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Réforme du lycée : Malgré les difficultés qu'elle soulève, Jean-Michel Blanquer voit des “bénéfices qui sont largement au-dessus des inconvénients“

Paru dans Scolaire le vendredi 03 décembre 2021.

“ - Tu voudrais faire quoi toi ?

- Moi je voudrais travailler dans le droit pour devenir avocat. J'aimerais bien continuer sur une première générale avec SES, histoire-géo et géopolitique et SVT comme option.

- Ça te plaît de pouvoir moduler les choses comme ça ?“

Ce jeudi 2 décembre après-midi, Jean-Michel Blanquer s'est rendu lycée général et technologique (notamment hôtelier) René Auffray à Clichy pour rencontrer et échanger avec élèves et personnels de l'établissement au sujet de la réforme du lycée. Il a rapidement dialogué avec des élèves d'une classe de seconde @venir (il y en aurait seulement trois en France), dont le ministre a pu découvrir les “cahiers multimédia“.

Ce “projet numérique interactif“ vise selon la communication de l'établissement à “mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d’autres compétences et avoir un fonctionnement quotidien assoupli pour s’adapter à la diversité des besoins des élèves“. En outre, il “consolide la liaison 3ème/2nde tout en faisant évoluer les enseignements traditionnels, cela afin de donner aux élèves le moyen de réussir leur parcours lycéen par une orientation choisie et adaptée au projet personnel de chacun.“

Jean-Michel Blanquer a ensuite discuté avec quelques élèves, professeurs et personnels de l'établissement lors d'une table ronde dans laquelle sont remontés les problèmes concrets que la réforme du lycée de 2019 engendre sur le terrain.

Ont été énumérés, des problèmes dans la mise en œuvre, les choix réduits dans les spécialités proposés par le lycée (à savoir 6, le minimum), la reproduction des anciennes séries dans les choix des élèves (spécialités et options), le manque de temps dédié à l'orientation, le manque d'information et de communication sur les enseignements et les débouchées en termes de formations et de métiers, un lien entre lycée et enseignement supérieur “asphyxiant“ plus que soulageant, l'anxiété des élèves, entre autres dans l'évaluation qui n'est pas forcément comprise.. (le CAE évoque dans sa dernière note les problèmes d'informations sur l'orientation, d'inégalités d'accès au supérieur, d'autocensure, ou encore de choix genrés, voir ici, ndlr).

Le ministre écoute, dit comprendre, et juge notamment ces problèmes “locaux“. Selon lui, le but est que les élèves réfléchissent plus en amont, que leurs choix s'articulent plus avec le supérieur, car “le constat c'est qu'on avait 60 % d'échec à la fin de la première année du supérieur“.

De l'extérieur, se dégage la sensation d'une réforme subie, où chacun opère dans son coin. Elle pourrait même ressembler à une expérimentation. Elle est cependant à l'oeuvre depuis déjà deux ans. Pour Pierre Mathiot, un des inspirateur de la réforme du lycée, présent lui aussi, “ça prend un peu de temps, c'est une réforme qui doit se déployer. (..) Le système est en train de se mettre en place“.

Interrogé par ToutEduc sur le temps que prendrait une telle réforme à se mettre en place, le ministre indique que la réforme est “systémique“ car tous les facteurs sont en interaction entre eux, parce que cela interagit avec l'ensemble du système, que ça soit en amont avec le collège ou vers l'aval dans l'enseignement supérieur, ce qui oblige à des réflexions collectives et à l'exercice de l'intelligence collective à l'échelle de chaque établissement. “Il ne faudrait pas la dépeindre, continue-t-il, comme une réforme n'ayant que des inconvénients tout de suite et d'éventuels avantages plus tard, il y a déjà aussi des avantages immédiats, on voit bien dans les enquêtes les élèves qui voient le bénéfice immédiat d'avoir plus de liberté, on voit déjà dans certaines filières d'enseignement supérieur des acteurs nous dire qu'ils voient un début de rehaussement du niveau parce que justement les élèves de l'année dernière avaient choisi des enseignements de spécialité permettant d'approfondir, on voit des professeurs passionnés par les nouveaux enseignements de spécialités comme par l'histoire-géographie, les sciences politiques géopolitique, numérique … tout ça ce sont des bénéfices immédiats, qu'il puisse y avoir des effets pervers, des choses incomplètes, des interactions qui restent à affiner, tout ça est vrai, et c'est effectivement sur plusieurs années que le bénéfice complet est à attendre. L'exemple typique c'est le contrôle continu, c'est une nécessaire réflexion qui aurait été nécessaire même si il n'y avait pas de réforme du baccalauréat sur le sens de la note, son objectivité, l'harmonie entre les établissements, la rétro-activité de la note sur les pratiques pédagogiques, autant de sujets sur lesquels on a besoin de créer des points d'interrogation, des gens qui se réunissent autour de ces questions, qui font avancer les choses par interaction et non pas par une approche verticale, on a été dans une logique d'enclenchement plus que dans une logique de réponse toute faite à une question toute faite..“

Et de conclure : “La question c'est est-ce que c'était mieux avant ou pas. Sur beaucoup de points vous verrez que c'est mieux maintenant. Par définition ce sont des systèmes ouverts et est il bien que cela le reste. Dans les prochaines années nous avons besoin de stabilisation des facteurs de la réforme de façon à ce qu'elle prenne toute son ampleur. En résumé, on a déjà des bénéfices qui sont largement au-dessus des inconvénients et d'autres bénéfices vont arriver avec le temps.“

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