Pour le SNUIPP-FSU, la politique du ministère de l'Education “renforce les inégalités sociales“
Paru dans Scolaire le mardi 24 août 2021.
Outre la pandémie, le SNUIPP-FSU a consacré, ce 24 août, une large part de sa conférence de rentrée à la politique éducative menée par le gouvernement. Selon Guislaine David, co-secrétaire générale du syndicat FSU du premier degré, celle-ci “renforce les inégalités sociales“.
Le dédoublement des classes en éducation prioritaire est décrit comme une “fausse bonne idée“, la porte-parole demandant pourquoi ce choix de douze élèves, alors que le syndicat propose plutôt 20 élèves en éducation prioritaire et 25 hors EP. Elle évoque la “déconstruction de tout ce qui avait été fait auparavant“, prenant l'exemple du dispositif "plus de maîtres que de classes" qui aurait fait ses preuves.
Guislaine David regrette les “mesures annoncées dans la presse“ et le manque de concertation avec les enseignants de la part du ministre, une profession “crispée“ qui se sent contrôlée et à qui l'on dicterait une pédagogie officielle, avec notamment des “injonctions sur les méthodes de lecture qui ont vu le jour“ et des évaluations (surtout basées sur le décodage et la fluence) permettant “de les mettre au pas“.
“Les créations de postes n'auront permis de ne répondre qu'aux demandes du ministère“, explique-t-elle ensuite sur la question des moyens, l'école se situant pourtant dans un contexte de baisse démographique. Guislaine David insiste sur le caractère “problématique“ du manque d'enseignants spécialisés (RASED) et d'AESH alors qu'elle estime nécessaire d'avoir des équipes pluri-professionnelles pour faire fonctionner l'école. De plus, avec la crise, si les postes de remplacement sont essentiels (par exemple avec des enseignants atteints par le Covid, ndlr), la porte-parole explique qu'il n'y avait pas assez de candidats pour pourvoir les recrutements de contractuels l'an dernier.
Le SNUIPP-FSU a également effectué deux focus, sur la direction d'école et la question salariale, en particulier pour les AESH. Pour le co-secrétaire général Nicolas Wallet, la direction d'école “est un dossier qui illustre le fonctionnement d'un ministre qui agit par une volonté idéologique“. Il qualifie l'autorité fonctionnelle du directeur d'école d' “extrêmement négative“ et estime que le ministre “cherche à imposer une forme de rapport hiérarchique dans l'école“, évoquant la ligne rouge franchie par le ministère en juillet, avec une “volonté de passer en force face à la profession“ (voir ToutEduc ici).
Sur la question salariale, le co-secrétaire général Arnaud Malaisé a mis en avant le point d'indice gelé depuis 2010 (sauf en 2017) qui, couplé à une hausse de 12,3 % de l'inflation, conduit à une perte de pouvoir d'achat des enseignants. Il cite une étude de l'OCDE montrant que le salaire des enseignants français est très inférieur à celui moyen de l'Union Européenne (de 9 % en début de carrière et 23 % à 15 ans d'ancienneté), les inégalités salariales étant de plus de 10 % entre hommes et femmes. Ainsi selon lui, cela “renforce l'attente d'une revalorisation salariale“, et la grille doit être refondée.