L'enseignement catholique réaffirme son attachement à la mixité sociale et scolaire
Paru dans Scolaire le jeudi 24 septembre 2020.
"La mixité sociale et scolaire est une condition indispensable à l'éducation" affirme Philippe Delorme. Le secrétaire général de l'enseignement catholique, à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, affirme "je ne transigerai pas" à propos de certains "axes incontournables" parmi lesquels donc le désir "d'accroître (la) présence (de l'enseignement catholique) auprès des enfants et des jeunes moins favorisés", ce qui ne pourra se faire si le SGEC n'est pas "pleinement associé à la nouvelle politique d'éducation prioritaire". "Jean-Michel Blanquer (lui) a renouvelé son accord" et il doit rencontrer prochainement Nathalie Elimas, la secrétaire d'Etat en charge de ce dossier.
Il pointe à ce sujet une difficulté. "Si des mécanismes de solidarité permettent de réduire la contribution financière des familles, la question du coût de la restauration demeure un frein." En effet, la dépense n'étant pas obligatoire, elle n'est pas couverte par le forfait d'externat. Toutefois, certaines collectivités locales "ont fait le choix de ne pas faire de différence entre les élèves du public et du privé", mais "dans la majorité des lieux, ce n'est pas le cas", et un repas qui revient à 2€ pour les familles du public en coûte en moins 7,50€ dans le privé.
Moins d'élèves
Cette question de la mixité sociale est l'un des éléments de la vaste réflexion prospective engagée depuis deux ans pour donner à l'enseignement catholique "une vision d'avenir" et qui devrait aboutir à un texte d'orientation à la fin de l'année scolaire. Cette démarche est d'autant plus nécessaire que cette année, l'enseignement catholique perd quelque 8 700 élèves (- 14 855 dans le 1er degré, + 6 915 dans le 2nd degré mais - 783 dans l'enseignement agricole). La démographie explique en bonne partie ces données, mais la crise a pu jouer et des familles se trouvant en situation d'incertitude économique se sont désistées cet été. A noter le cas particulier de la Martinique qui gagne près de 6 % d'élèves, du fait, explique le secrétariat général d'une restructuration des établissements qui les a rendus plus attractifs (mais peut-être aussi d'une grève très dure dans le public qui, combinée avec le confinement, a laissé de nombreux élèves chez eux de janvier à la fin de l'année scolaire, ndlr).
Cette démarche prospective "ne doit pas se faire qu'en fonction de critères économiques ou démographiques" et elle devra prendre en compte un état des lieux réalisé "à partir d'une soixantaine de critères objectifs" sur "l'organisation territoriale, la santé économique du territoire, les services rendus aux familles". Tous les acteurs doivent y être associés, notamment dans le cadre du "conseil d'établissement, qui est un lieu de décision et de partage". Philippe Delorme ajoute que peuvent y être évoquées des coopérations entre établissements, par exemple pour les enseignements de spécialité.
Ecole inclusive
Outre la mixité sociale et scolaire, le secrétaire général estime que deux autres points constituent des priorités. C'est d'abord "l'accueil des enfants en situation de handicap", un sujet sur lequel il dit rencontrer sur certains territoires, il cite les Yvelines, "des difficultés pour obtenir la présence d'AESH". C'est aussi la promotion "des formations professionnelles et de l'apprentissage". Autre point fort de la politique du SGEC évoquée au cours de cette conférence de presse, le dispositif EMER pour "établissements à moyens éducatifs renforcés". En plus du "plan en faveur de la réussite éducative et des mixités" qui, depuis une douzaine d'années, a mobilisé 1 383 postes, une étude menée en 2017 a permis de distinguer 104 établissements qui reçoivent un pourcentage d'élèves de catégories sociales C et D supérieur à ce qu'il est dans les autres établissements, publics et privés du département, qui n'évincent pas leurs élèves les plus faibles et qui ont une "plus-value" positive selon l'indicateur de la DEPP (service statistique de l'Education nationale). Ils ont reçu chacun neuf heures supplémentaires (un demi poste) hors DHG (a dotation en postes destinées à assurer les enseignements, ndlr) et donc pour donner de la souplesse de fonctionnement.
"Grenelle des professeurs" et forfait d'externat pour les maternelles
A noter encore que l'enseignement catholique sera associé au "Grenelle des professeurs", et qu'il s'inquiète notamment des salaires des "maîtres délégués" (les non titulaires) dont les salaires sont nettement inférieurs à ceux de leurs homologues du public. P. Delorme cite le cas d'un enseignant qui percevait 2 300 € dans le public et à qui ont été proposés 1 300 € dans le privé.
Interrogé par ToutEduc sur le forfait d'externat dû par les communes pour les écoles maternelles passées sous contrat, il indique que les négociations "se passent globalement très bien", même si elles ont pris du retard du fait du report de l'installation des conseils municipaux et si les communes sont en attente du document qui précisera, dans les jours qui viennent, les modalités de calcul de la compensation qui leur sera due par l'Etat, sachant qu'elles auront jusqu'au 30 septembre de l'année prochaine pour la demander. En l'état, l'enseignement catholique n'a pas de "vision globale" des montants en jeux (c'est pourtant sur une évaluation du SGEC que s'est fondé le ministère pour estimer la dépense à 50 M€ dans l'étude d'impact de la loi pour une école de la confiance, ndlr).