Pour les 3/4 des personnels, l'institution ne serait pas prête pour une rentrée scolaire dans le contexte sanitaire actuel (SE-UNSA)
Paru dans Scolaire le mercredi 25 août 2021.
“Cette rentrée est marquée par l'inquiétude et l'usure, autant de par le contexte épidémique que politique“, déclarait ce matin Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat des enseignants des 1er et 2nd degrés (SE-UNSA) lors de sa conférence de rentrée 2021.
Il estime que ce métier de projets, fait d'échanges et d'interactions, a vu ses dimensions réduites depuis 18 mois, et que les enseignants sont loin de voir le bout du tunnel avec la présence du variant Delta. Dans un sondage de rentrée, réalisé auprès de 501 personnels adhérents du syndicat, c'est bien le stress, avant toute chose, qui à 26,4 % définit l'état d'esprit en vigueur (+ 2 points par rapport à l'an dernier). Un “petit moral professionnel“ décrit Stéphane Crochet, “accru par la relation des personnels avec leur ministre qui n'a pas su créer l'alliance nécessaire“.
L'alliance contre le Covid, le syndicat explique la demandait depuis déjà un an. Sans réponse et face aux quatre scénarii présentés par le ministère fin juillet (voir le protocole ici), le secrétaire général dénonce “le choix de la communication directe à l'opinion publique“ et redoute “que les mesures de niveau 2 ne soient pas suffisamment prudentes, notamment lors de la restauration scolaire“. Selon le sondage, 77 % des personnels intérrogés pensent que l'institution “n'est pas, ou plutôt pas prête“ pour une rentrée scolaire dans un contexte sanitaire dégradé.
Et si les personnels, selon les remontées du syndicat, seraient très massivement vaccinés (le chiffre de 80% non étayé par le ministère, lui semblant ainsi fort plausible), ceux-ci seraient “moins inquiets des conséquences pour eux-mêmes, mais plus en stress sur la façon dont cela va se passer dans plusieurs semaines“, si l'EPS ou les activités pédagogiques se voient restreintes.
D'ailleurs, Stéphane Crochet explique que “la profession a des inquiétudes pour les lycéens, car après toute une année en hybride, on ne sait pas comment on va les retrouver“, et ce sera un vrai défi pour certains élèves de retrouver les rythmes scolaires antécédents.
“Il ne faut pas trop espérer des plateformes virtuelles“ précise-t-il ensuite, la vie d'une classe étant constituée d'échanges entre pairs et avec les professeurs. Et si un élève cas contact doit rester à la maison, pour le syndicat il n'est pas possible de continuer à enseigner à sa classe, et de mettre en place ce qui a été fait lors des périodes de fermeture totale, à savoir l'enseignement à distance. Chez ces mêmes adolescents, le SE-UNSA trouve les discours globaux sur la vaccination rassurants et il pense que sa mise en place au collège et au lycée “peut être un outil de plus“.
Mais le syndicat regrette le manque d'équipements et de matériels pour l'aération, et que la demande de capteurs de CO2 et de purificateurs n'ait pas entraîné de contrat avec les entités territoriales.
Suite à une réunion des syndicats avec le ministère de l'éducation au sujet des mesures mises en place pour la rentrée autour des mesures mises en place pour lutter contre la pandémie, Elisabeth Allain-Moreno a rapporté les mots de ses interlocuteurs (dont Edouard Geffray, Directeur général de l'enseignement scolaire), qui voient dans leur préparation “pragmatisme, efficacité, rapidité et opérationnalisation“.
Selon Elisabeth Allain-Moreno, des décisions sont à venir sur une rentrée décalée aux Antilles. 20 fermetures d'écoles auraient déjà eu lieu à la Réunion. Au niveau des équipements, 300 000 masques inclusifs pour personnels seraient en cours de livraison, ainsi que d'autres non quantifiés pour les élèves. En fonction des taux de vaccination, des centres permanents, éphémères ou au sein des établissements permettront aux élèves éligibles de se faire vacciner. Au niveau des moyens humains, des équipes mobiles des différentes ARS assureront les actes médicaux, et un recrutement de médiateurs pour les tests ainsi que les déplacements et acheminements seraient prévus. Un éventuel appui financier pour le transport pourrait être attribué aux collectivités territoriales. Est également évoqué le recrutement de 700 AED sur les prochains mois pour gérer la vaccination des élèves.
Enfin, aucune réponse n'a été apportée à la question des stages des élèves en voie professionnelle, interdits sans pass sanitaire.