Formation continue dans l'EN : une progression quantitative, mais une prescription descendante peu connectée aux besoins réels (CNESCO)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 27 avril 2021.
Pour le CNESCO, “en pratique, la formation continue ne touche toujours pas l’ensemble des personnels“ (de l'Education nationale). De plus, “elle est encore souvent perçue comme une prescription descendante peu connectée aux besoins réels rencontrés au quotidien et les personnels sont peu acteurs de leur développement professionnel.“
15 préconisations pour près d'1,2 million d'agents de l’Éducation nationale : le centre national d’étude des systèmes scolaires propose un dossier thématique complet sur la situation de la formation continue des enseignants. Il débute avec un diagnostic sans appel, où il est dit que “rapports après rapports, la faiblesse de la formation des personnels d’éducation en France et des enseignants en particulier ainsi que les fortes attentes exprimées par ces derniers sont pointées du doigt.“
Pourtant, précise l'analyse, “la formation continue des personnels du ministère de l’Éducation nationale s’est fortement développée depuis le milieu des années 2010 (…), sans pourtant devenir universelle“. Ainsi 71% des enseignants du 1er degré sondés déclarent avoir participé à des cours ou des séminaires en présentiel au cours des douze derniers mois, contre seulement 50% dans le secondaire.
Mais le Cnesco s’interroge “sur l’existence d’une politique de formation élitiste qui aurait, par le passé, privilégié la formation des inspecteurs au détriment de celles des personnels devant élèves“ car selon lui, “les personnels d’inspection apparaissent comme les grands privilégiés de la formation continue, leur participation est quasi-universelle (97%) pour les inspecteurs du premier degré et très élevée (86%) pour ceux du second degré.“
Surtout, selon le centre, “les effets des formations sur les pratiques pédagogiques restent encore à ce stade limités“, ayant pour conséquence “un sentiment d’efficacité des enseignants français qui demeure faible“, où “seul 1/5e des enseignants français de collège ont le sentiment d’être compétents pour ‘amener les élèves à se rendre compte qu’ils peuvent avoir de bons résultats scolaires‘ ou encore pour appliquer une variété de pédagogies dans la classe, gage de réussite des élèves en difficulté notamment“.
Car pour le Cnesco, l'offre de formation “tient trop peu compte de l’expression des besoins du terrain“, avec un choix de formations “imposé à une part importante des enseignants, notamment ceux du primaire, générant un intérêt limité“: 83 % des enseignants français disent n’avoir jamais été consultés sur l’offre de formation. Il ajoute que “faire progresser les enseignants nécessite une adhésion forte de leur part car tout nouvel apprentissage oblige à sortir de sa zone de confort, à rompre avec des représentations pédagogiques pour favoriser de nouvelles pratiques professionnelles.“
De plus, selon les enseignants, les formations seraient jugées “de trop courte durée pour permettre des allers-retours entre compétences nouvellement acquises et mise en œuvre sur le terrain“, et, précise le Cnesco, “la formation continue ne s’inscrit pas dans un cadre motivant pour les personnels“, le suivi d’actions n'étant pas valorisé dans les carrières, ce qui “a conduit la moitié des personnels à avoir recours à des formations hors Éducation nationale“, conclut l'analyse.
D’après l’enquête Cnesco enfin, “la moitié des enseignants ont suivi pendant leur carrière des formations auprès des mouvements pédagogiques, des acteurs associatifs disciplinaires, des associations développées autour d’une profession, des syndicats ou, plus marginalement, des universités“. Ainsi au fil des décennies, un écosystème de la formation continue informelle se serait constitué en parallèle de celui du ministère de l’Éducation nationale.
Le dossier thématique du CNESCO ici