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PLF 2021 : le premier degré "reste la priorité des priorités" (Jean-Michel Blanquer)

Paru dans Scolaire le jeudi 22 octobre 2020.

"La priorité des priorités, c'est l'école primaire". C'est l'une des principales déclarations faites, ce mercredi 21 octobre 2020, par Jean-Michel Blanquer à la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, qui l'auditionnait, avec sa secrétaire d'État chargée de l'Éducation prioritaire, Nathalie Élimas, sur le projet de budget 2021 pour la mission enseignement scolaire. À cette grande priorité accordée au premier degré, qui se traduira notamment par l'extension de la mesure de dédoublement des classes aux grandes sections de maternelle en REP et REP+, se greffent des mesures en faveur de l'école inclusive, du renforcement de la lutte contre les inégalités également territoriales, de la lutte contre le décrochage, et un nouvel axe, la revalorisation des rémunérations des enseignants. Ce budget, "le premier de la nation", est en hausse de plus de 3 %. Il représente en 2021 53,6 milliards d'euros, soit, selon le ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, "2 fois plus que la trajectoire initiale définie l'an passé pour 2021". S'il a été qualifié d' "inédit" et d'"exceptionnel" par le ministre - selon lui, entre 2012 et 2016 celui-ci avait augmenté de 2,3 milliards d'euros contre une +6,8 milliards entre 2017 et 2020 -, ce projet de budget n'a néanmoins pas fait l'unanimité auprès de certains députés qui ont critiqué certaines orientations, dont celles prises pour maintenir le volume d'enseignement au secondaire.

"Rien ne sert d'augmenter le budget sans objectifs clairs" a déclaré le ministre dans son propos liminaire, objectifs clairs qui se traduisent donc par deux grandes priorités cette année : le primaire et "enclencher une nouvelle dynamique en faveur des RH". Pour le premier degré, cela se traduit notamment par la création, pour ce niveau, de 2039 postes supplémentaires et ce "dans un contexte de baisse démographique des élèves" (- 60 000 élèves), alors qu'en revanche le secondaire se verra amputé de plus de 1800 postes. Selon le ministre, ce sont plus de 7000 postes qui ont été créés pour le premier degré depuis 2017 alors que l'école accueille 200 000 élèves de moins. Un effort qui contribue, selon Jean-Michel Blanquer "à améliorer le taux d'encadrement".

Dédoublement des grandes sections de maternelles : 150 000 élèves concernés à terme

Création de postes qui sert néanmoins pour beaucoup à alimenter la mesure de dédoublements des classes au CP et CE1 en REP et REP+. À ce jour, 300 000 élèves sont concernés par le dédoublement de ces classes, soit "20 % d'une classe d'âge". Mesure qui en outre est étendue aux grandes sections de maternelles de ces réseaux, dès cette année puisqu'elle concerne déjà 20 000 élèves. Elle doit toucher, à terme, plus de 150 000 élèves. Une mesure dont se réjouit également Jean-Michel Blanquer qui n'a pas manqué de souligner qu'il est "rare qu'un gouvernement soir allé au-delà de ses promesses de campagne".

Les orientations du budget mettent aussi, selon lui, l' "accent" "sur le soutien aux élèves les plus fragiles". Ce sont d'abord des mesures en faveur de l'école inclusive pour laquelle, estime-t-il, il n'y a "jamais" eu autant de moyens". Mesures qui permettent d'accueillir aujourd'hui 361 500 élèves handicapés en milieu ordinaire .Le budget qui y est consacré a augmenté de près de 60 % depuis 2017. En 2021, ce sont notamment 4000 nouveaux postes d'AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap) qui doivent s'ajouter aux 8000 déjà créés.

+ 4000 emplois d'AESH mais toujours un salaire de 800 euros par mois

Un volet qui a néanmoins fait l'objet de critiques. La députée socialiste Sylvie Tolmont s'est ainsi notamment interrogée sur l'absence, pour ces AESH, d'indemnités supplémentaires "alors que leurs salaires représentent à peine 800 euros par mois" et les "placent sous le seuil de pauvreté". Pour elle, cette politique consiste à "mise[r] sur le quantitatif au détriment du qualitatif".

Cette députée s'est aussi inquiétée de ne "rien" voir dans ce budget pour les personnels des RASED (Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté), pour les personnels de santé et pour les ULIS (Unités localisées pour l'inclusion scolaire). Si le ministre n'a apporté aucune réponse concernant les deux premiers, il a indiqué que "tout n'[était] pas précisé" dans ce projet de budget mais assuré qu'il y aurait bien des créations d'ULIS en 2021. Depuis le début du quinquennat, il y aurait eu, selon lui, la création de 350 ULIS par an.

1800 emplois en moins pour le secondaire contre des heures supplémentaires d'enseignement : une mesure critiquée

Des critiques ou interrogations ont également été émises concernant la suppression de plus de 1800 postes pour le secondaire et le "tour de passe-passe", selon les termes de Sylvie Tolmont, opéré par le ministère en proposant, pour les compenser, un volume d'heures supplémentaires aux enseignants. Heures qui correspondent à l'équivalent de 1000 emplois supplémentaires et doivent permettre, selon le ministre, de maintenir le volume d'enseignement du secondaire.

"Pourquoi demander toujours plus aux enseignants qui peinent déjà avec la crise sanitaire et l'impact de la réforme du lycée ?" interroge la députée socialiste, rejointe sur ce point par un autre député qui souligne que "les enseignants ne demandent pas des heures supplémentaires mais de meilleures conditions de travail". Sylvie Tolmont souligne également que les heures supplémentaires n'ont déjà pu être consommées l'an passé parce que "les enseignants ont des charges et d'autres engagements". Ces conditions de travail doivent néanmoins être au cœur des réflexions du Grenelle de l'éducation qui s'ouvre aujourd'hui. Le ministre invite à une "réflexion systémique sur les ressources humaines" pour "une évolution quantitative et qualitative en termes de gestion des RH de proximité". Cette réflexion portera sur trois axes : une meilleure reconnaissance du métier, la revalorisation de la rémunération des enseignants et un travail sur la coopération et "l'esprit d'équipe" dans un système "trop souvent cloisonné".

Tenir compte du "mérite et de la spécificité de chacun"

Il a sur ce plan été interpellé par le député Michel Larive (France Insoumise) qui a demandé quelles étaient les "contreparties" que celui-ci était susceptible d'attendre avec cette revalorisation des rémunérations des enseignants, alors que le ministre avait déclaré dans sa présentation liminaire notamment souhaiter "mieux reconnaître les mérites et la spécificité de chacun". Le ministre a répondu qu'il ne s'agirait pas de "définir de nouveaux salaires" contre "de nouvelles charges ou tâches" mais de regarder un ensemble de choses, dont le bien-être des enfants par exemple, objectif étant d'avoir "une vision complète gagnant-gagnant".

L'enveloppe prévue pour la revalorisation des rémunérations, 400 millions d'euros, a de son côté été jugée "bien dérisoire" et "bien en deçà" de ce qui pouvait être attendu au regard du nombre d'enseignants par un autre député qui souligne par ailleurs que 200 millions concernent aussi les nouveaux enseignants et rappelle que ces salaires restent encore bien en dessous des salaires moyens des enseignants de l'OCDE. "C'est quoi le message ? Devront-ils être exténués plus pour gagner plus ?", a-t-il demandé.

Enfin, le député Paul Molac (Groupe Libertés et Territoires) a critiqué l'augmentation de 1,69 % du budget alloué à l'enseignement privé qui traduit, selon lui "un choix de société qui n'est pas le [leur]".

Une prime d'équipement informatique pour tous les enseignants

Entre autres grandes orientations budgétaires, le ministre a également annoncé la "relance" de la politique d'internats d'excellence "au service de l'égalité des chances". L'objectif, via le lancement d'appels à projets, est de viser à terme un établissement labellisé par département. Le budget prévoit également une enveloppe de 50 millions d'euros pour soutenir les collectivités dans la création ou la réhabilitation d'internats.

L'égalité des chances se traduit aussi dans ce budget par l'augmentation du montant accordé aux bourses (+51 millions pour atteindre 860 millions en 2021) "pour accompagner les plus en difficulté dans ce contexte de crise économique".

Enfin, 17 millions d'euros doivent être alloués pour la création de 40 cités éducatives supplémentaires. Notons que le premier degré bénéficie d'un coup de pouce également pour le numérique puisqu'une enveloppe de 91 millions d'euros sera dédiée en 2021 et 2022 pour accompagner le développement des usages numériques dans le premier degré.

Enfin, le ministre a confirmé l'instauration d'une "prime d'équipement informatique universelle", "pour tous les enseignants, quel que soit leur âge" (lire ici). Une prime non "encore stabilisée" mais qui doit l'être après des discussions avec les syndicats, a-t-il encore précisé.

Camille Pons

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