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L'apprentissage de la natation chez les collégiens, symbole des inégalités à la française (INJEP)

Paru dans Scolaire le mardi 08 juin 2021.

“Les noyades constituent la première cause de décès par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans“, explique l'INJEP dans sa dernière note consacrée à la maîtrise de la natation chez les collégiens. Ainsi, selon une circulaire de 2017, “apprendre à nager est une priorité nationale“ devant se construire prioritairement du cours préparatoire à la classe de sixième.

Résultat, 94 % des collégiens déclarent savoir nager à 13-14 ans. Une maîtrise importante mais relative, car elle apparaît de façon très inégale selon le milieu social, la durée des départs en vacances d’été ou encore l’origine. Trois items qui montrent des écarts forts dans le niveau de pratique de la natation, et “sont liés entre eux“ selon l'INJEP, qui précise : “la durée des vacances n’est pas indépendante du niveau de revenu des parents et les descendants d’immigrés appartiennent massivement aux milieux sociaux les plus défavorisés."

Ainsi la maîtrise de la natation fluctue sensiblement avec la situation familiale, expose l'INJEP, qui ajoute qu'elle “est d’autant plus forte que les collégiens partent longtemps en vacances et que leur famille dispose de revenus élevés“. Ainsi, 86 % des enfants de cadres et de chefs d’entreprise seraient des bons nageurs contre seulement 61 % des enfants d’ouvriers non qualifiés, et 54 % des enfants d’inactifs. A l'inverse, la part de non-nageurs distinguerait aussi d'un côté les enfants d’ouvriers non qualifiés et d’inactifs (respectivement 13 % et 15 %), alors que seulement 2 % des enfants de cadres et de chefs d’entreprise ne savent pas nager.

Pour l'INJEP, “ces fortes inégalités sociales reflètent à la fois des différences de capital culturel et de ressources financières“. En effet, la proportion de bons nageurs atteint 82 % parmi les collégiens dont l’un des parents est diplômé de l’enseignement supérieur, mais n’est plus que de 55 % quand les deux parents sont sans diplôme.

Par ailleurs, la maîtrise de la natation s’accroît au fur et à mesure que les revenus de la famille s’élèvent. Ainsi, 90 % des collégiens dont les parents gagnent 6 000 € ou plus déclarent savoir bien nager, et seulement 1,5 % d’entre eux ne pas savoir nager. En revanche, seuls 61 % des collégiens dont les parents ont un revenu inférieur à 1 200 € sont bons nageurs, et 12 % ne savent pas nager.

“De tels écarts peuvent être mis en relation avec le fait que les collégiens appartenant aux milieux sociaux les plus aisés partent plus longtemps en vacances que les autres élèves.“, selon l'analyse de l'INJEP. Pour rappel, selon une analyse de la DGE réalisée en 2015 pour le ministère de l'économie (ici), “moins d’un français sur deux est parti au moins une semaine l’été“ (46,2%).

L'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire explique que “la maîtrise de la natation s’accroît au fur et à mesure que la durée des séjours pendant les vacances d’été s’élève“ au regard des 82 % des élèves partis plus de trente jours qui savent bien nager, contre seulement 55 % de ceux partis moins de quatre jours. Commune aux autres sports mais particulièrement marquée dans le cas de la natation, cette tendance “peut s’expliquer par le fait que cette activité est souvent pratiquée lors des vacances d’été, notamment en bord de mer“.

Dernier point, pour l'INJEP, “les collégiens dont au moins un parent est immigré ont une moins bonne maîtrise de la natation“. Par exemple, la part de bons nageurs s’élève à 78 % pour les garçons et 74 % pour les filles quand aucun des parents n’est immigré, alors que 51 % des garçons et 46 % des filles savent bien nager quand l'un de leurs parents est immigré d'Afrique subsaharienne. A noter, parmi les descendants d’immigrés originaires de Turquie, une très grande disparité entre la maîtrise de la natation des garçons et des filles. Près de 70 % des garçons seraient de bons nageurs, ce qui ne serait le cas que pour 43 % des filles.

Pour finir, la note estime, au total, à 73 % les collégiens qui peuvent être considérés comme de bons nageurs, à savoir capables d’accomplir plus de 50 mètres ou de nager plus de deux minutes d’affilée. Un élève sur cinq n’arrive pas à dépasser, dans les mêmes conditions, la distance minimum de 30 mètres. 6 % d’élèves ne savent pas nager.

Avec seulement 11 % des collégiens de 13 ou 14 ans qui pratiquent la natation en dehors des cours d’EPS obligatoires, les compétences déclarées ne sont que rarement entretenues par une pratique régulière pendant les loisirs. Cette situation “pourrait refléter un rapport à la natation différent de celui des adultes : la natation serait plus considérée comme une activité ludique permettant de passer de bons moments avec les copains que comme une discipline sportive dont la pratique régulière concourt à l’entretien de la forme physique“ explique l'INJEP.

La note de l'INJEP ici

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