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A quoi servent les tests ? Le point de vue des biologistes médicaux

Paru dans Scolaire le mardi 23 mars 2021.

La question des tests, naso-pharyngés ou salivaires, fait débat dans l'Education nationale. Lionel Barrand, président des biologistes médicaux, répond à nos questions.

ToutEduc : Dans certaines villes, il est fait état de difficultés pour l'exploitation des tests salivaires, les laboratoires n'étant pas équipés pour leur traitement. Qu'en est-il ?

Lionel Barrand : L'immense majorité des laboratoires d'analyse médicale sont homologués pour les tests salivaires. Mais au lancement de la campagne de tests dans les écoles, il y a un mois environ, le ministère de la Santé a élaboré en catimini, et transmis à l'Education nationale, une liste obsolète, très restrictive. Ca a été une catastrophe. Depuis la liste a été revue, les ARS (agences régionales de santé) ont toutes les informations voulues tandis qu'entre laboratoires, nous nous répartissons les écoles selon nos moyens, et ça se passe très bien.

ToutEduc : Comprenez-vous la politique gouvernementale de testing dans les écoles plutôt que dans les lycées ?

Lionel Barrand : Nous n'avons pas été consultés sur ce choix, mais je le comprends. Les plus grands peuvent subir des tests naso-pharyngés qui ont de meilleures performances que les tests salivaires, et s'ils ont le moindre symptôme, aller se faire tester. Les petits sont le plus souvent asymptomatiques et je ne vois pas beaucoup de parents qui iraient avec un enfant de 5 ans dans un laboratoire sans aucune raison apparente...

ToutEduc : Mais ne faudrait-il pas tester les quelque 6,7 millions d'élèves du 1er degré et 5,7 élèves du second degré ?

Lionel Barrand : Si le but était de détecter tous les élèves positifs, il faudrait de plus, dans l'idéal, le faire tous les jours ! C'est, matériellement et financièrement, impossible. Si je comprends bien, mais encore une fois, personne ne nous a demandé notre avis, il s'agit plutôt de lancer des "coups de sonde" dans des écoles où l'on suspecte la présence du virus, pour voir comment il circule dans des contextes qui lui sont moins favorables, et casser les chaînes de transmission.

ToutEduc : Jean-Michel Blanquer a été mis en difficulté à ce sujet par Jean-Jacques Bourdin vendredi 19 mars, le ministre minimisait le taux de positivité dans les écoles, 0,5 % (il a depuis indiqué qu'il avait fait erreur, et que c'était 0,35), J-J Bourdin lui a fait remarquer que cela représentait 500 cas pour 100 000, soit au-dessus du seuil d'alerte...

Lionel Barrand : Certes, mais les sujets positifs étaient-ils contaminants ou avaient-ils des traces résiduelles de virus après une infection ? Nous n'avons pas encore de chiffres nationaux et c'est trop tôt pour savoir ce qu'il en est vraiment. Mais il semble bien que, sur les enfants, le virus s'accroche moins et que nous ayons beaucoup moins de virus dans les écoles que hors cadre scolaire. C'est du moins ce que je constate.

Le site du syndicat des biologistes médicaux ici

A noter que Le Monde daté du 24 mars revient sur les affirmations successives du ministre concernant les taux d'incidence dans les écoles et la confusion qu'il fait entre taux d'incidence (le nombre de contaminations rapporté à la population) et taux de positivité (le pourcentage de tests positifs).

 

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