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Covid-19 : une enquête de l'IFE-ENS confirme la satisfaction d'une majorité d'enseignants déjà observée par la DEPP concernant leurs activités durant le confinement

Paru dans Scolaire le dimanche 26 juillet 2020.

Alors que la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) vient de publier un premier bilan du vécu de la communauté éducative, enseignants, familles, et élèves, et de leur ressenti concernant la mise en place de la continuité pédagogique durant le confinement (lire ici), l'IFE-ENS (Institut français de l'éducation – École normale supérieure) rend également publics de son côté les premiers résultats d'une enquête sur les effets du confinement sur l'activité des enseignants et des personnels de l'enseignement. L'IFE souhaitait observer quels avaient été les effets du confinement sur les activités et les métiers des professionnels de l'enseignement, mais aussi s'intéresser à la façon dont ils avaient vécu cette période sur le plan professionnel, comment ils s'y étaient adaptés et voir ce qui pourrait rester, sur la durée, de cette période. La première analyse de ces résultats, qui s'appuie sur les réponses de près de 4300 personnels, confirme ce qu'a déjà observé la DEPP : les enseignants du premier degré et du secondaire se sont majoritairement "sentis à l'aise dans leur activité professionnelle" durant le confinement, satisfaction qui a augmenté par ailleurs notablement entre le début et la fin de la période, de 20 points, pour atteindre près de 60 %, taux de satisfaction affiché également par les formateurs qui exercent auprès du public enseignant en formation initiale ou continue.

Ils sont aussi majoritaires quelles que soient les catégories (plus de 60 %) à considérer que cette situation inédite d'activité à distance a été une expérience professionnelle plutôt ou très positive, satisfaction globale que l'on retrouve également dans l'enquête de la DEPP, même si les formateurs le sont davantage que les personnels de direction et inspecteurs, les enseignants du primaire et secondaire et les personnels chargés de mission de coordination et d'appuis à l'enseignement. Et ils sont presque autant à souligner "que cette expérience a modifié leur façon de voir leur activité professionnelle".

Des personnels en enseignement à distance qui évoquent majoritairement des "conditions confortables"

L'analyse de l'IFE offre en revanche un regard complémentaire de celui de la DEPP en éclairant aussi sur la façon dont les personnels disent avoir vécu psychologiquement cette période. Là, s'affichent des ressentis assez différents entre les personnels. Alors qu'ils sont majoritairement satisfaits de leurs activités, les enseignants l'ont été aussi visiblement de leurs conditions de travail pour une "large majorité" qui dit avoir "vécu le confinement dans des conditions matérielles acceptables ou confortables" (presque 70 % des répondants). Et ce, alors que plus de 20 % des enseignants de ce panel, environ 15 % des formateurs et coordinateurs et presque 10 % des personnels de direction et de pilotage ont travaillé "confinés en présence de personnes nécessitant un soin ou un accompagnement spécifique, notamment des enfants". A contrario, seulement 3,5 % indiquent avoir été dans des conditions précaires.

Et ces conditions ont été jugées confortables alors même aussi qu'une grande majorité déclare une charge de travail plus importante que d'habitude (71 % des enseignants et 69 % des personnels de direction et inspecteurs), à l'exception des coordinateurs (coordonnateurs de réseau, CPE...), minoritaires à déclarer avoir eu davantage de travail.

Des personnels de coordination et de direction en moyenne moins à l'aise

En revanche, les personnels associés à l'enseignement (CPE, coordinateurs…) et les personnels de direction ont visiblement moins bien vécu cette expérience. Même si pour les premiers le "malaise" s'est un peu atténué dans le temps (ils étaient seulement 40 % de répondants à se sentir à l'aise en début de confinement puis 50 % à la fin), au final, comme pour les personnels de direction, la moitié d'entre eux est restée "mal à l'aise" durant cette période.

Un ressenti que l'IFE-ENS lie peut-être "aux difficultés d'organisation du retour en établissement scolaire associées au déconfinement" (suscitant d'ailleurs peut-être aussi une légère augmentation à ce moment là du "malaise professionnel" chez les personnels de direction), alors que de leur côté, les enseignants et formateurs avaient "peut-être" "des compétences plus développées pour le travail à distance et avec le numérique" et qu'ils ont pu "progressivement développ[er] des stratégies d'adaptation, des outils et des pratiques pour mettre en oeuvre la continuité pédagogique".

Des enseignants qui se sont davantage adaptés à la diversité même si c'était l'une de leurs principales difficultés

Concernant les premiers impacts, l'IFE observe notamment qu'environ les deux tiers des enseignants et des personnels de direction et inspecteurs ont plus fréquemment entretenu des relations avec les parents d'élèves et qu'une majorité des enseignants déclare avoir davantage adapté leur enseignement à la diversité des élèves, même si cette adaptation fait partie des principales difficultés qu'ils disent avoir rencontrées.

Le questionnaire a été adressé entre le 14 mai et le 22 juin 2020 à l'ensemble des professionnels de l'enseignement et des personnels d'appui à l'enseignement : enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur et enseignants stagiaires, personnels exerçant des missions de pilotage (chefs d’établissement, inspecteurs, directeurs d’école, personnels exerçant des missions de coordination et personnels associés à l’enseignement (coordonnateurs de réseau, CPE…), formateurs exerçant auprès d'un public enseignant (formation initiale ou continue). Une journée d'étude est d'ores et déjà programmée avec d'autres chercheurs et laboratoires travaillant sur ce sujet à l'IFE - ENS de Lyon le 17 novembre 2020. Elle donnera lieu notamment à la présentation complète des résultats de l'enquête.

Les premiers résultats de l'enquête ici

Camille Pons

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