Les INSPE proposent aux candidats à la présidentielle d'améliorer la formation des enseignants
Paru dans Scolaire le mardi 11 janvier 2022.
Actuellement, la moitié des enseignants "débutent leur carrière sans jamais avoir vu un élève", constate le "Réseau des INSPE". En effet, pour réussir le concours, un master disciplinaire (ou pluridisciplinaire) constitue une bonne préparation, et le lauréat d'un CRPE ou d'un CAPES se retrouve à la rentrée suivante devant un CP sans avoir la moindre idée des moyens d'apprendre aux enfants à lire, ou devant une classe de collège sans préparation à la gestion de l'hétérogénéité. Les directeurs des "Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation" présentaient, ce 10 janvier à la presse "trois propositions pour une formation professionnelle efficace et attractive", propositions qu'ils adressent aux candidats à l'élection présidentielle. Ils ont déjà rencontré les représentants de Valérie Pécresse et de Jean-Luc Mélenchon, des rendez-vous sont pris avec les équipes de Fabien Roussel et d'Anne Hidalgo. Jusqu'ici, leurs constats sont partagés et ils "n'ont pas senti d'opposition".
Comment "rendre incontournable un diplôme d'enseignement pour enseigner". Les universités pourraient décerner un label "Enseigner et éduquer" à des licences (disciplinaires ou non) dont les étudiants feraient au moins sept semaines de stage devant élèves, "dans des contextes variés". Certes, il ne serait pas obligatoire d'avoir suivi un tel parcours pour intégrer un master MEEF (celui auquel préparent les INSPE), mais vu la pression que connaissent ces formations - l'INSPE de Poitiers reçoit chaque année 1 200 candidatures pour 200 places -, de fait, avoir une licence avec ce label sera une condition sine qua non pour y être admis.
Au cours de leur formation en master, les étudiants auraient, comme aujourd'hui, 18 semaines de stage. Il faudrait qu'ils soient effectivement considérés comme des stagiaires, pouvant exercer une responsabilité, par exemple remplacer l'enseignant titulaire de la classe pendant que celui-ci est en formation continue, mais sans avoir la responsabilité de la classe, comme c'est le cas actuellement pour les "contractuels alternants". Il faut enfin que les concours, CRPE et CAPES notamment, même s'ils sont théoriquement ouverts à tous les titulaires d'un master, privilégient largement des candidats qui auront eu l'occasion de développer une réflexion sur la didactique et la pédagogie, mais aussi sur le partage des valeurs de la République, sur la laïcité, sur l'inclusion des élèves à besoins particuliers... La première session du concours après réforme aura lieu dans quelques semaines, les maquettes et les sujets "zéro" qui ont été publiés marquent "une inflexion en ce sens", mais le réseau attend de voir ce qu'il en sera effectivement, et si la forme des concours sera de nature à encourager les jeunes à préférer un master MEEF, donc les néo-bacheliers qui envisagent d'enseigner à choisir une licence "EE" (labellisée "Enseigner et éduquer"). Il s'agit de rendre "incontournable un diplôme d'enseignement" au terme d'un parcours de formation professionnelle sur cinq ans.
Le réseau des INSPE ne voudrait toutefois pas que de telles mesures empêchent des "secondes carrières". Actuellement un ingénieur, dispensé de l'obligation d'avoir un master puisqu'il a un diplôme à "bac + 5", s'il réussit le concours, se retrouve du jour au lendemain devant une classe. Le réseau propose qu'il (ou elle) bénéficie d'une formation de 200h avant sa prise de fonction.
Le site du réseau et le détail de ses propositions ici.