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"Quels professeurs au xxième siècle ?" : Pour E. Huillery et C. Darnon, développer les compétences psycho-sociales passe par la pédagogie

Paru dans Scolaire le mardi 01 décembre 2020.

Élise Huillery, professeure d’économie (Paris-Dauphine) qui intervenait, ce 1er décembre, dans le cadre du colloque "quels professeurs au xxième siècle ?", est revenue sur l'importance des compétences sociales et comportementales sur la motivation et la persévérance des élèves. Elle a fait le lien avec le déterminisme social dont le test PISA a montré l'importance en France et elle a comparé les divers dispositifs mis en oeuvre pour y remédier.

Les internats d'excellence ont un effet sur la réussite qui est de l'ordre de 0,2 écart type pour un coût par élève de 10 000€. Les dédoublements de CP et de CE1 ont un effet évalué (par la DEPP) à 0,08 et 0,13 écart-type selon les disciplines, pour un coût/élève de 4 000€, et tous les autres dispositifs n'ont aucun effet, affirme-t-elle, qu'il s'agisse des Coups de pouce Cle (1200€/élève), de la réussite éducative (1000€), de Talens (un programme de coaching par des étudiants, 920€), des ZEP ou des RAR (l'éducation prioritaire avant sa refondation avec les REP et REP+, ndlr) (800€). En revanche, le programme "Energie jeunes" qui travaille sur les compétences psycho-comportementales a une effet de 0,07 écart type, donc un peu moins que les dédoublements, mais pour un coût très faible (65€/élève) (les évaluations de l'efficacité de divers dispositfs sont d'origines diverses, plusieurs fois l'école d'économie de Paris dont la méthodologie a été contestée, ndlr).

Pour Céline Darnon, professeure de psychologie sociale (université de Clermont Auvergne), ces compétences, le sentiment d'efficacité, l'auto-régulation, l'estime de soi, le sentiment d'appartenance à l'établissement scolaire, la crainte d'échouer, sont des facteurs de réussite ou d'échec, et elles dépendent de la position sociale de l'élève, de son statut socio-économique, mais également d'un contexte qui peut accentuer ce lien. C'est notamment le cas de la compétition "qui génère à la fois des motivations à réussir et la peur d'échouer" et ce sont les élèves des catégories défavorisées qui sont le plus pénalisés. Ce n'est pas le fait des enseignants mais du système scolaire qui est sélectif.

Pour lutter contre, on peut travailler, dès l'école maternelle, sur la familiarité des enfants avec la culture scolaire ; on peut aussi agir sur leur sentiment d'un déterminisme, non, on n'est pas "bon" ou "mauvais" en maths, ça peut changer, le cerveau est un muscle dont les performances évoluent. Au lieu d'amener les élèves à se comparer entre eux, on peut les inviter à comparer ce qu'ils savent à ce qu'ils savaient trois mois plus tôt. Mais c'est surtout l'apprentissage coopératif qui semble bénéficier le plus aux élèves défavorisés (Céline Darnon ne cite pas à cette occasion les travaux de C. Freinet, de F. Oury ou de P. Meirieu, ni la longue tradition française, souvent contrariée par l'institution, dans ce domaine, ndlr).

Le site du colloque ici

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