Les RASED font de la résistance (colloque de la FNAREN)
Paru dans Scolaire le vendredi 04 juin 2021.
"Le succès du colloque a dépassé nos espérances", déclarent à ToutEduc les responsables de la FNAREN (la fédération des enseignants spécialisés dans l'aide à dominante rééducative-relationnelle qui travaillent au sein des RASED, les réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté, ndlr). " Nous nous demandions si nous n'étions pas trop ambitieux, nous proposions 3 jours en 'visio', donc derrière les écrans, avec des conférences dont certaines duraient trois heures... Et nous avons eu des retours très positifs. Dans certains départements, les adhérents se sont même rassemblés pour suivre ensemble les conférences et débats, organiser de mini-colloques. Il fallait répondre d'urgence au besoin de la profession de se retrouver."
Les responsables de la FNAREN dressent pour ToutEduc le bilan de ce colloque qui a mobilisé quelque 750 personnes, pour l'essentiel des "maîtres G" mais aussi des "maîtres E" (leurs collègues spécialisés dans l'aide à dominante pédagogique), des psychologues de l'Education nationale et des professionnels de la relation d'aide extérieurs à l'Education nationale.
Ils décrivent une profession en souffrance mais qui résiste et ils estiment assister à "un rebond", au vu de la mobilisation constatée pendant ce colloque. Ils se considèrent mal traités par l'institution, même s'ils notent des différences sensibles selon les académies et les départements. Ils avaient déjà dénoncé, lors de la réforme leur formation en 2017, par la création du CAPPEI (le diplôme qui la sanctionne et qui remplaçait le CAPA-SH), la perte de contenus de formation. Ils estiment que le CAPPEI connaît depuis une perte de substance telle que beaucoup abandonnent ou n'obtiennent pas le diplôme. En Isère, un exemple parmi d'autres, sur les sept professeurs des écoles partis en formation en 2019 (de maître E ou G), aucun n'a obtenu la qualification.
De plus, quelque 80 postes de maîtres E et G ont été supprimés l'an dernier. Trop souvent, les enseignants spécialisés sont détournés de leurs missions ; on leur demande, sous prétexte d'efficacité, de remplacer l'aide directe apportée aux élèves par une aide indirecte apportée à leurs collègues non spécialisés. Et surtout, la FNAREN dénonce une logique d'externalisation du traitement de la difficulté scolaire considérée comme un trouble et médicalisé. Elle dénonce également la mise en place de "protocoles" pour chacune des difficultés d'apprentissage, donc de réponses toutes faites qui ne tiennent pas compte de la singularité des situations, surtout si sont envoyées dans les écoles, pour pallier le manque de RASED, des "équipes mobiles d'appui" qui interviennent ponctuellement, sans connaître la réalité locale....
Le congrès qui rassemble chaque année les adhérents de la FNAREN a dû, une fois encore, être reporté en 2022, du 1er au 4 juin à Blois, et le conseil d'administration de la fédération a jugé nécessaire de susciter dès cette année un évènement qui rassemble la profession. Le bureau national regrette une baisse récente du nombre d'adhésions du fait des départs en retraite, des postes non remplacés, mais aussi de l'absence de liens avec les INSPE, donc avec les nouvelles recrues. Et surtout, le succès du colloque lui a donné raison, estime-t-il. "Nous avions besoin de 'faire fédération', de réaffirmer ce qui fait notre identité professionnelle, de nous retrouver."
Le colloque a aussi été l'occasion de l'assemblée générale annuelle. La présidente, Laurence Fourtouil ainsi que Marie-Odile Pousset et Florence Gayerie arrivent au bout de leur mandat et le bureau renouvelé annoncera prochainement sa composition.