Grenelle de l'éducation, les réactions de la FSU, du SNES, du SNALC, du SE-UNSA, du SGEN-CFDT
Paru dans Scolaire le jeudi 27 mai 2021.
"Grenelle de l'Éducation : encore des mots…", cette formule, en tête du communiqué de la FSU résume le sentiment de plusieurs organisations syndicales au lendemain des annonces de Jean-Michel Blanquer qui concluait, hier 26 mai, ce dispositif d'élaboration de perspectives pour l'Education nationale.
Pour la FSU, les mesures annoncées "sont loin d’être à la hauteur de la 'revalorisation historique' promise par le ministre depuis des mois", d'autant qu'elles ne sont accompagnées d' "aucune garantie pour les années à venir", faute d'une loi de programmation pluriannuelle. De plus, la revalorisation annoncée ne concerne pas "tous les personnels". Pour le SNES, "en dehors d’une légère amélioration sur les promotions pour les milieux et fins de carrière, rien de concret n’est annoncé pour la majorité des personnels". Le syndicat du 2nd degré s'inquiète en outre de "la perspective de développement de hiérarchies intermédiaires en appui des personnels de direction, ou pour harmoniser les pratiques de contrôle continu" qui "laisse présager d’une dénaturation profonde de nos métiers".
Le SNALC dénonce lui aussi l'absence d'une loi de programmation. Interrogé par ToutEduc, son président, Jean-Rémi Girard, y voit "un renoncement", "un enterrement". Cette loi "aurait pu poser des principes, et le débat parlementaire aurait permis à chaque groupe politique de prendre position sur la revalorisation, et donc de dire ce qu'il compterait faire en cas d'alternance". De plus, pour le syndicat des lycées et collèges, "toute tentative de transformation du métier, comme elle a pu être évoquée par exemple dans la conférence sur le professeur du XXIe siècle, sera accueillie par les collègues comme une agression caractérisée". D'autres annonces le laissent sceptique. Ainsi de l'amélioration du remplacement "quand on supprime des postes" : "si c'est pour mettre les élèves devant un programme de Lumni avec un AED pour les surveiller, on sera au niveau 0 de la pédagogie." De même les annonces sur la formation continue restent "dans le flou" et ne convainquent pas le responsable syndical qui estime malgré tout que "certaines propositions (...) peuvent mériter qu'on s'y attarde, par exemple sur la protection fonctionnelle, sur le parc immobilier, sur la médecine du travail, sur l'aide aux directrices et directeurs, sur l'équipement dans nos écoles et établissements…"
Le SE-UNSA trouve également, mais de façon plus positive, qu'il y a "du grain à moudre" pour "la phase de discussions qui s’ouvre" et il liste : "possibilité d’élargir le nombre des bénéficiaires de la prime d’attractivité, poursuite de l’amélioration des nombres de promotions à la hors-classe et élargissement des conditions d’accès à la classe exceptionnelle, augmentation de la rémunération des AESH, amélioration de la rémunération des directrices et des directeurs et de leurs conditions d’exercice ainsi que celles des formateurs et des conseillers pédagogiques." Mais il voit aussi "des chiffons rouges à éviter comme la tentation idéologique de la rémunération au mérite ou d’un accroissement des obligations de service".
Quant au SGEN-CFDT, il voit dans les annonces d'hier "une étape dans un processus qui est toujours en cours d’élaboration". Interrogée par ToutEduc, Catherine Nave-Bekhti ajoute : "on va pouvoir reprendre les discussions" après qu'un certain nombre d'hypothèques ont été levées, en particulier pour la mesure gouvernementale de prise en charge de la complémentaire santé dont l'organisation syndicale pouvait craindre qu'elle ne soit financée sur les "400 millions". Même ainsi, l'absence de perspective pluriannuelle complique les débats, "nous avons les deux premières marches de l'escalier, poursuit la secrétaire générale, mais nous ne savons pas où il va. Et même si chaque année d'ici 2025, quelque 500 M€ supplémentaires sont prévus pour améliorer les rémunérations, cela ne suffira pas pour épuiser toutes nos revendications salariales. Certes, il s'agit de sommes énormes, mais pour le seul service public (avec la santé) qui soit ainsi implanté sur tout le territoire, et pour lequel les machines ne remplaceront jamais les humains."
Beaucoup des annonces n'étaient-elles pas déjà dans le paysage ? "Effectivement, mais on sait maintenant, par exemple, que le ministère souhaite doubler le budget d'action sociale, même si on ne sait pas à quelle échéance. Certaines mesures changent de nature. Le 'pass éducation' était un outil de travail, facilitant la préparation d'une sortie avec les élèves, il devient un outil d'action sociale et d'accès aux ressources culturelles pour tous les personnels. D'autres mesures sont du pur habillage, comme ce 'carré régalien' qui donne un nom à ce qui existait déjà. Les 'écoles de formation académique' donnent le sentiment d'une forme de défiance à l'égard de l'Université et des INSPE, et d'une volonté de reprise en main de la formation continue. Nous attendons également du dialogue social qu'il apporte des réponses à certaines questions, l'administration voudrait augmenter le nombre des 'postes à profil', mais elle a été incapable jusqu'à présent d'expliquer en quoi ils améliorent la situation, alors qu'ils ne sont pas toujours pourvus..."
Pour le SGEN-CFDT, cette reprise du dialogue ne vaut ni accord, ni désaccord a priori, même si, sur certaines "lignes rouges", "les choses ont déjà évolué depuis mars 2020, dans le bon sens". D'autres mesures sont "à la fois inefficaces et délétères", comme l'augmentation du volant d'heures supplémentaires pour l'amélioration des remplacements de courte durée. D'autres sont particulièrement attendues, comme la requalification et la revalorisation indemnitaire de la filière administrative (la liste des attentes du SGEN ici)