Hausse de 20% des saisines de la médiatrice de l'EN en 2020 (rapport)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 20 juillet 2021.
Une année 2020 particulière, dans une tendance de fond. La médiatrice de l'Education nationale a fait état ce 20 juillet de 18 800 saisines traitées en 2020 par le service, soit 18% de plus que l'année précédente. Un nombre en constante augmentation, jusque-ici d'environ 4 à 5 % par an, et qui a même doublé en une dizaine d'années. “Il n'y a pas davantage de difficultés, mais les personnes expriment plus leurs problèmes, elles nous connaissent plus, et nous obtenons un résultat (à 80% selon le rapport) ce qui se sait de plus en plus, estime Catherine Becchetti-Bizot dans la présentation de son rapport annuel, qui précise : On a été les seuls à répondre pendant la crise, alors que les personnels du ministère de l'EN étaient en grande difficulté“.
La “saisine“, ou demande de médiation entre administration et personnels (par exemple un enseignant) ou usagers (comme une famille ou un élève), existe depuis 21 ans au sein de l'Education Nationale. Elle consiste en une demande d’explication ou une contestation de décision, et la réponse s'appuie sur un réseau de 64 médiateurs académiques, retraités bénévoles et anciens cadres de l'enseignement supérieur. La médiatrice explique qu' “en réalité ils ont travaillé à plein temps toute l'année“, celle-ci ayant été particulièrement difficile en raison de la pandémie. Elle indique que les publics défavorisés, les plus en difficulté, ont été les plus touchés, avec notamment des difficultés psychologiques nées de la contrainte sanitaire, comme avec le port du masque. En 2020, 80% des saisines ont été le cas d'usagers.
Le rapport se fait également l'écho d'appels à l'aide, de demandes d'information de personnels “perdus, n'arrivant pas à suivre toutes les mesures prises en urgence par l'administration“, et fait état de certains personnels qui se sont sentis mis à l'écart et isolés, avec peu de répondant de la part de l'administration. Un sentiment de déshumanisation “accru en raison de la dématérialisation“ a aussi été ressenti dans un certain nombre de saisines.
Ainsi, et afin de “mettre l'humain au centre des préoccupations“, Catherine Becchetti-Bizot a intitulé son rapport “Favoriser le bien-être pour la réussite de chacun“. Elle évoque entre autres la question de la rupture conventionnelle, abordée par des enseignants et personnels, et constate que “le traitement de ces dossiers est très lent, il y a une approche purement budgétaire de l'administration“. Elle considère d'ailleurs difficile de faire entrer la culture de la conciliation au sein de l'administration, même si “tout est sur l'étagère de l'Education nationale“. Elle reconnaît la difficulté pour le ministère de devoir traiter des questions en grande masse, impliquant d'avoir des règles, des cadres, et où la loi du plus grand nombre prime sur l'individu et ses réclamations individuelles.
La médiatrice a souligné la question de la rémunération chez les personnels qui devance cette année celle de la mobilité. Mais elle considère que “symboliquement la question financière fait écho à d'autres problématiques“, qu'elle cristallise l'opinion notamment chez les personnels non-titulaires. Par ailleurs, le temps de l'administration à faire évoluer des situations a été exposé, avec en 2020 (et en 2021, ndlr) de nombreuses réclamations de familles concernant le problème des aménagements pour les élèves porteurs de handicap lors des examens.
“Nous avons besoin de plus de médecins, d'infirmières de psychologues“ : est enfin évoquée une insuffisance de moyens humains notable. Catherine Becchetti-Bizot parle d'engagements pris par l'administration au Grenelle de l'Education avec une “prise de conscience du manque d'intermédiaires et de personnels médico-sociaux“. Pour elle, ces fonctions demandent à être développées pour faire face au manque d'attractivité, et ce malgré un énorme effort de recrutement (par exemple de médecins) en ce sens.
Le rapport 2020 de la médiatrice ici