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2S2C : "un défaut d'anticipation", des obstacles nombreux, des perspectives dans le cadre des PEDT (mission flash de l'Assemblée nationale)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 16 juillet 2020.

"Pour faire un bref bilan statistique, nous pouvons dire que le dispositif, s'il n'a pas été mis en place par beaucoup de communes, a connu une montée en charge très rapide tout au long des mois de mai et juin", estiment les rapporteur-e-s de la mission flash sur la mise en place du dispositif "2S2C", présentée, hier mercredi 15 juillet 2020, à la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, François Cormier-Bouligeon (LREM) et Béatrice Descamps (UDI). En effet, "seules 1000 conventions avaient été signées début juin mais au 19 du mois, 2700 communes avaient contracté avec l’État". Au total, "8% des communes ont pu mettre en place le 2S2C et 2,5 % des élèves du premier degré y ont effectivement participé".

Cependant, si "certaines communes ont pu mettre en place le dispositif très rapidement, d'autres ont fait face à des obstacles nombreux et difficilement surmontables". Outre "la question des locaux disponibles qui s'est posée" (et du personnel pour effectuer le nettoyage, ndlr), le manque de moyens humains, notamment, a été souligné. D'autre part, "dans le domaine sportif, les professeurs d'EPS ont exprimé de vives craintes quant à la capacité des intervenants à conduire certaines activités sportives avec un niveau de sécurité suffisant". En outre, "la qualité des éducateurs de clubs a été parfois mise en cause" tandis que le niveau d’exigence pédagogique était d'autant plus élevé que "le dispositif était déployé sur le temps scolaire et non sur le temps périscolaire". Quant à l'appel à des bénévoles associatifs, il "n'a pas été possible" car "ces personnes avaient, elles-mêmes des activités professionnelles". Enfin, "il fallait également prendre le temps de vérifier les antécédents judiciaires de nouveaux intervenants".

"La question financière" n'a pas manqué d'être posée. Elle est même "revenue fréquemment" dans les réponses au questionnaire soumis par les rapporteur-e-s. Ainsi, "si l’État contribue jusqu'à 110 euros par jour et par groupe de 15 élèves, beaucoup d'activités se révèlent plus coûteuses et exigent que les collectivités en financent une partie, un facteur, du reste, préoccupant, d'inégalité entre les territoires mais aussi un frein à l'offre d'activités. En effet, en l'absence de financement complémentaire, beaucoup d'associations ne s'y retrouvaient pas sur le plan financier".

La liste des obstacles

"D'autres obstacles, note-t-on, ont aussi contribué à ce que le dispositif ne soit pas déployé partout sur le territoire. Le contexte politique, notamment, et électoral, dans certaines communes, a rendu plus difficile et plus lente la prise de décision." Par ailleurs, "ce dispositif a été mal vécu par les maires qui se sont vu confier une responsabilité nouvelle, sans anticipations réelle". Pour les autres, ils ont eu le sentiment que l'Etat se défaussait "après une période très difficile". D'autres encore "ont le sentiment qu'on leur envoyait le soin de faire garderie et que l’État leur faisait porter la responsabilité de gérer les conséquences de l'impossibilité pour l'éducation nationale d’accueillir les enfants sur les horaires habituels". "La question de la responsabilité judiciaire, notamment pénale, a été aussi très vite au cœur des inquiétudes."

"La communauté enseignante" a, de son côté, "parfois mal réagi à la mise en place du dispositif qui n'a pas pu faire l'objet d'une concertation poussée, notamment sur le plan pédagogique. Cela a pu susciter des inquiétudes de la part des enseignants du premier degré, en ce qui concerne l'éducation physique et l'éducation artistique et culturelle auquel ils sont très attachés". Dans le second degré, "les professeurs d'EPS ont pu voir d'un mauvais œil l'intervention du mouvement sportif" qui a pu être interprétée "comme une volonté de substituer l'action des collectivités à celle de l'Education nationale" ou que "l'éducation physique et sportive pourrait être remplacée". En somme, remarque-t-on, "un défaut d'anticipation et de communication a été à l'origine de ces craintes".

Possible pérennisation du dispositif ?

"Le dispositif 2S2C ne peut pas empiéter, en temps normal, sur le temps scolaire qui doit être consacré aux enseignements même si ceux-ci doivent favoriser l'intervention de personnes extérieures quand cela est pertinent, organisé par le corps enseignant lui-même", soulignent encore les rapporteur-e-s. "Il faut, pour cela, ajoute-t-on, augmenter le financement dédié à des activités proprement scolaires, assumer d'augmenter la polyvalence des enseignants du premier degré en renforçant les temps de formation."

Pour ce faire "il y a un élément à conserver dans ce dispositif, celui qui est à cheval entre l'école et le monde extérieur..., une opportunité pour repenser le temps périscolaire dans lequel les collectivités seraient responsables d'activités diverses proposées aux enfants mais en lien plus étroit avec l'école. Une forme de temps périscolaire qui ferait collaborer autour d'un projet local. Il pourrait s'agir de prendre appui sur ce qui existe déjà avec les projets éducatifs territoriaux, sans que cela soit un dispositif qui vienne s'ajouter encore et encore, sans créer une nouvelle instance de concertation ou un nouveau cadre de réflexion."

"Il faut, également, garantir l'égalité entre les enfants, à l’échelle des territoires" afin qu'ils puissent avoir "accès à des activités intéressantes, riches, diversifiées et de qualité. Une place importante est faite aux activités sportives... mais il faut, à l'avenir, faire place à la culture, aux activités liées à la santé et au civisme."

Une fédération pour le 1er degré ?

"Peut-être, faut-il favoriser l’émergence d'une fédération culturelle du premier degré sous l'égide du ministère de l'éducation nationale... , aller au delà de l'éducation populaire pour intégrer à des activités (culturelles et sportives) des problématiques plus larges comme la santé, l'environnement, le développement durable, l'égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations ou encore la lutte contre la manipulation de l'information...". La mise en place d'un tel dispositif ne pourrait se faire en quelques semaines. "Une année scolaire est nécessaire pour mettre en œuvre cette éventuelle réforme."

 

 

 

 

 

Rabah Aït-Oufella

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