Un protocole insuffisant et des annonces en trompe-l'oeil pour le SNES
Paru dans Scolaire le jeudi 27 août 2020.
"On avait besoin d'un vrai message de confiance aux enseignants, mais il y a un fossé entre les discours et la réalité", estime la direction du SNES. Le syndicat FSU du 2nd degré dénonce, à l'occasion de sa conférence de presse de rentrée ce 27 août, un protocole sanitaire "de 5 pages", "extrêmement léger", qui est très loin de répondre à toutes les questions que se posent les personnels à propos de l'épidémie, ni même d'évoquer les situations auxquelles ils seront confrontés hors de la classe, dans les couloirs, à la cantine, au CDI. "Un livre qu'un élève rapporte à 10h peut-il être emprunté par un autre élève à 10h20 ?" Et en cas de contamination, comment remonte-t-on la chaîne des contacts pour savoir qui doit être testé et casser la chaîne de transmission ?
Les responsables syndicaux dénoncent surtout la faiblesse des moyens annoncés. Les 1,5 million d'heures supplémentaires, qui paraissent beaucoup, ne représentent en réalité que l'équivalent de 2 600 postes : "L'enveloppe sera épuisée à la Toussaint." Encore faudra-t-il trouver des enseignants pour prendre ces heures, "il n'y a pas de vivier de remplaçants, nous sommes déjà en tension chaque année dès qu'apparaissent les premières grippes", dans un contexte d'augmentation des effectifs et de diminution du nombre des moyens d'enseignement.
Mais d'autres questions, davantage d'ordre pédagogique, inquiètent l'organisation syndicale. Le ministre annonce que les tests en 6ème permettront de repérer les élèves qui n'ont pas acquis une lecture fluide en élémentaire. "Ils seront sortis de la classe, jusqu'à 5h par semaine, assurées par un enseignant du primaire, nous ne savons pas dans quelles conditions et nous nous opposons à l'externalisation de la difficulté scolaire." Autre sujet d'inquiétude, la situation des enseignements de spécialité en Terminale. Il semble que les mathématiques, les SVT, les langues vivantes autres que l'anglais et les langues de l'antiquité pâtissent de l'obligation de ne garder que deux des enseignements choisis en 1ère (à noter par ailleurs une baisse de 16 % du nombre des latinistes et des hellénistes en 1ère l'an dernier, en cumulant enseignement de spécialité et option).
Quant à la réforme du baccalauréat, le SNES constate que les E3C (les épreuves communes de contrôle continu) "changent de nom" mais restent les mêmes, sinon "qu'il y a toujours plus de renvoi au local".