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Une intersyndicale appelait les AESH à des rassemblements et manifestations ce 8 avril

Paru dans Scolaire le jeudi 08 avril 2021.

Elle parle d' “un métier passionnant, enrichissant au niveau humain avec beaucoup de retours positifs des familles, des enfants des enseignants“. Sylvie est AESH dans le 95, et sa voix et son humeur enjouées en disent beaucoup sur son amour du métier. Depuis 8 ans, elle s'occupe d'enfants porteurs de handicap dans un Ulis, unité localisée pour l'inclusion scolaire qui peut en accueillir jusqu'à 13 au maximum.

“Mais le problème c'est le salaire, très bas, et surtout la considération (de la direction, ndlr) : on a toujours l'impression qu'on n'existe pas, quand on pose des questions on a toujours l'impression de déranger..“

Manque de reconnaissance et précarité, un refrain entendu en continu sur le parcours du rassemblement constitué ce jeudi 8 avril à l'appel d'une intersyndicale (CGT éducation, FNEC-FP-FO, FSU, SNALC, SNCL-FAEN, SUD éducation), à Paris comme un peu partout en France. En effet cette profession souffre de problèmes récurrents comme la rémunération, environ 760 euros nets par mois pour 24h de travail par semaine.

“Le niveau de ras-le-bol est très élevé“ nous confirme Karim Bacha, co-secrétaire FSU dans le 93, qui précise : “les revendications sont très claires, un vrai statut un vrai salaire, et non aux PIAL qui ont encore dégradé les conditions de travail des collègues AESH“.

Du jardin du Luxembourg aux abords du ministère de l'Education nationale, les AESH sont près de 200, comme Sabine, venue de Châtenay-Malabry, à s'être déplacés. Elle nous décrit son quotidien : “tous les matins je vais en maternelle pour m'occuper d'un enfant en moyenne section trois fois par semaine, et une matinée un autre enfant en moyenne section“. Seulement, ajoute-t-elle, “du jour au lendemain on m'a dit au retour des vacances vous ne serez plus dans cette classe-là, parce qu'ils n'avaient pas assez d'AESH pour les maternelles, alors ils ont réorganisé toutes les maternelles, tout ça parce qu'ils manquent de personnel et qu'il faudrait qu'ils recrutent, mais ils n'arrivent pas à recruter parce qu'on est pas bien payés“.

Les PIAL, pôles inclusifs d'accompagnement localisés, ont été mis en place en 2018 dans le cadre de la loi “pour une école de la confiance“ afin de mutualiser l'accompagnement des AESH entre plusieurs enfants porteurs de handicap.

Selon le site Internet du ministère, cette “nouvelle forme d'organisation“ favorise "la coordination des ressources au plus près des élèves en situation de handicap (les aides humaines, pédagogiques, éducatives, et, à terme, thérapeutiques) pour une meilleure prise en compte de leurs besoins.“

“On nous fait signer pour le PIAL, sur mon secteur c'est des écoles sur environ 40km de circonférence, au départ je ne comprenais pas pourquoi je devais signer un avenant ? Sylvie s'inquiète : “Maintenant je sais, on doit être affilié à toutes les écoles du PIAL, il n'y a plus d'AESH individuel, collectif ou mutualisé, et si on a besoin de moi ailleurs on peut très bien me dire, tu dois aller ailleurs le contrat est fait comme ça..“

Manuel Guyader, du syndicat Sud, explique : “Il y'a eu cette année le déploiement des PIAL dans plein de départements qui n'a fait qu'aggraver nos conditions de travail, aggraver les conditions d'accompagnement des élèves en situation de handicap, puisque comme on nous demande d'accompagner de plus en plus d'élèves, forcément on les accompagne chacun chacune de moins en moins d'heures, donc il y a un vrai sentiment de colère qui s'est démultiplié ces derniers mois“.

Un constat dont Sylvie s'est fait l'écho : “J'ai des retours d'AESH selon lesquelles au final on s'aperçoit que les heures (des enfants) ne sont pas respectées, l'AESH est mutualisée donc l'enfant n'a pas pour lui tout seul les heures affectées par la maison du handicap, c'est un leurre, en pratique ça marche pas comme ça..“

“Ca reste la même galère la même précarité, on veut un statut de fonctionnaire, on veut un salaire qui nous permette de vivre, on veut la reconnaissance d'un temps plein qui soit de 24h d'accompagnement..“ et d'ajouter “ils céderont, c'est sûr ils céderont“, assure le représentant de SUD.

Après le rassemblement, le ministère a reçu l'intersyndicale 45 minutes pour une réunion où a été évoquée une "ouverture sur la revalorisation salariale", mais il semblerait qu'aucune réflexion ne sera conduite avant la fin du "Grenelle de l'éducation", selon le syndicaliste qui ajoute qu'une nouvelle journée de grève sera annoncée prochainement.

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