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Parcoursup : la procédure doit rester humaine (rapport du comité éthique et scientifique)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 17 février 2021.

"Le dispositif Parcoursup mis en place en 2018 est aujourd’hui bien installé dans le paysage national de l’enseignement supérieur" constate le Comité éthique et scientifique de Parcoursup dans son 3ème rapport, qui vient d'être publié sur le site du ministère de l'Enseignement supérieur. Le CESP constate que "la nature centralisée et de plus en plus exhaustive du dispositif (...) en fait facilement le responsable de tout aux yeux du public". Si l'offre de formation diminue ou que la demande augmente, "le pourcentage de candidats affectés diminuera et cette diminution sera vraisemblablement imputée à Parcoursup et à son manque de 'performance'." Son rapport fait donc une large place à l'offre de formation de l'enseignement supérieur et à l'adéquation, ou l'inadéquation avec la demande. C'est ainsi que l’Île-de-France est invitée à réviser son offre qui est "insuffisante, et surtout déséquilibrée par une surreprésentation des formations 'd’élite' et une sous-représentation de l’offre pour les bacheliers technologiques et professionnels".

Le CESP souligne d'ailleurs que "les formations qui ne sont ni sélectives ni en tension" ne représentent qu’un quart des formations, "puisque la moitié des formations sont sélectives, et parmi les formations non sélectives, la moitié sont en tension".

En ce qui concerne le dispositif lui-même, il "a su répondre à une demande grandissante depuis 2018", ce qui en fait "un écosystème complexe" qui ne peut "se résumer à un algorithme ou à une plateforme". Cet état de fait impose "la plus grande vigilance quant au respect des critères qui fondent la légitimité du système et la possibilité de son contrôle démocratique". Les candidats doivent "avoir une proposition qui corresponde à leurs souhaits", les procédures doivent être transparentes, lisibles et compréhensibles par tous, équitables et sûres.

Or "la procédure principale est trop longue: trop de candidats attendent trop longtemps avant d’obtenir une proposition". "Sa durée totale est de 8 mois : formulation des vœux à partir de la mi-janvier, classement des candidats "de début avril à mi-mai", phase d’affectation "de mi-mai à mi-septembre". Les deux premières phases "ont des durées raisonnables", mais "la dernière phase "est très longue si l’on compare avec d’autres pays où elle dure en moyenne trois semaines".

Le CESP souligne que a majorité des formations opèrent "un pré-classement des candidats selon des critères quantitatifs sans que les candidats ne le sachent toujours ni n’en connaissent précisément les barèmes". Il recommande donc de rendre publique la démarche de quantification des critères d’examen des vœux. Les propositions d’affectations sont en effet guidées par les classements des commissions d'examen des voeux (CEV) autant que par les vœux des candidats, "et ce faisant les propriétés de l’algorithme d’affectation font que toutes les affectations dans les formations en tension sont liées" : "Les affectations dans les formations les moins prisées peuvent être affectées par les classements des formations préférées des candidats (...). Il ne faut surtout pas en conclure que l’algorithme est défectueux. Il s’agit de l’algorithme de Gales et Shapley qui est celui adopté partout dans le monde où une plateforme d’affectation à l’enseignement supérieur existe. Cet algorithme aboutit au meilleur résultat possible." Si chaque formation affichait son barème et si le classement des candidats était automatique, le système serait "parfaitement transparent", mais "sans intervention humaine une telle solution extrême peut conduire à une standardisation des recrutements", ce qui nuirait à leur diversité. "Il s’agit là d’une question essentielle, il n’y a pas d’avenir démocratique pour une société qui normaliserait les désirs de sa jeunesse. Les licences sont notamment, et à raison, attachées à recruter des profils diverses, et cette possibilité est une liberté pour les futurs étudiants. Il importe de les préserver."

S'agissant de la procédure complémentaire, celle qui "permet à des candidats de postuler pour les formations ayant des places vacantes" et qui est "ouverte aux candidats n’ayant reçu aucune proposition en procédure principale, ainsi qu’aux candidats ayant reçu une proposition mais qui n’en sont finalement pas satisfaits", elle fonctionne pour les formations non sélectives selon une règle du "premier arrivé, premier servi", et elle est "d’autant plus inégalitaire qu’elle n’est pas clairement énoncée et que tous les candidats n’ont pas le même accès à l’information".

Le CESP s'inquiète par ailleurs de la protection des données et rappelle aux formations qu’elles en sont responsables. Un délai de trois ans leur avait été accordé "pour se mettre en conformité avec leurs obligations. Ce délai arrivera à échéance en mai 2021."

Il souligne que "les progrès sont encore insuffisants dans la poursuite d’études des bacheliers professionnels et technologiques". La première explication "réside dans l’insuffisance de l’offre de formations professionnalisantes, notamment en IUT", ceux-ci étant parfois, "des cycles préparatoires aux écoles d’ingénieurs qui ne disent pas leur nom". La seconde explication tient à "l’inadaptation de l’offre aux bacheliers fragiles (notamment professionnels)" et il donne les exemples à suivre de l’expérimentation d'une formation professionnelle diplômante à Bac +1 ainsi que de "l’effort réalisé par le doublement des capacités d’accueil dans les mentions complémentaires en trois ans".

Le comité s'interroge encore sur les places vacantes qui "représentent près de 13% de la totalité de l’offre" : 23% des places sont vacantes dans les formations sous statut privé, d'autres étaient offertes par le CNED pour lequel la notion de capacité d’accueil "ne semble pas pertinente". Le remplissage des BTS "est très contrasté" puisque "le quart des places des BTS agricoles sont vacantes. De même pour les CPGE, les spécialités scientifiques sont nettement plus remplies que les autres. En ce qui concerne les licences, deux exemples montrent les différences d’attractivité en fonction des spécialités: près d’un tiers des places des licences de lettres sont vacantes alors que les licences STAPS font le plein."

Le rapport ici

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