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La période de confinement a permis la fuite de données d'éducation et révélé l'importance de l'illectronisme (Comité d'éthique)

Paru dans Scolaire le dimanche 13 septembre 2020.

"Assurer une offre gratuite à l’échelle nationale ou européenne d’outils de téléenseignement de bonne qualité", c'est l'une des recommandations du "Comité d'éthique pour les données d'éducation" dans l'avis qu'il a rendu sur les "enjeux d'éthique des usages des données numériques d'éducation dans le contexte de la pandémie".

En effet, "dans le contexte du confinement" un grand nombre de données sur les élèves, sur leurs familles, sur les personnels ont été "produites et traitées de façon massive". S'y ajoutent "les données relatives aux interactions (...) entre élèves et enseignants (...), entre élèves (...), entre enseignants (...), et aussi entre enseignants et parents (...)".

Ces données sont "précieuses (...) pour identifier des pratiques pédagogiques prometteuses" et "pour créer des modèles d’apprenants afin de développer des plateformes d’enseignement s’adaptant automatiquement aux individualités des élèves". Le Comité souligne que "les chercheurs n'ont pas forcément besoin de données personnelles, mais que des données anonymisées ou agrégées peuvent suffire", elles permettent "d’extraire des statistiques sur le système d’éducation par classe d’âge, classe sociale, ville, région ou à l’échelle du pays" et "d'évaluer la situation du pays en matière d'éducation nationale (...) ainsi que l’efficacité de différentes réformes (...). La connaissance de ces données par d'autres pays étrangers peut constituer une vulnérabilité pour notre pays."

Des outils publics moins conviviaux que les "WhatsApp, Google Suite, Zoom ou Discord"

Le Comité ajoute que ces données permettent également de "catégoriser les utilisateurs et ainsi, par association, les orienter vers des contenus ou encore personnaliser le service qui leurs est fourni sur la plateforme". Il conviendrait donc d' "engager une réflexion sur l'opportunité d'introduire dans le RGPD le statut de données sensibles pour les données d’éducation, à l’instar des données de santé".

C'est d'autant plus important que, durant la crise, les enseignants ont utilisé "des outils très variés", notamment "WhatsApp, Google Suite, Zoom ou Discord" tandis que "l’offre publique n’a pas pu dans un premier temps assurer le flux des demandes". Dans un second temps, le ministère a renforcé son offre et "donné des directives", mais "on a pu observer peu d’adhésion des différents acteurs à l’offre publique" car "les outils privés peuvent s’avérer plus conviviaux et plus robustes pour une utilisation par un grand nombre de participants". Le Comité recommande de "définir une stratégie nationale et portée par l’Europe concernant le développement de produits numériques d’éducation respectant les valeurs fondamentales européennes".

 L'illectronisme d'une large partie de la population, mais aussi d'une partie des enseignants

Autre point qu'il souligne, les inégalités en matière d'équipements : une enquête menée "au niveau des rectorats" a montré que "272 000 élèves des 1er et 2nd degrés vivent dans des familles n’ayant ni PC, ni tablettes, 91 000 n’ont pas de connexions internet, 37 000 pas de smartphone et 130 000 avec un forfait bloqué", des chiffres probablement très largement sous-estimés. Et 6 % des enseignants "n’ont ni matériel ou connexion adaptés pour travailler à domicile, le double dans les lycées professionnels". Il faut aussi savoir que "l’illectronisme concerne 17 % de la population" et que "38 % des usagers manquent d’au moins une compétence numérique de base". Le Comité recommande de "mettre en œuvre une stratégie de formation des familles et des équipes pédagogiques dédiée aux outils numériques pour l’éducation, incluant une sensibilisation aux modèles économiques du marché des données (...). Une formation au numérique tout au long de la vie devrait être également mise en place pour tous les citoyens."

A noter que Nathalie Sonnac, professeure des universités (sciences de l’information et de la communication), remplace à la présidence du Comité Claudie Haigneré.

Le rapport ici

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