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Plan de relance : Encore de l’argent public pour développer l’apprentissage ! (Nasr Allah Lakhsassi - SNUEP)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 04 septembre 2020.

Après la présentation, hier 3 septembre, du plan de relance, Nasr Allah Lakhsassi (SNUEP-FSU) nous a adressé cette tribune que nous publions bien volontiers.

Le plan "France Relance", doté de 100 milliards d'euros, présenté le jeudi 3 septembre 2020 en conseil des ministres, contient trois volets : l'écologie ; la compétitivité et la cohésion.

Le chapitre sur la cohésion comprend des mesures annoncées dans le Plan « Un jeune, une solution » présenté par le Premier ministre le 23 juillet 2020. Ainsi l’apprentissage est doté d’une enveloppe de 1,2 Md€, sous forme de prime aux employeurs d’apprentis.

Cette mesure pour Faciliter l’entrée dans la vie professionnelle a déjà été annoncée dans le cadre du plan de relance de l’apprentissage le 4 juin 2020. Il s’agit de l’aide exceptionnelle aux employeurs qui embauchent un apprenti. La publication du décret d’application, le 25 août 2020, rend effectives les annonces du 4 juin 2020. Un second décret, publié le même jour, élargit cette aide aux contrats de professionnalisation.  

Cette aide prend la forme d’une prime, d’un montant de 8 000 € pour les alternants majeurs et 5 000 € pour les mineurs. Elle s’adresse aux entreprises recrutant des alternants entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Et pour satisfaire les revendications du Medef, la condition d’avoir 5 % d’alternants pour les entreprises de plus de 250 salariés a été assouplie puisqu’elle a été étendue jusqu’au niveau 7 (Bac +5) au lieu des niveaux 3,4 et 5 (Bac + 3).

Que ça soit pour les nombreux avantages financiers accordés à l’apprentissage (loi Avenir Professionnel) ou ces aides exceptionnelles que contient ce plan de relance, force est de constater que le gouvernement n’exige aucune garantie ni engagement de la part des entreprises pour éviter de précariser encore plus les emplois des jeunes. Faut-t-il rappeler qu’en Espagne, par exemple, les primes pour les entreprises sont conditionnées ? Ainsi les entreprises espagnoles qui transforment les contrats d’apprentissage en contrats permanents (au moins trois ans) bénéficient d’incitations financières (1500 euros ou 1800 euros pour les femmes) !

Il est clair que ces aides vont encourager les employeurs à faire appel à des apprentis « gratuits » ou quasiment gratuits pour leurs entreprises. Cela peut avoir pour conséquence de ne pas embaucher les apprentis actuels en fin de cursus pour les remplacer par de nouveaux apprentis gratuits et encore plus grave, de licencier économiquement des travailleurs en CDI et d’en remplacer certains par des apprentis. Cet effet d’aubaine aura de sérieuses conséquences sur l’emploi. Lors de chaque crise, tout le système se trouve fragilisé car il dépend avant tout de la situation économique du pays. 

C’est donc un leurre de dire que l’apprentissage « facilitera l’entrée des jeunes dans la vie professionnelle », comme c’est un mensonge de le considérer comme « moyen de lutte contre le chômage des jeunes », Une étude publiée récemment,17 avril 2020, sur le site de la Chaire "Sécurisation des parcours professionnels" montre qu’un apprenti qui n'a pas été embauché par son employeur à l'issue de sa formation n'aura pas plus de chance qu'un lycéen professionnel de recevoir une proposition d'entretien d'embauche. Ses auteurs, Pierre Cahuc et Jérémy Hervelin, observent qu'augmenter la part de jeunes en apprentissage a des effets très limités sur le chômage des jeunes si cette augmentation ne s’accompagne pas d'une plus grande rétention des apprentis dans leur entreprise de formation.

Une fois encore, ce gouvernement, comme les précédents, passe à côté d’un investissement durable et qui garantit à tous et sans discrimination, une formation professionnelle et citoyenne complète et qui ne dépend pas des crises économiques. Encore une fois, le Lycée Professionnel est ignoré, même si ses acteurs ne baissent pas les bras pour accompagner et encadrer les jeunes les plus fragiles.

Pour conclure, saluons la décision de la Région Nouvelle Aquitaine qui a dégagé des moyens financiers pour accompagner les sortants des LP sans solution soit pour une insertion professionnelle, soit pour une poursuite d’études.

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