La coopération entre enseignants, l’une des clés de l’éducation en ligne (table ronde à l'Assemblée nationale)
Paru dans Scolaire le mercredi 23 septembre 2020.
"Pendant le confinement, on a assisté à une accélération de l’utilisation des outils de communication et pas à un développement du numérique éducatif. On n’a pas non plus fait de l’enseignement à distance, on a essayé de mettre à distance l’enseignement en présence", a affirmé Michel Reverchon-Billot, le directeur général du CNED, en introduisant la première des deux tables rondes sur l’éducation en ligne organisé, ce mercredi 23 septembre, par la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale.
Intitulée "l’éducation en ligne, quels services et ressources pédagogiques, quel service public pour le numérique éducatif ?", ce premier débat a permis à Margarida Romero, directrice du laboratoire d’innovation et numérique pour l’éducation (INSPE de l’académie de Nice) de rappeler aux députés que "le numérique n’est pas toujours la solution, que le numérique ne va pas tout résoudre, qu’il peut faciliter les apprentissages à condition que tous les acteurs s’en emparent".
Des disparités
Parmi ces acteurs, elle a salué l’engagement des enseignants, ces "super-héros" qui ont tout fait pour maintenir le lien avec leurs élèves. Reconnaissant que "ça n’a pas fonctionné partout", elle note que "parfois l’école rurale est une chance quand elle réunit une communauté autour du numérique". Jean-Marc Merriaux, le directeur général de la direction du numérique pour l’éducation au ministère, a aussi constaté que "la coopération entre enseignants était l’une des clés de l’éducation en ligne".
La "construction de communs numériques est d’ailleurs l’un des cinq axes retenus pour les Etats généraux du numérique qui auront lieu les 4 et 5 novembre à Poitiers", a souligné Jean-Marc Merriaux. "Les autres axes porteront sur la fracture numérique ; enseigner et apprendre avec le numérique ; la protection et la valorisation des données ; la gouvernance et l’anticipation".
Un socle insuffisant
La deuxième table ronde réunissait des acteurs du privé sur le thème : "l’éducation en ligne, quels services et ressources pédagogiques, quelle place pour le privé ?". Nicolas Turcat, responsable du service éducation, inclusion et services au public de la Banque des territoires (groupe Caisse des dépôts), a constaté lui-aussi que "le socle numérique de base n’est pas suffisant, que seulement 30% des établissements possèdent la fibre optique, que beaucoup d’équipements sont obsolètes mais que, malgré les disparités territoriales, les usages se multiplient".
Rémy Challe, le directeur général d’Ed Tech France, a d’abord souligné : "L’école à la maison, ce n’est pas l’école !". Reconnaissant que "le numérique a permis d’assurer un lien même imparfait", il a affirmé que "les grands gagnants, sont les GAFAM sur lesquels reposaient la plupart des outils numériques utilisés pendant le confinement". Pour Pierre Schmitt, co-fondateur de la LDE (librairie et édition en ligne de manuels scolaires), "si le manuel n’est pas l’alpha et l’oméga de l’enseignement, le manuel numérique est une excellente porte d’entrée dans le numérique". Revenant sur la nécessaire formation des enseignants, il considère que "la formation technique aux outils doit être assurée par les industriels et la formation pédagogique assurée par l’Etat".
(La commission organise deux autres tables rondes sur le thème du numérique mercredi prochain).
Colette Pâris