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J-M Blanquer ou "le fiasco" de l'autoritarisme et du néolibéralisme (ouvrage)

Paru dans Scolaire le vendredi 08 janvier 2021.

Le projet de Jean-Michel Blanquer n'est pas "réactionnaire" puisqu'il s'agit de fonder l'école de "demain", "une école qui n’a jamais existé et qui se veut un bouleversement radical du système éducatif", écrit Saïd Benmouffok dans "Le Fiasco Blanquer". L'auteur ne prétend pas "examiner tout le détail des nombreuses mesures adoptées depuis 2017" dans ce court ouvrage mais "d'offrir une grille de lecture politique permettant de déchiffrer les ambitions réelles" du ministre de l'Education nationale pour qui "l’école doit se conformer au nouveau monde hypercompétitif dans lequel nous sommes entrés". "De quoi profondément dégrader l’école de la République."

Agrégé de philosophie, ayant enseigné à Mantes-la-Jolie et Aulnay-sous-Bois, été délégué national à la vie lycéenne (voir ToutEduc ici) et intervenant en milieu pénitentiaire, conseiller éducation de la maire de Paris, il propose aussi dans cet essai "l’esquisse d’une action possible pour un futur gouvernement de gauche". L’Éducation doit retrouver "le chemin de l’apaisement et du respect au sein de la communauté scolaire (...). Après l’hiver du mépris blanquérien, un vent de démocratie devra souffler sur l’école. Il faudra construire un cadre délibératif pour corriger les effets délétères des réformes engagées depuis 2017."

En effet, si les Français ont pu être d'abord séduits "par un ministre serein, sûr de ce qu’il pouvait apporter aux élèves de France", trois ans plus tard, le constat est celui d'un "fiasco retentissant" et il est devenu le ministre "le plus impopulaire de la rue de Grenelle depuis – au moins – Claude Allègre", et "ses réformes sont toutes marquées du sceau de l’échec". Saïd Benmouffok les liste, retour de la semaine de quatre jours, obligation de scolarité dès l’âge de 3 ans qui "s’est révélée un cadeau aux écoles privées", les classes dédoublées qui n'ont pas réduit l’échec en CP et CE1... Mais c'est surtout la réforme du lycée et du baccalauréat qui retient son attention. Elle s'est en effet "soldée par une désorganisation ubuesque de l’année scolaire et une concurrence effrénée pour le choix des options" tandis que "l’orientation post-bac reste le parent pauvre de la lutte contre les inégalités".

Avant toute chose, le blanquérisme est un autoritarisme

"Avant toute chose, le blanquérisme est un autoritarisme" : "prise de décision ultra-centralisée", "effacement de la délibération collective, affaiblissement des contre-pouvoirs institutionnels", "élimination systématique des opposants en interne". A l'occasion de la réforme du baccalauréat et du lycée, le ministre révèle d'ailleurs "son incapacité à gérer le désaccord démocratique". Sur l'école primaire, "la science se fait dogme" et Stanislas Dehaene accepte de servir de caution au ministre qui "s’en réclame pour justifier son action". Cet autoritarisme se retrouve dans sa vision de la laïcité : "Là où il s’agit de questionner, d’interroger, de faire place au doute, le voilà qui assène des certitudes, profère des accusations et intime des ordres."

Sa logique est celle d'un homme de droite pour qui "il ne s’agit pas de combattre les inégalités de façon universelle dans les territoires en difficulté, mais d’offrir à quelques-uns la possibilité de s’en sortir". Pour lui, le but est "la recherche de la performance" qui passe par "une plus grande responsabilisation des acteurs" et des mises en concurrence à tous les niveaux : "La logique du marché (est) appliquée à l’école. Ce que l’on appelle communément le néolibéralisme."

Si le dossier est clairement à charge, de l'ordre du réquisitoire, l'auteur évite le pamphlet en fondant sa critique sur des déclarations publiques et des données officielles.

"Le Fiasco Blanquer", Saïd Benmouffok, éditions des petits matins, 94 p., 10€, lespetitsmatins.fr

 

 

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