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Le SMA fête ses 60 ans sur les Champs-Elysées

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 13 juillet 2021.

Sourire aux lèvres, tenue militaire impeccable, Mathilde Gilboire est fin prête pour le défilé du 14 juillet. “Je ne pensais pas être ici aujourd'hui, ça fait bizarre, on se sent un peu exceptionnels en fait parce que dans ma famille je suis la seule fille qui est allée au SMA, je suis la seule fille qui défile au 14 juillet du coup je les rends fiers et ça me rend heureuse de pouvoir représenter mon île, les filles de ma famille et mon équipe“, explique la jeune fille de 19 ans venue de l'île de la Réunion, rencontrée à l'occasion de l'inauguration de l'exposition “Ces héros venus d’Outre-Mer 1939-1945“ en ce début de semaine.

Tout comme une cinquantaine d'engagés au Service Militaire Adapté, un dispositif mis en place par le général Jean Némo en 1961 et désormais déployé sur 7 DROM-COM (départements, régions et collectivités d'Outre-Mer), Mathilde a été invitée à participer à la parade militaire du 14 juillet. Incorporée au SMA le 2 septembre 2019 en tant que secrétaire comptable avec un contrat renouvelable quatre fois, elle raconte : “Ça m'a apporté beaucoup de maturité, parce qu'avant j'étais restée dans l'enfance, et cela m'a aidée à forger mon caractère suite à mon harcèlement scolaire, et ça m'a aidée aussi à me recentrer sur moi-même, à me remettre en question quand ça ne va pas, et à grandir tout simplement.“

“C'est un dispositif qui marche fort, indispensable sur les territoires d'Outre-Mer“, commente Delsol Chrysante, 32 ans, formateur appartenant à la cinquième compagnie de formation professionnelle de Saint-Denis de La Réunion, pour qui cela représente “la dernière porte pour certains jeunes de pouvoir s'insérer dans la vie professionnelle, mais surtout cette vie sociale, cette vie à laquelle tous les jeunes ont droit et qui pour eux a été fermée à un moment de leur vie“.

Outil d'insertion socio-professionnel à destination des jeunes ultra-marins de 16 à 25 ans les plus éloignés du marché de l'emploi -appelés plus communément “décrocheurs“-, le SMA dispense environ 50 formations professionnelles dans tous les corps de métier (BTP, hôtellerie, service, tourisme..), d'une durée de six mois à un an, avec des visées d'emploi local. Pour le capitaine Gabriel Gagnot, officier à l'Etat Major du SMA, la particularité du SMA “est de proposer des formations qui sont très intégrées, c'est à dire que vous allez à la fois apprendre un métier, recevoir une formation citoyenne, une formation militaire -succincte mais importante,- ce qui fait un peu la spécificité de notre produit, vous allez aussi passer votre permis de conduire et vous allez avec l'appui de professeurs de l'Education nationale passer par exemple le certificat de formation générale qui est le tout premier diplôme pour ceux qui n'en ont pas“.

Maurau Heilani, Tahitienne agent de restauration, sera elle remplaçante lors du défilé. Elle évoque un “rêve réalisé“, celui de venir en métropole pour la première fois. Au sujet de son SMA, qui prend fin dans deux mois, elle confie qu' “au début c'était dur. Mais au fil des jours ça va beaucoup mieux“, énumérant “le sport, le réveil du matin, la ponctualité, les TIG, ça c'est ce qu'on appelle faire les tâches ménagères“ (rires). Mais surtout, elle raconte avoir “appris à faire beaucoup de choses en cuisine, et plus en pâtisserie parce que c'est mon domaine“. Delsol Chrysante considère comme majeur ce rôle de l'armée sur le terrain, car “les stagiaires ont besoin, quand ils arrivent, d'être encadrés, qu'on leur dise quand ils ne prennent pas forcément le bon chemin, ils ont besoin d'autorité parce que souvent c'est ce qui a pêché dans leur famille et ils viennent surtout chercher cet encadrement militaire“.

Un savoir-faire auprès des jeunes et de l'Outre-Mer confirmé par le Capitaine Gabriel Gagnot, qui indique que “le ministère des armées détache un certain nombre de cadres au profit du ministère des Outre-Mer pour proposer une action sociale au profit de nos jeunes d'outre-Mer“. Ainsi en 2020, pour un budget de 71 millions d'Euros (hors masse salariale), le Service Militaire Adapté a accueilli 6 000 stagiaires volontaires et revendique un taux d'insertion de 76,2 %, alors que le chômage représenterait 60 % chez les 18-26 ans ciblés. Le capitaine poursuit : “On s'est rendu compte que notre projet éducatif devait être beaucoup plus individualisé pour être plus performant. Aujourd'hui on veut faire des bilans initiaux à l'entrée des jeunes au SMA pour leur proposer un parcours individualisé qui s'adapte à leurs forces et à leurs faiblesses, dans le but de les compenser et d'améliorer leurs forces. Ce parcours va leur permettre d'acquérir des qualifications, des compétences qui seront évaluées en fin de formation et qu'ils pourront justifier sur le marché de l'emploi.“

Si le projet du SMA pour 2025 insiste sur “la qualité de l’offre“ et sur “un élargissement des partenariats“, aussi bien sectoriels que géographiques, Gabriel Gagnot tempère sur son rôle : “la solution SMA ne convient pas à tout le monde. Il faut être très clair là-dessus, le SMA est une niche qui correspond aux profils de 6000 jeunes par an dans tout l'Outre-Mer français. Notre volonté ce n'est pas du tout de remplacer l'Education nationale ou d'autres structures de formation, c'est juste d'apporter quelque chose de différent, quelque chose en plus qui correspondra à une population bien particulière, et nous on travaille sur nos points forts, d'autre structures ont d'autres points forts et d'autres points faibles, mais il y a de la place pour tout le monde au profit des jeunes d'Outre-Mer et de toute la France.“

 

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