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Covid-19 : des enseignants majoritairement satisfaits de la mise en place de la continuité pédagogique durant le confinement mais des disparités selon les niveaux, les secteurs et les publics (DEPP)

Paru dans Scolaire le jeudi 23 juillet 2020.

Une majorité d'enseignants qui considèrent que que les élèves ont "appris de manière satisfaisante" et une majorité de parents qui jugent aussi cette période "profitable" : telle est l'analyse que fait la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) en s'appuyant sur les premiers résultats d'enquêtes qu'elle a menées sur la façon dont a été perçue la continuité pédagogique durant le confinement, à la fois par les familles mais aussi par les personnels de l'Éducation nationale. Ces résultats viennent d'être publiés dans une note d'information de juillet 2020. La DEPP a consacré cette première exploitation de données à l'ébauche d'un premier bilan de cette période en termes d'apprentissage et d'autonomie des élèves. Au-delà d'une satisfaction globale, la note révèle néanmoins des disparités de ressentis et vécus, notamment du côté de la communauté éducative, selon les niveaux, les types d'établissements et leurs publics, les secteurs d'enseignement et les catégories de personnels.

Au regard de ce premier traitement, c'est dans le premier degré que se fait sentir le moins d'insatisfaction concernant la prise en main exceptionnelle de cette continuité pédagogique hors murs de l'École et que se comptent le moins de "décrocheurs". En effet, entre le premier et le second degré, les enseignants affichent quasiment dix points d'écart quand il s'agit d'estimer si les élèves de leur classe ont appris de manière assez ou tout à fait satisfaisante pendant la mise en oeuvre du dispositif de continuité pédagogique, la moyenne de satisfaction se situant à 77 % chez les enseignants du premier degré contre 68 % chez ceux du second degré.

Plus d'élèves "perdus" au secondaire qu'au primaire et plus d'insatisfaction en lycées professionnels

De même, alors que les professeurs des écoles estiment ne pas avoir pu suivre 6 % des élèves de leur classe en moyenne, ce taux monte à 10 % lorsque l'on interroge les professeurs des collèges et lycées.

Les impressions, ressentis, vécus divergent aussi selon les catégories de personnels, les types d'établissements et les secteurs d'enseignement dans le second degré (alors que les vécus semblent relativement similaires au sein du premier degré entre personnels de direction, enseignants, inspecteurs, où ce taux de satisfaction va de 73 à 77 %). Comme le faisaient déjà remonter les syndicats durant le confinement, c'est dans les lycées professionnels (LP) que la période a été jugée la moins satisfaisante en termes d'apprentissage des élèves. Cette impression va dans le même sens du côté des personnels de direction et des conseillers principaux d’éducation (CPE) qui ont de leur côté plutôt perçu "la situation d'apprentissage en étant en contact régulier avec les familles et les élèves eux-mêmes." Du côté des CPE, ce taux de satisfaction tombe à 58 % pour ceux qui exercent en LP contre respectivement 74 et 72 % pour ceux des CPE de collèges et de lycées d’enseignement général et technologique (LEGT). De même, les proviseurs de LP sont globalement moins satisfaits que leurs homologues de LEGT (67 % contre 84 % soit 17 points d'écart) et que les principaux de collège (78 %).

Une appréciation "dégradée" en éducation prioritaire

De fortes disparités s'observent aussi selon les publics. Ainsi alors qu'ils sont partout majoritairement satisfaits des dispositifs qui ont été mis en place pour assurer la continuité pédagogique durant cette période, ce n'est plus le cas en éducation prioritaire dans le second degré et ce taux de satisfaction est nettement moins important dans le premier degré où l'appréciation "apparaît dégradée", observe la DEPP. Les enseignants des collèges ne sont plus que 49 % à s'estimer satisfaits (contre 70 % si l'on ne prend que ceux qui occupent un poste hors éducation prioritaire) et ils sont 64 % dans ce cas dans les écoles (contre 77 % de l'ensemble des professeurs des écoles). Et l'écart est de près de 20 points lorsque l'on compare la satisfaction des directeurs d'école selon qu'ils sont en ou hors éducation prioritaire.

Enfin, c'est dans le privé que les enseignants s'estiment sans être visiblement le mieux sortis puisqu'ils sont 85 % à considérer la mise en place de la continuité pédagogique comme satisfaisante (contre 70 % deleurs collègues de l’enseignement public hors éducation prioritaire).

Une majorité de parents jugent favorablement cette période, quels que soient les niveaux

Au final, ce sont les parents qui portent globalement le regard le plus positif sur cette période. La DEPP relève un fort taux de satisfaction et ce, contrairement aux ressentis observés dans la communauté éducative, "sans beaucoup de différences selon les niveaux de scolarisation". Ainsi, "près de huit parents sur dix considèrent que les activités proposées à leur enfant pendant la période de confinement de mars à mai 2020 étaient profitables", même s'ils sont légèrement moins nombreux chez ceux qui ont des enfants scolarisés au lycée. Et si seuls quatre parents sur dix considèrent que leur enfant a progressé, six sur dix estiment qu'il a découvert de nouvelles méthodes d'apprentissage et qu'il est devenu plus autonome. Des effets bénéfiques qu'une majorité d'enseignants dit avoir également perçus, citant de leur côté les compétences numériques des élèves et leur autonomie, ainsi que la quantité de travail fourni. En revanche, ils minoritaires quand on les interroge sur d'éventuels effets positifs sur la motivation des élèves, ce que d'ailleurs les collégiens et lycéens confirment dans leurs réponses puisque un tiers d'entre eux dit avoir manqué de motivation pour réaliser le travail scolaire attendu.

Si l'analyse de la DEPP est en revanche positive concernant les difficultés rencontrées par les élèves du second degré, notamment d'un point de vue matériel ou d'organisation, il est à noter néanmoins que 19 % considèrent avoir quand même eu "souvent ou très souvent du mal à s'organiser", 14 % à déclarer "avoir rencontré souvent ou très souvent des difficultés de compréhension des consignes" et 15 % à déclarer avoir été souvent ou très souvent en difficulté pour travailler en autonomie. Et si plus du tiers des élèves n'ont jamais été confrontés à des difficultés informatiques, un quart d'entre eux ont quand même été confrontés à des difficultés récurrentes et 41 % à des difficultés épisodiques.

La DEPP a conduit sept enquêtes auprès de parents d'élèves du second degré et de leurs enfants, de professeurs d'écoles, de collèges et lycées, ainsi qu'auprès de personnels de direction des collèges et lycées, de directeurs d'école, d'inspecteurs pédagogiques et de CPE et interrogé plus de 100 000 personnes au mois de mai 2020.

La note ici

Camille Pons

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