Lycées : il faudrait réformer la réforme (Assemblée nationale)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 23 juillet 2021.
"Étudier la possibilité de maintenir trois spécialités pour les élèves de terminale", "Mieux faire connaitre l’offre en enseignements de spécialité du CNED", "Reporter autant que possible après le mois de mars les évaluations communes de terminale" et "Clarifier les attendus de l’enseignement supérieur sur les choix des spécialités", telles sont les principales des dix recommandations de "la mission Flash" de l'Assemblée nationale "sur les spécialités en terminale dans le cadre de la réforme du baccalauréat" dont les co-rapporteurs sont Bertrand Bouyx (La République en Marche) et Agnès Thill (UDI et Indépendants).
Ceux-ci font remarquer que 2,6 % des établissements offraient à la dernière rentrée scolaire les onze spécialités aux élèves de première et que 90 % des établissements en proposaient au moins sept. Ils ajoutent que la réforme à "considérablement complexifié" l’organisation des emplois du temps des élèves et des services des enseignants". Ils suggèrent d'ailleurs de limiter le choix à vingt-quatre triplettes par lycée. Ils constatent que "tous les établissements ne jou(ent) pas le jeu de la réforme. Les établissements les plus élitistes qui sont des viviers pour les classes préparatoires ont tendance à inciter les élèves à conserver les spécialités emblématiques des anciennes filières générales."
Ils constatent également que très peu d'élèves utilisent les possibilités offertes pour suivre un enseignement qui n'est pas proposé dans leur lycée. Ils suggèrent, pour pallier cette difficulté, d' "organiser le suivi de l’enseignement en distanciel mais à condition que l’élève y soit accompagné dans son établissement de rattachement (heures dédiées dans l’emploi du temps, présence de personnel voire d’enseignant pour un meilleur suivi pédagogique, matériel à disposition)."
En terminale, "l’élimination de la troisième spécialité a tendance à recentrer les choix sur les spécialités classiques, qui constituaient le socle des filières S et ES" et si "les élèves restent fidèles aux enseignements artistiques les plus rares quand ils ont été choisis en première", ce n'est pas le cas du latin et du grec qui sont "délaissés par 60 % des élèves", ni de la spécialité HLP (humanités, littérature et philosophie)". Il semble bien "que les élèves se permettent des choix hétéroclites en première mais qu’ils viennent à des choix plus classiques en terminale et ceci est encore plus vrai s’ils sont issus de classes sociales favorisées".
Les deux co-rapporteurs attirent aussi l'attention sur le fait que 41 % des élèves ne font plus de mathématiques en terminale et sur l'inquiétude des élèves de première "de voir des portes se fermer dans le supérieur en renonçant à la troisième spécialité". Ils proposent donc de conserver trois spécialités en terminale.
S'agissant de la réforme du baccalauréat et de la place donnée au contrôle continu, ils sont très réservés, se faisant l'écho des "craintes quant à une pression sur les enseignants, comme sur les élèves". Quant aux épreuves terminales pour les deux enseignements de spécialité choisis en terminale, ils estiment qu'il "convient a minima de reporter ces épreuves après le mois de mars".
En ce qui concerne l'orientation, ils considèrent que les élèves ont "un grand besoin d’accompagnement", mais ils ajoutent que "l’accompagnement à l’orientation n’est pas le cœur de métier des enseignants" et que "la place des psychologues de l’éducation nationale chargés de l’orientation (PsyEN, anciennement CoPsy) est trop limitée". Il faudrait aussi "clarifier les attendus de chaque formation en matière de choix de spécialités via Parcoursup".
Le site de l'Assemblée nationale ici