Données personnelles des élèves : quand des établissements de Floride les transmettent à la police pour détecter les futurs délinquants
Paru dans Scolaire le dimanche 29 novembre 2020.
Manquer trois fois l'école en un trimestre, avoir de mauvaises notes et avoir subi un traumatisme infantile font-ils d'un élève un futur délinquant ? C'est en se fondant sur cette hypothèse que les écoles du comté de Pasco (Floride - USA) communiquent leurs données au bureau sherif et quelque 400 jeunes, sur les 30 000 qui sont scolarisés dans ce territoire situé à l'Est de l'Etat, sont ainsi fichés comme devant être surveillés dans les années à venir, puisqu'ils sont de futurs criminels. Le fichier était confidentiel, mais son existence a été révélée par le Tampa Bay Times et l'information reprise par Education week.
L'équivalent de nos DASEN dit qu'il n'était pas au courant de l'existence de ce fichier, mais indique avoir un partenariat avec la police que la fusillade du lycée de Parkland (Floride) l'an dernier justifie pleinement. Il y a d'ailleurs un policier affecté à chaque établissement. Il fait confiance à la police pour respecter la loi sur les données personnelles, ce qui ne semble pourtant pas être le cas. La loi FERPA (federal Family Educational Rights and Privacy Act) prévoit en effet que les établissements scolaires peuvent partager leurs fichiers avec un organisme extérieur à la condition que celui-ci décharge ainsi les personnels de l'établissement d'une tâche qui est du ressort, que l'utilisation des données reste sous le contrôle de l'établissement et qu'elle reste limitée à ce que prévoit le contrat. Ces conditions peuvent être suspendues en cas d'urgence, ou par un juge si un élève fait l'objet d'une enquête. Un policier qui détient, du fait de ses fonctions dans l'école, des informations sur les élèves ne peut sinon en faire usage.
Le risque, quand on est fiché, d'être considéré comme une cible est surtout important pour les jeunes noirs, mais tous ceux qui figurent sur cette liste peuvent rencontrer des difficultés lorsqu'ils voudront s'inscrire dans le supérieur, ou pour un entretien d'embauche. Si un délit est commis, ils seront considérés a priori comme suspects et déjà, en tant qu'élèves, ils vont perdre confiance dans les adultes et ils hésiteront à communiquer aux enseignants ou personnels d'éducation des informations s'ils ont connaissance qu'une fusillade se prépare.
Toujours selon notre confrère américain, l'existence de cette liste secoue les parents d'élèves du comté.
L'article d'Education Week ici
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