Scolaire » Actualité

Rentrée sous Covid-19 : les premières réactions syndicales et de la FCPE

Paru dans Scolaire le vendredi 21 août 2020.

Messages pas "clairs", protocole sanitaire à renforcer, masques que les pouvoirs publics doivent prendre en charge financièrement, absence de formation et de préparation des enseignants à d'éventuels retours à l'enseignement à distance... : depuis le début de la semaine et au lendemain de l'allocution télévisée de Jean-Michel Blanquer sur France 2 (lire ici), les réactions syndicales et de parents d'élèves se multiplient concernant les conditions qui entourent la rentrée scolaire, toujours dans un contexte de crise sanitaire.

Plusieurs syndicats en appellent d'abord, à quelques jours de la rentrée, à la définition d'un cadre plus précis : un cadre "clair" pour le SE-UNSA, qui souhaite que le gouvernement précise "rapidement les règles sanitaires avec lesquelles se déroulera la rentrée scolaire" et des "messages clairs et connus en amont pour que cette rentrée soit réussie", notamment parce que "personne ne veut revivre la gestion dans l'urgence et la tension subies du 13 mars jusqu'aux congés d'été" ; un cadre "national" pour la FSU, pour qui port du masque, désinfection fréquente, aération des locaux, etc. doivent "faire l'objet de consignes nationales très claires qui ne sont toujours pas là". Même attente de Sud Éducation qui estime que "des discussions doivent être immédiatement organisées avec les organisations syndicales aux différentes échelles concernant le contenu et l'application du protocole". Dans la même lignée, le syndicat a d'ailleurs jugé l'annonce du ministre hier concernant la procédure à adopter en cas de détection d'un cas de Covid-19 dans une classe "particulièrement" inquiétante, puisque "la fermeture de classes ou d'écoles serait alors laissée à l'appréciation locale, sans faire l'objet d'une procédure cadrée nationalement".

Règles trop strictes ou pas assez ? Le port du masque suscite des critiques diverses...

Les syndicats ne se rejoignent pas tous, en revanche, sur les règles à adopter en matière de port des masques, désormais obligatoire pour les plus de 11 ans, même si la plupart s'accordent sur l'idée que c'est à l'État ou à "la puissance publique" d'en assumer le coût, la FCPE et le SNES en appelant même à ce que des masques FFP2 soient mis gratuitement à disposition des enfants et personnels fragiles, conformément à la recommandation faite par le Haut conseil de santé publique (HCSP). La FSU, au lendemain de l'intervention de Jean-Michel Blanquer, semble regretter "le protocole initial" qui "prévoyait que le masque n'était pas indispensable si la distance d’un mètre était respectée sauf pour les enseignants en maternelle pour qui il reste recommandé". Pour autant, si la fédération semble s'étonner de ce qu'elle qualifie d'annonce du ministre, comme Sud Éducation d'ailleurs, cette dernière n'en est néanmoins pas une puisque le dernier protocole actualisé, mis en ligne par le ministère de l'Éducation nationale le 5 août dernier, stipulait déjà cette obligation applicable aux plus de 11 ans et à l'ensemble des collégiens et lycéens (lire ici).

Si le SGEN-CFDT rejoint la FSU et ses syndicats affiliés, ou encore Sud-Éducation, sur la nécessité de faire évoluer ce protocole, qui "ne correspond plus ni à la situation sanitaire actuelle, ni à l’état des connaissances scientifiques", selon le SNES, en revanche, il en en appelle à des règles plus strictes que la FSU concernant le port du masque, tout comme la FCPE. Dans un communiqué publié le 19 août, le SGEN appelle à mettre en cohérence "la doctrine en matière de port du masque" avec les recommandations du HCSP du 14 août 2020, qui "préconisent le port du masque dans tous les milieux clos, y compris les salles de classe, d'autant plus que les connaissances sur les liens entre l'âge et le fait d'être contaminant ne semblent pas stabilisées". Pour le syndicat, "faire une rentrée scolaire au temps du Covid-19 suppose de pouvoir s'adapter à "la donne" qui "a changé", une accélération de la circulation du virus et ce dernier avis qui "fait désormais du port du masque dans les lieux collectifs clos ou bondé un passage obligé de la prévention".

La FCPE dénonce, elle, du "bricolage" et une décision "à n'y rien comprendre", prise par "un gouvernement qui choisit de faire comme si la situation était sous contrôle". Cette décision incompréhensible pour la fédération de parents d'élèves, c'est justement l'exemption, pour les enfants dans les cours d'école, de porter un masque, "alors même que les Français doivent de plus en plus souvent porter un masque dans la rue".

Des partisans du retour au non-brassage de groupes et à la limitation du nombre d'élèves en classe

Alors que le SNEETA et la FCPE plaident pour une réduction des effectifs dans les classes pour accueillir en toute sécurité, la FSU et ses syndicats affiliés, le SNUIPP et le SNES, appellent avant tout à revenir à la règle du "non-brassage des groupes d'élèves", car "il peut permettre d'éviter d'avoir à fermer toute une école ou un établissement grâce à l'isolement du groupe dès suspicion de contagion", écrit la FSU dans son communiqué du 19 août. En la matière, c'est le SNES qui appelle à des règles plus strictes en de nombreux espaces ou temps scolaires : répartition des entrées et sorties des élèves entre différents points de l'établissement "si cela est possible", nouvelle organisation de la demi-pension pour limiter au maximum le brassage des élèves et des adultes, rotations supplémentaires de transports scolaires et aménagements des arrêts à différents endroits devant l'établissement toujours pour éviter les regroupements d'élèves, étalement de l'accueil des élèves sur plusieurs jours, pour utiliser plus de salles, accueils en petits groupes si nécessaire, que la plénière de prérentrée soit "remplacée par une visio" quand aucune salle de l'établissement ne permet pas la distanciation sociale...

Le SNEETA-FO s'était quant à lui ému avant les autres syndicats des assouplissements introduits dans le nouveau protocole (suspension des règles de non brassage, mais également de l'obligation de distanciation sociale, de celle du port du masque par l'enseignant s'il se trouve à plus d'un mètre des élèves), dans un communiqué publié le 14 août dernier. Il y dénonçait d'ailleurs une mise en ligne du nouveau protocole sanitaire "en catimini" le 5 août, alors qu'il datait "déjà du 10 juillet, puisqu'il accompagnait la circulaire de rentrée 2020". Ce syndicat voit de son côté, avec l'idée "tout simplement de limiter les classes à un nombre restreint d'élèves, pas plus de 15 élèves voire 24 maximum dans une classe", l'occasion de mettre "fin aux classes de 30, voire 32 ou 34 élèves" et de donner ainsi aux élèves "une chance de travailler dans les meilleures conditions d'apprentissage et de sécurité possibles".

Absence de concertation et de préparation et de formation à l'enseignement à distance

Beaucoup d'organisations dénoncent aussi l'absence de concertation et de préparation en cas de renouvellement de l'enseignement à distance. "Quid d'une formation obligatoire à l'enseignement à distance pour les enseignants ? Quid d'une préparation des familles à ce type très particulier de coéducation ? Quid d'un recensement systématique des équipements informatiques des familles ? Quid de l'étude de l'impact de cette pratique sur les enfants ?", écrit la FCPE dans son communiqué envoyé au lendemain de l'intervention de Jean-Michel Blanquer. C'est à ce titre que figurent plusieurs demandes dans la pétition qu'elle a lancée ce jour sur son site web : que "tous les enseignants suivent une formation à l'enseignement à distance", que l'État organise un recensement précis des ressources en matériel numérique des familles et que "des prêts de matériel soient mis en place partout où cela sera indispensable, sans oublier la prise en charge des frais de connexion". La fédération demande également, pour que tous les enfants puissent être encadrés par des adultes en dehors de leur domicile, "l'embauche massive de personnels encadrant qualifiés" et la mise à disposition de locaux qui auraient vocation à devenir des "tiers lieux", dans lesquels ces personnels encadrant (étudiants, moniteurs...) pourront servir de "répétiteurs" en complément de l'enseignement dispensé par les enseignants, ce qui permettrait ainsi de respecter les gestes barrières.

Sud Éducation juge de son côté le plan de continuité pédagogique publié en juillet "extrêmement lacunaire" et dénonce un mensonge du ministre quand celui-ci assure qu'en cas de nouveaux confinements locaux tout sera prêt pour assurer l'enseignement à distance, alors que "les personnels ne sont toujours ni équipés ni formés, les plateformes ne sont toujours pas sécurisées". "Plus grave", écrit encore le syndicat dans son communiqué envoyé dans la foulée de l'intervention télévisée de Jean-Michel Blanquer, "aucun moyen supplémentaire n'a été prévu depuis le printemps pour permettre une rentrée qui fasse sens sur le plan pédagogique en cas de reprise de l'épidémie, notamment en termes de créations de postes ou d'aménagement des locaux". La FSU regrette aussi l'absence d'amélioration de l'encadrement, alors que pour elle, "les organisations pédagogiques nécessiteraient de pouvoir prendre les élèves en petits groupes".

Enfin, le SNES exige une revalorisation salariale" immédiate et sans contreparties, qui passe notamment par le dégel du point d'indice", alors que la FSU et son syndicat affilié, le SNUIPP, souhaiteraient l'annulation des évaluations nationales, une mesure de maintien jugée "hors sol" par la fédération, qui "rajoute de l'inquiétude là où la sérénité s'impose", "après une période traumatisante pour les élèves et les personnels".

Camille Pons

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →