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Les professeurs sont-ils des exécutants ? Comment peuvent-ils se libérer des entraves ? (Cahiers pédagogiques)

Paru dans Scolaire le vendredi 10 juillet 2020.

"Dans une mine, un étançon garantit un espace suffisant au sein d’une galerie pour que la circulation et le travail y soient possible". C’est la métaphore choisie par Camille Roelens, ATER à l’Inspé de Lille, pour brosser le portrait de l’enseignant qui "prend sur lui la responsabilité d’augmenter l’espace dans lequel les éduqués peuvent se sentir autorisés à s’affirmer comme des individus autonomes". Les profs sont-ils des exécutants ou des concepteurs ? C’est la question posée dans le nouveau dossier des Cahiers pédagogiques et à laquelle il ne semble pas facile de répondre.

Les articles de ce dossier ayant été rédigés avant la pandémie du Coronavirus, les coordinatrices, Sabine Coste, enseignante à l’Inspé de Grenoble et Nicole Priou, retraitée, se demandent s’ils seraient identiques aujourd’hui. Probablement. Elles constatent que lorsqu’on écoute "les ressentis des acteurs, il est indéniable que beaucoup se sentent entravés au quotidien par l’abondance, la fréquence, voire l’incohérence des prescriptions qui les envahissent", mais déclarent avoir choisi de "mettre en relief ce qui permettait de mieux identifier ce qui pouvait rendre la pratique moins inconfortable, ce qui donnait les moyens d’investir les marges de manœuvre".

Un collectif d‘enseignants

C’est notamment le cas du "Laboratoire", un collectif d’enseignants qui s’est rassemblé autour de deux conseillers pédagogiques et de l’inspecteur de circonscription dans une école en Vendée. Il permet "des explorations pédagogiques pour et par les enseignants", "la valorisation et le partage des pratiques", "un savant bidouillage dans lequel les acteurs sont concepteurs de leur démarche et de leur travail".

Pour Roger-François Gauthier, inspecteur général honoraire, "la France est effectivement très engagée en un modèle visant la simple exécution par les professeurs de la prescription programmatique". Il plaide pour une révision de ce modèle "en élaborant nationalement un vrai curriculum doté de sens et en laissant une marge explicite de liberté aux enseignants pour décider de contenus".

Une nouvelle approche

En écho, Louise Gerber, professeur de SVT au lycée Bergson à Paris, s’interroge : "Quand moi je finis le programme, j’ai bonne conscience, mais les élèves, eux, qu’ont-ils compris ?". Elle a donc décidé de se fixer d’autres objectifs : "éducation au développement durable, éducation à la santé et importance du bienêtre à l’école pour favoriser les apprentissages…". Une nouvelle approche qui permet "d’être davantage dans l’accompagnement des élèves et dans la coconstruction des apprentissages".

Si beaucoup de témoignages dans ce dossier vont dans le sens d’une appropriation par les enseignants, individuellement ou collectivement, des consignes venues de la hiérarchie, certains d’entre eux et principalement des débutants ne résistent pas aux injonctions : "tout ce qui peut ensuite être la pression hiérarchique, tout ce qu’on nous demande maintenant, enfin bon, c’est… c’est tellement en dehors pour moi de ce qui se passe sur le terrain, et voilà que je… je comprends pas qu’il n’y ait pas plus de choses… pratiques de proposées, que les gens là-haut, voilà à part passer au ministère, changer les lois, changer ci, changer ça, la semaine à quatre jours la semaine à quatre jours et demi, ça… et nous (…) on trime toujours et ça n’avance pas".

"Profs : exécutants ou concepteurs", dossier des Cahiers pédagogiques, n°562, juin 2020

Colette Pâris

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