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Le développement de l'école numérique peut-il favoriser la continuité éducative ? Salon Educatec-Educatice

Paru dans Scolaire le mercredi 24 novembre 2021.

“La situation de la fermeture des écoles a eu tendance à augmenter les inégalités“ répond derechef Céline Darnon, lors d'un des débats du salon Educatice-Educatech organisés autour du numérique éducatif ce mercredi 24 novembre. La professeure de psychologie sociale (U. Clermont-Ferrant) y a distingué trois fractures durant le confinement, numérique d'une part avec des différences importantes en matière d'équipement selon les familles (nombre de postes, présence d'imprimantes ou non, etc..), mais également culturelle (il n'y a pas le même équipement “psychologique“ face au confinement) et structurelle (le soutien est très variable d'une école et d'un quartier à l'autre, mécaniquement il n'y a pas eu le même accompagnement en fonction du milieu social, où il n'y a pas les mêmes attentes).

Invitée à présenter le projet numérique de la Ville de Clamart, la maire adjointe Iman El Bakali estime elle aussi qu' “il y a eu un constat de rupture entre enseignants et enfants pendant le confinement“. Dès lors, un “travail d’équipement numérique complet“ avec une étude de faisabilité technique a été entrepris. Elle chiffre la dépense à 1,6 million d'euros chaque année pour le matériel/équipement des enfants d'écoles primaires et 4,5 millions d'euros pluriannuel jusqu'à la fin du mandat, comprenant la mise à disposition d'un technicien dédié à la maintenance deux fois par semaine.

Cécile Dumoulin, conseillère départementale des Yvelines parle de 2015 comme d'un moment fondateur alors qu' “on était très en retard dans les Yvelines“ avec l'expérimentation d'une fourniture de tablettes pour chaque élève de CP/CE1 dans 18 collèges. Elle explique qu'il y a eu un travail de repérage des collèges avec l'EN, et estime le résultat positif, avec 100 % des collèges qui veulent poursuivre cette expérimentation et 90 % des enseignants qui utilisent les tablettes dans leurs pratiques pédagogiques. “On pense à la généralisation à l'ensemble des collèges“, ajoute-t-elle car elle y voit “un gain en compétences, des enfants qui avancent mieux“. Elle précise que les 11000 tablettes représentent un coût de 10 millions d'euros, et estime à 92 millions d'euros l’équipement des 115 collèges du département. Elle précise enfin avoir amélioré le processus de réparation, le taux de casse s'élevant à 3 %.

“Le numérique est un levier potentiel pour lutter contre les inégalités“ considère aussi Eunice Mangado-Lunetta, directrice des programmes de l'Afev (association de la fondation étudiante pour la ville) mais la question des usages se pose selon elle car “il n'est pas naturel de visiter (virtuellement) un musée seul dans sa chambre". Jérome Moles, qui s'occupe d'Open Digital Education, un ENT qui équipe 3,5 millions d'élèves en France, pense avoir “une responsabilité de ne pas creuser les inégalités par des difficultés de compréhension de ces environnements“.

Les outils individuels, mieux que les outils mutualisés, indique d'ailleurs Pascal Bringer, représentant de l'Afinef (industriels du numérique dans l'éducation) peuvent participer à la réduction de ces inégalités car ils permettent de détecter des problèmes chez des élèves, d'identifier les écarts entre niveaux, d'avoir des parcours différenciés et de ne pas stigmatiser un élève par rapport aux autres et donc de créer plus de confiance, mais également d'améliorer l'accueil des élèves en situation de handicap, ce qui "implique de former les enseignants pour pouvoir faire le lien avec les parents (car les outils évoluent très vite) et les collectivités territoriales“.

La question de la formation est beaucoup revenue, à savoir comment accompagner les acteurs, car comme le dit Cécile Dumoulin, “il ne suffit pas de penser que les parents et les enseignants vont utiliser les outils pour qu'ils le fassent“. Les remontées de terrain font selon elle état d'un besoin équivalent d'équipement numérique pour la partie vie scolaire de l'école. Elle pose la question du coût du livre scolaire “qui va poser problème“ aux établissements, le livre numérique étant beaucoup plus cher que le livre papier. “On va poser la question au ministre“, conclut-elle avec le souhait d'obtenir une réduction du coût de la licence, non compensé à hauteur du coût comme le sont les livres physiques par l'Education nationale.

Malika Alouani, IEN et déléguée académique au numérique éducatif parle d'un nécessaire ajustement des solutions aux besoins des enseignants car “l'enjeu aujourd'hui c'est de démarrer, d'encourager les enseignants à modifier leurs pratiques, ils doivent être conscients que la créativité à travers le numérique est sans limites.“

Questionnés sur l'école du futur, 42 % des collégiens répondent vouloir une école en présentiel, mais l'hybridation est également demandée, rapporte Eunice Mangado-Lunetta. Attention, prévient Jérome Moles, “il ne faut pas reproduire à l'identique ce qui se passe dans la classe. Il faut créer des parcours en rapport avec les usages qui utilisent des outils numériques, et donc inventer une façon hybride d'enseigner.“

 

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