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Reconfinement, maintien des établissements scolaires ouverts et nouveau protocole sanitaire : les réactions syndicales (suite)

Paru dans Scolaire le dimanche 01 novembre 2020.

Alors que des syndicats avaient déjà émis des demandes pour garantir la protection de la communauté éducative peu avant et juste après l'annonce du reconfinement et du maintien de l'ouverture des établissements scolaires (lire ici), la publication dans la foulée d'un nouveau protocole sanitaire pour intégrer "les évolutions rendues nécessaires par l'évolution de la circulation du virus constatée en octobre 2020" (lire ici), ne donne toujours pas satisfaction à la plupart d'entre eux. Pourtant unanimes sur la nécessité de maintenir pour les élèves l'ouverture des écoles, collèges et lycées, ils se rejoignent pour beaucoup sur la nécessité de prévoir l'accueil en petits groupes, de recruter davantage de personnels et d'adapter les programmes alors que "l'épidémie bouscule le déroulement des cursus".

L'accueil en demi-groupes est en effet l'une des attentes sur laquelle se rejoignent beaucoup de syndicats, à l'instar du SE-UNSA, du SNES et de la fédération à laquelle il est affilié, la FSU, du SNEC-CFTC ou encore du SGEN-CFDT qui invite à coordonner "localement les services de l'État et des collectivités territoriales compétentes pour accueillir autrement les plus jeunes, et accompagner les plus grands qui en ont besoin dans leur travail plus autonome lorsqu'ils ne participent pas aux cours en présentiel (équipement, accès à des tiers lieux…)". La FSU, plus virulente, regrette "le refus" du ministère de faire des petits groupes d'élèves, alors que le non-brassage des élèves, requis dans le cadre du nouveau protocole sanitaire, et "qui devrait déjà être la règle", "est impossible à mettre en œuvre quand le nombre d'élèves par classe est élevé". Quant au SNETAA-FO, il profite de la sortie d'un ouvrage de Stéphane Bonnery ( Escol, Paris 8) et Étienne Douat (Gresco, Poitiers) qui "met en perspective le confinement et ses incidences sur le fonctionnement des enseignants depuis mars 2020", "l'Éducation aux temps du coronavirus" (La Dispute) et dont il se fait l'écho le 30 octobre, pour dénoncer l'absence de débat, ni publiquement, ni au parlement, du 12 mars à la rentrée de septembre 2020, sur les "conditions d'une reprise efficiente". "Reprise efficiente" qui ne pouvait passer, selon le syndicat, "que par le découpage des classes en sous-groupes, donc le recrutement massif et la formation d'enseignants ainsi que la location de locaux".

Des recrutements supplémentaires pour accueillir en demi-groupes et remplacer les personnels vulnérables

Ces recrutements supplémentaires sont réclamés d'ailleurs par beaucoup d'organisations syndicales, tels le SNUIPP-FSU, le SE-UNSA, le SNUDI-FO, le SGEN, la CGT Éduc'Action et SUD Éducation, qui, dans un communiqué commun envoyé ce samedi 31 octobre, appellent à "procéder dans les plus brefs délais aux recrutements nécessaires en particulier de tous les candidats aux concours inscrits sur la liste complémentaire pour pourvoir notamment au remplacement des personnels vulnérables ou en congés maladie". La FSU juge de son côté "inadmissible que rien n'ait été préparé pour permettre de travailler en toute sécurité : pas de recrutements supplémentaires, pas d'allègement des programmes, pas de plan d'urgence pour réquisition de locaux", alors que "la situation est connue depuis des mois". De même, le SNES, pour qui "l'incurie du gouvernement est insupportable", réclame le recrutement de personnels, d'AED mais aussi d'agents territoriaux (pour assurer un nettoyage et une désinfection des salles), ainsi qu'une réorganisation de la demi-pension pour limiter le brassage des élèves.

Des syndicats réclament aussi un aménagement des programmes. Ainsi, écrit le SGEN, cette adaptation des programmes est nécessaire, "non pas pour que le 'niveau baisse', mais pour former aux mieux les jeunes", sans que ce soit "une source de culpabilité individuelle de ne pas être parvenu à tout faire". "À tous niveaux de formation, l'épidémie bouscule le déroulement des cursus. Ne pas en tenir compte pour définir les attendus de fin d'année scolaire et universitaire c'est mettre en tension les personnels, les élèves et étudiants et leur famille", écrit encore le syndicat. Le SNES demande quant à lui aussi un nouveau calendrier du bac avec "report des EC1 et des épreuves de spécialité en juin".

Certains syndicats évoquent aussi la possibilité de combiner présentiel et distanciel. Le SE-UNSA appelle à s'y "préparer" car cette modalité sera peut-être nécessaire", pas seulement au lycée mais à tous les niveaux. Et pour ce faire, il faudrait "que toutes les formations et réunions non urgentes soient suspendues pour que les équipes puissent enfin y travailler" et recevoir par ailleurs l'assurance du ministère "que, dans le cas d'un recours à un fonctionnement alternant, il n'y aura pas de double journée avec l'enseignement en classe pour les élèves présents et l'enseignement à distance pour les autres".

Un maximum de décharges d'enseignement pour les directeurs d'école pour rendre opérationnelles les nouvelles règles

Enfin, le télé-travail et les horaires aménagés sont remis à l'ordre du jour. Le SGEN, pour qui "le télétravail est une obligation, non une option", demande des mesures "effectives aussi pour les agents publics", alors que "les ministères concernés n'ont toujours pas réussi à [les] déployer". Le SE-UNSA promet de son côté un accompagnement des personnels considérés comme "vulnérables" "pour que leur mise en autorisation d'absence ou en télétravail soit immédiate et facilitée". À noter sur ce plan que SPELC, qui demande aussi que soit garantie la protection des enseignants à risques et vulnérables, exige en revanche "que l'obligation réglementaire de service soit respectée". Le syndicat professionnel de l'enseignement libre catholique prévient qu'il "n'accepter[a] pas que des professeurs soient tenus de travailler à la fois en présentiel et à distance" craignant, alors que "de nombreux collègues sont déjà fatigués ou atteints par la maladie", que s'ils sont trop nombreux à devoir s'absenter, le système ne fonctionne pas. Le SNPDEN a annoncé de son côté, ce jeudi, avoir décidé de faire passer toute l'équipe du siège en télétravail à compter du lundi 2 novembre 2020.

Enfin, pour mettre en application les nouvelles mesures du protocole, le SE-UNSA demande "la mobilisation de tous les moyens de remplacement pour assurer un maximum de décharges d'enseignement" pour les directeurs d'école durant cette semaine, car "le protocole dans sa totalité et les attestations à délivrer aux familles ne pourront pas être mis en place dès le lundi 2 novembre" (le protocole prévoit néanmoins un délai pour les rendre opérationnelles, jusqu'au 9 novembre). Quant au SNEC, il réclame aussi "la mise en œuvre rapide d’instances de communication et de concertation au niveau national et dans chaque académie et "la publication rapide d’un annuaire d’interlocuteurs référents (ministère, rectorats, DSDEN) en matière de suivi de la crise sanitaire".

Camille Pons

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