L'Ecole et la formation professionnelle sont-elles compétentes pour évaluer les compétences ? (Cereq)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 27 juillet 2021.
Le socle commun, que tous les élèves sont supposés avoir acquis, comprend des connaissances et des compétences "transversales" qui se retrouvent "presque intégralement" dans les préambules des programmes des enseignements communs du lycée professionnel. Mais, s'interroge le CEREQ, sont-elles pour autant "formalisées, évaluées et validées" ? Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications a étudié la certification, dans la formation professionnelle française (initiale et continue, hors enseignement supérieur), de quatre des huit compétences transversales définies au niveau européen comme "nécessaires à l’éducation et la formation tout au long de la vie".
Premier constat, les compétences sont formulées dans les programmes "de manière à chaque fois singulière et parfois redondante" et "sous des catégories diverses : capacités, attitudes, compétences ou bien encore connaissances". Elles "peuvent être difficiles à repérer" du fait de "l’importance accordée dans l'enseignement français aux savoirs disciplinaires". C'est ainsi que l'épreuve de gestion appliquée de plusieurs brevets professionnels "porte essentiellement sur des savoirs relatifs à l’environnement économique, juridique et sur des notions de management" alors qu'elle est censée permettre d'évaluer l'esprit d'entreprise. D'autres compétences, comme "communiquer dans l’équipe de travail", ou "avec le client" sont évaluées "au sein d’épreuves qui réservent la part belle aux compétences techniques". Certaines "attitudes professionnelles" ne sont pas évaluées, "même si l'on reconnaît qu’elles sont nécessairement mobilisées en cours d’épreuve".
Pour pallier cette difficulté, "les partenaires sociaux se sont inspirés des divers socles existants (socle commun, première recommandation européenne sur les compétences clés...) pour élaborer le socle de compétences et de connaissances professionnelles (ou certificat CléA)", qui vise les compétences considérées comme les plus utiles "au premier rang desquelles figure l’apprendre à apprendre (...). Cependant, il est difficile de savoir comment le CléA, dispositif à la fois de formation et d’évaluation, est mis en œuvre" par les divers organismes habilités, d'autant que les référentiels ne précisent jamais "les situations dans lesquelles ces compétences peuvent être mobilisées ni évaluées, et restent axés sur les conduites à tenir au travail".
Les homologues du Céreq en Pologne, Autriche, Norvège, Slovaquie et Lettonie, réunis dans le cadre du projet européen Track-Vet constatent "des difficultés similaires" dans leurs pays respectifs. Les acteurs qu'ont interrogés les auteures du "Bref", Catherine Galli et Josiane Paddeu, soulignent "la complexité soulevée par la mise en place d’une évaluation (des) compétences transversales". Mais elles notent aussi l'existence de "dispositifs transdisciplinaires dédiés aux compétences transversales" et développés en marge des programmes scolaires, comme les mini-entreprises, les "cercles de parole", les divers parcours éducatifs (Santé, Citoyen, Avenir, Education artistique et culturelle) ou les interventions de la MLDS (Mission de lutte contre le décrochage scolaire). Certaines expérimentations portent sur des modalités d’évaluation qui semblent adaptées à des compétences transversales. "C'est le cas de méthodes d’auto-évaluation fondées sur des livrets, dossiers personnels, portfolios élaborés par les candidats, leur permettant de prendre conscience de leurs acquis et de les rendre visibles. La mise en œuvre d’une pédagogie par projets peut être également évoquée pour la France et l’Autriche."
L'étude du CEREQ ici