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Livret de parcours inclusif : les enseignants satisfaits de la pertinence des ressources, les MDPH de l'accélération de l'élaboration des PPS

Paru dans Scolaire le mardi 08 juin 2021.

Annoncé l'an passé, le Livret de parcours inclusif (LPI) a été expérimenté à l'automne 2020 dans 10 écoles maternelles et élémentaires, 4 collèges, 3 lycées généraux et technologiques et 4 lycées professionnels du Calvados, de Charente-Maritime, de Mayenne et du Vaucluse, concernant au total 75 professionnels de l'Éducation nationale (chefs d'établissements ou adjoints, professeurs du 1er ou 2nd degré, inspecteurs …) et 17 professionnels des MDPH . Ce système d'information numérique dédié au suivi des élèves à besoins éducatifs particuliers ou en situation de handicap, développé par la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) et le ministère de l'Éducation nationale, vise à faciliter la mise en place rapide et effective des aménagements et adaptations, dès l'identification d'un besoin éducatif particulier par l'enseignant, via la fluidification des échanges d'informations et en donnant accès à une banque de données recensant des aménagements pédagogiques et adaptations mobilisables. Un déploiement est programmé dès la rentrée prochaine, avant une généralisation progressive dans tous les établissements. Le point avec Jean-Michel Lamiaux de la direction de la compensation à la CNSA.

ToutEduc : Comment se présente cet outil numérique ?

Jean-Michel Lamiaux : Le livret de parcours inclusif prend la forme d'un portail (qui existe aussi en version mobile). L'utilisateur premier est l'enseignant. Dès lors qu'il détectera un besoin éducatif particulier, il pourra le noter dans ce livret et avoir accès immédiatement à une palette d'aménagements pédagogiques possibles ou de plans pour y répondre : recours à des adaptations si l'on n'a pas besoin de recourir à des dispositifs formalisés, organisation d'un PPRE (Programme personnalisé de réussite éducative), lancement d'un plan d'accompagnement personnalisé (PAP) ou d'un projet personnalisé de scolarisation (PPS)... Dès lors que sera envisagé un PPS, par exemple, les acteurs concernés, partageront plus rapidement leurs informations sur ce même portail : le médecin scolaire pourra y formuler son avis, les équipes éducatives des établissements pourront y remplir directement les formulaires Geva-Sco à destination des MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), informations concernant par exemple l'autonomie de l'enfant (dans ses déplacements, ses relations, les tâches à faire...), formulaire qui sert ensuite à la MDPH pour évaluer les besoins de l'élève en situation de handicap (besoins en matériel adapté, aménagements pédagogiques, aide humaine...). Formulaire auquel l'enseignant référent pourra accéder directement, enseignant qui pourra aussi sur ce portail faire des bilans de situation.

ToutEduc : Pourquoi centraliser ces démarches sur un portail unique et n'y a-t-il pas un risque que des informations soient visibles lorsqu'elles ne devront pas l'être ?

Jean-Michel Lamiaux : Le premier intérêt est que ce portail vient fluidifier tous les échanges des acteurs concernés. Il va permettre une accélération et un meilleur partage de l'information. Mais ce partage est encadré. Par exemple, quand le Geva-Sco est rempli, c'est la famille qui décide de le communiquer et pour ce faire, elle communique le n° de LPI à la MDPH qui peut le consulter et élaborer le PPS. De la même manière, la MDPH peut alors porter sur ce LPI ses décisions (attribution d'aide humaine, Ulis, etc.).

ToutEduc : N'existe-t-il pas des risques de résistances concernant ce partage d'informations de la part d'acteurs relevant d'institutions différentes ?

Jean-Michel Lamiaux : De fait, au travers du Geva-Sco, s'est déjà instaurée une habitude de transfert des informations depuis 2015. Celui-ci a permis de proposer une trame, de structurer ce partage d'informations. Mais évidemment, lorsque nous avons développé ce système d'information, l'enjeu de la sensibilité des informations recueillies s'est posé. Nous avons structuré l'outil de façon à ce que chacun n'accède qu'à l'information qui le concerne. Et l'expérimentation s'est déroulée sur la base de données fictives ou anonymisées, mais il y aura un décret avant la rentrée pour autoriser ce partage d'informations.

ToutEduc : Si vous ouvrez l'outil dès la rentrée prochaine, c'est que l'expérimentation a été concluante. Qu'est-ce qui en est ressorti ?

Jean-Michel Lamiaux : De nombreux points positifs ont été remontés par les enseignants notamment. D'abord le fait que l'interface soit claire, lisible et simple d'utilisation. D'ailleurs, nous avons cherché à alléger la dimension administrative, donc à limiter les saisies, en interconnectant des bases qui nous permettent de rapatrier des informations déjà existantes, tout comme nous avons cherché à rendre l'utilisation la plus intuitive possible. Les enseignants ont souligné la pertinence de la gradation des aménagements possibles et une meilleure visibilité sur les PAP et PPRE. Ont aussi été appréciés la dimension de guidage de l'application, qui amène notamment les enseignants à se poser les bonnes questions, la traçabilité des documents et la possibilité de les historiser, le fait que l'on puisse partager entre collègues et la potentialité que l'on puisse continuer de suivre même en cas de déménagement. Du côté des MDPH, on souligne l'accélération des processus et la simplification de l'élaboration des PAP.

ToutEduc : La suite, c'est quoi ?

Jean-Michel Lamiaux : Le développement d'une interface dédiée aux familles. Celle-ci avait été actée par le groupe de suivi opérationnel composé de représentants de l'Éducation nationale, de la MDPH et des associations, dès le lancement des travaux concernant le LPI, mais nous avions convenu, par pragmatisme, de déployer celui-ci par améliorations successives. Les familles ont déjà la possibilité, dans la majorité des départements, de recourir à un téléservice de suivi des demandes et décisions, là, l'enjeu est de faire remonter, avec elles, l'expression des besoins pour développer cette interface. Et le déploiement du LPI va commencer à la rentrée prochaine dans les 4 académies des territoires expérimentateurs, selon une stratégie de déploiement que nous sommes en train d'affiner avec le ministère.

Propos recueillis par Camille Pons

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