SNU : le Conseil d'orientation des politiques jeunesse toujours aussi inquiet (rapport d'activité)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 04 février 2021.
"Les objectifs assignés au SNU (Service national universel), sʼils sont complémentaires, doivent être repensés dans leur mise en œuvre pour permettre aux jeunes de vivre pleinement cette expérience", estimaient déjà l'année dernière les membres du COJ, le Conseil d'orientation des politiques jeunesse qui vient de publier son rapport d'activité 2020 dans lequel il réitère ses critiques. Il semble nécessaire de devoir clarifier "la problématique des objectifs assignés au SNU". Les membres du COJ s'inquiètent à nouveau du coût "trop élevé", ils jugent que la gouvernance n'est "pas assez partenariale" tandis que le pilotage est confié aux services déconcentrés de l’État chargés de la Jeunesse "sans moyens financiers et humains complémentaires". Ils estiment encore une fois que "l’absence de socle juridique constitue une zone de fragilité".
S'agissant du sentiment de cohésion nationale que le SNU doit développer, il faudrait le définir "et retravailler les rituels associés". Il faudrait aussi "sanctuariser et mieux construire les temps de démocratie interne", mieux définir la mixité, "tenir compte de la spécificité des jeunes en apprentissage", "développer une culture de l’engagement", envisager la "fusion des phases 1 et 2", "alléger le planning", "assurer un suivi post-SNU des jeunes en difficulté", "former les encadrants aux pédagogies actives", pour ne citer que quelques unes des recommandations du COJ.
Déjà dans son rapport 2019, le COJ, dont certains membres étaient " très hostiles au dispositif" alors que d'autres accompagnaient son développement ou soutenaient ses principes, avait "plusieurs raisons majeures" de s'inquiéter, à commencer par "le coût du SNU", sous-estimé dans la phase de préfiguration d'autant que "de nombreuses interventions effectuées par les associations nʼont pas donné lieu à rétribution". Plus généralement, "il conviendrait dʼorienter les financements utilisés par le SNU vers les besoins prioritaires des jeunes (enseignement, santé, formation, minima sociaux...)". Les membres du COJ alertaient déjà aussi "sur la gouvernance du dispositif quʼils jug(eaient) pas assez partenariale" et signalaient que "des associations nationales (avaient) signé des conventions avec lʼEtat dont lʼutilité reste à démontrer".
S'agissant des rites devant renforcer le sentiment de cohésion nationale, ils apparaissaient "descendants" et sʼils ont bien fonctionné avec des jeunes volontaires "dont une grande majorité se destine à un engagement dans des corps en uniforme, à lʼavenir et dans une phase obligatoire, ils pourraient donner lieu (lors de la généralisation du dispositif, ndlr) à un rejet de la part de certains jeunes (...). Par exemple, les temps sportifs devraient être construits systématiquement pour mettre en avant la valorisation de lʼentraide collective, sans mise en concurrence (...). Enfin, le sentiment de cohésion et notamment de cohésion nationale ne doit pas être synonyme dʼuniformité."
Il conviendrait, notait aussi le COJ en 2019, de "mieux définir ce quʼest lʼengagement" puisque les jeunes volontaires associaient cette notion et "corps en uniforme", une grande majorité d'entre eux ayant déclaré "vouloir effectuer leur phase 2 du SNU, de mission dʼintérêt général, dans des corps en uniforme (armée, pompier, gendarmerie...)". Le COJ ajoutait que lʼengagement devait "rester un acte volontaire". Le COJ considérait comme "impérative" la formation des encadrants et, "si possible, des intervenants", pour "éviter le recours à des pédagogies trop descendantes". Il suggérait aussi "quʼun suivi de cohortes puisse être mis en place pour observer les impacts sur les jeunes à moyen terme". Bon nombre des constats et recommandations de 2019 se retrouvent donc en 2020.
Le rapport 2020 porte aussi notamment sur le futur service public de l’insertion et de l’emploi et sur les Projets éducatifs territoriaux.