus d’élaboration de la carte de formation professionnelle", il est "extrêmement complexe". Certes le ministère a défini des plafonds académiques (limitation du nombre d'élèves par académie, ndlr) d’offre de formation "pour limiter une offre surdimensionnée" des formations STMG (baccalauréat gestion) ou baccalauréat professionnel gestion - administration, "mais cette stratégie ne garantit pas que les inflexions induites pour respecter ces plafonds se reporteront sur les filières à besoin".

Les inspecteurs soulignent aussi que la maîtrise du socle est insuffisante chez les bacheliers. Les entreprises estiment par exemple que "l’acquisition de compétences mathématiques devrait être conçue comme un élément de formation et non un outil de sélection". Elles pointent, en français, des manques lorsqu'il s'agit de lire des instructions et plaident pour le développement d'activités expérimentales à l’école "dès le plus jeune âge", mais aussi pour les "soft skills" telles que "la capacité à travailler en équipe", "la rigueur dans la structuration de la pensée et du geste", "la hiérarchisation des priorités", "le respect des règles". Et "les entreprises estiment indispensable que les jeunes soient mieux formés à l’appropriation de problèmes complexes, à l’acquisition d’une culture générale et au développement de compétences comportementales dans le management, l’entrepreneuriat et la relation au client (...). Le renforcement de la place de la démarche de projet est également un moyen de préparer les jeunes à un environnement professionnel dans lequel la performance est liée à la capacité de travail en équipe." Par ailleurs, l’enrichissement des programmes pour renforcer la place des enjeux du développement durable "doit permettre de développer l’esprit critique des jeunes" tandis que les mathématiques devraient "être associées aux champs disciplinaires des sciences et technologies, ce qui permettrait de "limiter l’abstraction au profit d’une approche concrète de l’enseignement de cette discipline".

Le rapport plaide d'ailleurs pour la création d’un enseignement optionnel en seconde générale et technologique, "dans le prolongement de l’approche préconisée au collège, fondée sur la démarche de projet" et d'un nouvel enseignement de spécialité "ancrée dans une logique de STEM" (science, technology, engineering, and mathematics, ou, en français, STIM, science, technologie, ingénierie et mathématiques). Ses auteurs notent d'ailleurs que "les sciences de l’ingénieur traversent une réelle crise des vocations" puisque, en 2021, au CAPET, "près de 25 % des candidats admissibles ne se sont pas présentés aux épreuves (orales)". Et en ce qui concerne la formation continue, "les capacités de financement (sont) limitées car reposant sur les moyens des plans académiques de formation, eux-mêmes contraints par l’abondance de formation requise pour accompagner les réformes structurelles entreprises actuellement".

Le rapport "La formation initiale à l’aune des nouveaux défis scientifiques, technologiques, environnementaux et dans une perspective de souveraineté renforcée de la France : état des lieux et politiques territoriales", est téléchargeable ici

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