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Le confinement et ses répercussions sur les enseignants : en tirer les conséquences, certaines positives (IFE-ENS)

Paru dans Scolaire le mardi 17 novembre 2020.

A l'occasion de la première période de confinement, on a assisté à "un déplacement du métier d'enseignant hors de ses frontières habituelles". C'est la conclusion, portée par Daniel Filâtre, de la journée d'étude "Enseigner et apprendre à distance : vers une mutation de la forme scolaire ?", organisée ce 17 novembre par l'IFE-ENS. Pour l'ancien recteur, il faut raisonner en termes "d'état d'esprit", de "professionnalité" et donc de processus tout au long de la carrière plutôt que de formation au sens strict ; les compétences doivent s'acquérir "dans les lieux d'enseignement". Cette période a d'ailleurs constitué "une occasion de sortir des routines pédagogiques" et elle a vu se brouiller encore un peu plus les frontières entre enseigner et apprendre. Il faut donc "accentuer le dialogue entre enseignants et chercheurs", amener les enseignants à "problématiser" ce qu'ils vivent en classe, à adopter la position du chercheur. Et ils doivent "oser prendre des initiatives", leur formation doit "s'appuyer sur l'audace".

Cette journée a aussi été l'occasion pour l'IFE de publier les résultats de son enquête les effets du confinement dont les premiers éléments avaient déjà été rendus publics (voir ToutEduc ici). Plus de 2 700 enseignants ont répondu et la conciliation entre vie privée et vie professionnelle apparaît comme la principale difficulté rencontrée. "Le ressenti professionnel des répondants, plutôt négatif au début du confinement (61% de personne s’estimant mal à l’aise), s’est amélioré pendant la période pour atteindre 60% de personnes se disant à l’aise à la fin du confinement" et "avec le recul, l’expérience professionnelle pendant le confinement a été jugée plutôt positive par la moitié des répondants", bien qu'ils aient "dû adapter leurs cours à la distance, rédiger davantage de mails, réaliser un suivi personnalisé régulier des élèves et des familles". Au total, "près de deux tiers des répondants estiment que le confinement a modifié la manière de voir leur activité professionnelle".

Au titre des difficultés, ils citent "le suivi des élèves", "le décrochage" sans avoir "aucun moyen de contacter pour les remotiver" certains élèves, et "l’absence de face à face et de contact physique", ce qui entraîne absence de dynamique de groupe ou de possibilité de s’adapter en direct. Ils sont en revanche nombreux à "avoir développé et entretenu des relations avec les familles plus que d’ordinaire", "l’expérience la plus satisfaisante de cette période". Ils sont de plus "10% à déclarer avoir pris conscience de la nécessité de développer des formes de différenciation pédagogique pour remédier aux difficultés des élèves". Autre élément notable, "les consignes et prescriptions ainsi que l’accompagnement de la hiérarchie ont été vues comme un obstacle pour environ un enseignant sur quatre et comme un point fort pour environ un enseignant sur cinq".

Les résultats sont différents pour les 545 personnes "exerçant des fonctions de direction et d’encadrement" qui ont répondu à l’enquête. Au début du confinement, "ils se sentent en majorité plutôt à l’aise (44 %)" mais 14 % se disent "très mal à l’aise", une proportion qui monte à 18 % à la fin du confinement. Une directrice d'école maternelle détaille : "Le fait d'être totalement seule à gérer une école de 350 élèves (...) m'a amenée à ne pas compter les heures, au point de faire des journées de 15 à 16 heures." Pour une partie des répondants, "le confinement a été l’occasion de prendre la mesure du poids de leur charge de travail en temps ordinaire, et des effets néfastes de leur activité professionnelle sur leur vie privée et leur santé allant parfois jusqu’au burn-out". C’est particulièrement le cas des directeurs et directrices d’école qui "demandent un statut spécifique" dont l'absence leur a pesé. Mais cette période "a mis en lumière les avantages du télétravail". De la même manière, " les réunions à distance ont été appréciées: pas de temps perdu dans le trajet, participations plus efficaces".

Les rapports d'enquêtes sur les effets du confinement sur les enseignants et sur les personnels de direction, mais aussi sur les enseignants spécialisés en ULIS, sur les conseillers principaux d’éducation et les coordonnateurs en réseau d’éducation prioritaire, sur les enseignants en établissement agricole, sur les enseignants-chercheurs du supérieur et sur les formateurs exerçant auprès d’un public enseignant sont disponibles ou le seront prochainement sur le site de l'IFE-ENS, de même que les enregistrements des vidéos de la journée (ici)

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