Le SNEP-FSU entend “porter le fer“ sur 4 heures d'EPS hebdomadaires pour toute la scolarité
Paru dans Scolaire le mardi 16 novembre 2021.
“On a décidé de porter le fer sur 4 heures d'EPS pour toute la scolarité“ indiquait ce mardi 16 novembre Benoit Hubert, secrétaire national du syndicat national de l'éducation physique lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion de la semaine de l'EPS à l'école.
Cette campagne menée par le SNEP-FSU, premier syndicat des enseignants d'EPS de l'enseignement public et des professeurs de sport, vise à augmenter globalement les temps de pratique sportive des élèves à l'école, alors que ceux-ci sont disparates selon les cycles : trois heures par semaine à l'école maternelle et élémentaire, quatre (en 6ème) puis trois heures au collège, et deux heures au lycée.
Mais pourquoi choisir 4 heures ? Pour Benoit Hubert, il y a d'abord le constat récurrent d'une baisse des capacités physiques des élèves établi “de longue date, et révélé par la pandémie“. Le rapport parlementaire d'évaluation des politiques de prévention en santé publique paru en juillet dernier a mis en avant la hausse de la sédentarité chez les jeunes, tout comme les données de l'ANSES ou de la fédération française de cardiologie font état de pertes de capacités cardiovasculaires. Le syndicat évoque d'ailleurs “l'idée de s'adresser à tout le monde“ alors que les inégalités de pratique de l'activité physique ressortent également de nombreuses enquêtes (étude de la DRESS sur l'obésité et la surcharge pondérale selon le genre et la classe sociale, étude de l'INJEP sur les pratiques sportives, etc..).
Le SNEP-FSU, malgré tous ces éléments, note que le temps effectif de pratique sportive est limité dans les faits : sur deux heures hebdomadaires au lycée, seule une heure et demie serait réalisée si l'on enlève les déplacements, le passage aux vestiaires, l'appel.. Il considère en outre qu' “inciter à bouger ne suffit pas“ comme le proposent les campagnes gouvernementales “Sport-Santé-Culture-Civisme“ (2S2C) ou des “30 minutes d'activités physique par jour“. Celles-ci entraînent pour le syndicat la venue d'acteurs extérieurs dans l'école (clubs et associations sportives depuis la rentrée via l'opération 1club-1école) alors que les professeurs pourraient s'en occuper.
Le diagnostic posé par conduit pour Benoit Hubert à l'idée de “repenser l'école“ avec “une volonté de transformer le système éducatif et d'améliorer les conditions d'exercice du métier.“ Le syndicat souhaite dès lors “donner des repères clairs sur les principaux éléments de la culture sportive et artistique“, via une refonte des temps scolaires, et réfléchir aux rythmes et aux durées d'apprentissage, car il estime que les temps disciplinaires ont diminué mais que des temps d'enseignements se sont rajoutés (informatique, laïcité, , secourisme, citoyenneté..).
Ainsi 4 heures d'EPS offriraient un temps plus long pour approfondir les connaissances transmises aux élèves, en multipliant la fréquence des séances, et donc leur rapprochement. Mais le syndicat souhaite aller plus loin et demande que les contenus soit également retravaillés. Les programmes actuels et les évaluations certificatives sont contestés car ils ne précisent pas ce qui doit être appris, avec une focale qui porte sur des compétences transversales (se respecter, travailler à être ensemble..) plus que sur des savoirs disciplinaires propres, affaiblis et en recul.
Pour le SNEP-FSU, il faut “redonner cœur au métier“, ce qui passe par les conditions d'exercice (notamment au travers des installations sportives), la formation et des recrutements. Benoit Hubert explique que cette mesure “va nécessiter des recrutements qui sont d'ores et déjà nécessaires“, alors qu'il chiffre à 771 le nombre de postes de professeurs d'EPS perdus sur le quinquennat. 14 988 emplois supplémentaires seraient nécessaires pour passer aux 4 heures de sport par semaine.
Le communiqué de la semaine de l'EPS sur le site du SNEP-FSU ici