Pour J-M Blanquer, les réseaux sociaux ne vont pas assez loin dans la protection contre le cyberharcèlement
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le mercredi 07 juillet 2021.
“Si on est capable de censurer Donald Trump, on doit être capable de censurer le harceleur du coin“, estime J-M Blanquer qui était entendu au Sénat au sujet de la responsabilité des réseaux sociaux dans les affaires de cyberharcèlement.
Répondant à une question d'Hussein Bourgi qui considère que ces derniers minorent leur rôle et se défaussent de leurs obligations, le ministre de l'Education a donné raison au sénateur et affirmé avoir “l'intention de prendre des nouvelles initiatives en la matière de façon à ce que les responsables de réseaux sociaux ne se considèrent pas comme des responsables de tuyaux“ et de faire en sorte, avec des “évolutions juridiques (qui) doivent aller dans cette direction“, de conduire à “la responsabilisation de chacun, notamment dans la réactivité et dans la capacité à consacrer des moyens à la lutte contre le cyberharcèlement“.
Auditionné ce 7 juillet dans le cadre de la mission d'information consacrée au harcèlement à l'école et au cyberharcèlement, J-M Blanquer a rappelé les mesures mises en place depuis 2017 (comme l'interdiction du téléphone portable au collège), évoquant pour le harcèlement “des premières réussites importantes, nous le faisons reculer, les premiers indicateurs sont encourageants“, citant une baisse de 5,6 % selon des chiffres du service statistique de l'EN pour 2018. Il a cependant reconnu un cyberharcèlement “qui ne recule pas“, parlant alors d'échecs ou d'insuffisances en la matière.
Il a également évoqué le programme PHARE (voir ici) et le “carré régalien“, ensemble de mesures pour l'école qui prendront effet à la rentrée 2021 et dont le harcèlement et le cyberharcèlement font partie. Ce programme est destinés à éviter les “angles morts“, où tous les sujets peuvent être “vus et biens vus“. Face à ces propos, la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier a parlé d'un “sentiment d'empilement“ de mesures, voire de “tonneau des danaïdes“ alors que le cyberharcèlement est en augmentation. Le ministre de l'éducation a trouvé ce jugement “injuste“, soulignant des mesures “articulées les unes avec les autres“ et prenant en exemple les “résultats probants“ de l'expérimentation du programme PHARE ayant conduits à sa future généralisation.
J-M Blanquer a par ailleurs souligné “la nécessité de créer des relations fluides parents et école“, devoir “travailler sur la parole des parents“, indiquant que “c'est tout un mode de relation que l'on doit inventer mais qui ne va pas dans un seul sens“, avec selon lui des “parents (qui) ont du mal parfois à entendre que leur enfant est harceleur“.
La question des données en matière de harcèlement et de cyberharcèlement l'a conduit à considérer que “dans le passé le phénomène n'a pas été assez bien mesuré, la question est celle de la finesse de notre information“, ce qu'il souhaite évaluer à travers le Conseil d'évaluation de l'école qui traiterait le domaine du “climat scolaire“.
Enfin, le ministre a déclaré que “désormais aussi bien dans la formation des futurs professeurs que dans la formation continue des professeurs, des personnels que dans la formation des élèves eux-mêmes, la lutte contre le harcèlement est inscrite et fait partie de la stratégie suivie“.
La vidéo de l'audition ici