Instruction en famille : "On peut enrichir le texte" du projet de loi (Jean-Michel Blanquer)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 18 décembre 2020.
"On peut enrichir le texte" de l'article 21 relatif aux dispositions relatives à l’instruction en famille, a affirmé Jean-Michel Blanquer, hier 17 décembre aux députés qui l'entendaient sur le projet de loi "confortant le respect des principes de la République". Le ministre de l'Education nationale a affirmé "un principe simple", "tout enfant va à l'école", et un "concept directeur", l'intérêt supérieur de l'enfant et son droit "à une éducation complète". Il ne s'agit pas "de supprimer l'ensemble de l'instruction en famille", mais de "l'encadrer", alors que, jusqu'à présent, nous étions dans "une forme d'anarchie" que les phénomènes de société actuels ne permettent plus. Il confirme d'ailleurs, par exemple, qu'un enfant harcelé peut être retiré de l'école par sa famille "en urgence", puisque c'est son intérêt.
Il n'exclut pas le dépôt d'un amendement gouvernemental qui prévoirait qu'un enfant instruit en famille soit inscrit administrativement dans l'école la plus proche de façon à entretenir "un lien organique" avec l'institution. Il serait d'ailleurs possible d'organiser une fois par an un rassemblement de tous les enfants inscrits dans une école, par exemple pour leur parler des valeurs de la République. D'autre part, les CAF pourraient transmettre aux maires l'identité de tous les enfants dont elles ont connaissance de façon, de façon à ce que tous puissent recevoir un identifiant et être suivis.
Interrogé sur le contrôle des enfants instruits dans leur famille, le ministre évoque son renforcement : "nous allons franchir un cran", affirme-t-il. S'agissant des établissements hors-contrat, il indique que la dernière session du baccalauréat avec présentation des livrets scolaires avait permis de constater que certains fonctionnaient "normalement", tandis que d'autres étaient "en dehors des clous", et il envisage d'avoir "des éléments de reconnaissance" qui facilitent le distinguo.
Interrogé sur la mixité sociale, le ministre fait valoir que ce qui compte "avant tout" pour un établissement du 2nd degré est "son projet" et le travail sur "le climat scolaire" qui permet de "recréer de l'attractivité". Il évoque le rôle que jouera dans ce domaine le Conseil d'évaluation de l'école. Il condamne par ailleurs les enseignants qui respectent certes le principe de neutralité religieuse, mais pas le principe de neutralité politique et qui "rendent certains endroits peu attractifs", les parents n'ayant pas envie d'envoyer leurs enfants là "où on essaie de les endoctriner". Il vise implicitement mais très clairement l'influence de La France insoumise.
A noter encore que, pour lui, l'article 18 (relatif à la révélation d'informations permettant d'identifier une personne dans le but de l’exposer à "un risque immédiat d’atteinte à la vie ou à l’intégrité physique ou psychique", punie de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, peines alourdies "lorsque les faits sont commis au préjudice d’une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public") ne concerne pas seulement les forces de l'ordre mais aussi les enseignants. Un père d'élève qui a menacé enseignant est actuellement en prison, a-t-il révélé.