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Orientation : les mythes ont la vie dure (Ouvrage)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 08 juillet 2020.

"L’un des mythes fondateurs les plus structurants dans le domaine de l’orientation est celui de l’image d’Épinal d’une École du peuple laïque et gratuite qui organise la mixité sociale et par là même la suppression des privilèges et des inégalités sociales." Des mythes, des croyances, des totems, des tabous… A la lecture du livre de Frédérique Weixler, inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche, on constate que l’orientation scolaire en est envahie.

Orientation au mérite, adéquationnisme, orientation genrée ou métier idéal, l’auteure nous entraîne dans un voyage édifiant au pays de l’orientation en France et en Europe et à toutes les époques. Pour preuve, cette citation de 1943, choisie par Le Robert (2001) qui la laisse manifestement "songeuse" : "L’orientation professionnelle a pour objet d’aider la famille à diriger l’enfant vers le genre d’activité professionnelle qui convient le mieux à l’ensemble de ses aptitudes et à leurs niveaux et aux premières indications de ses goûts compte tenu de la situation familiale et de l’état du marché du travail."

L’orientation scolaire fait l’objet d’une littérature fournie sur laquelle s’appuie Frédérique Weixler. Ainsi, en 1988, Francis Danvers, professeur en sciences de l’éducation, décrit l’histoire de l’orientation à travers trois étapes : "tout d’abord au service de la politique économique puis de la démocratisation de l’école, elle est devenue, dans un troisième temps, éducative, avec pour objectif de rendre le jeune plus autonome et impliqué dans ses choix d’orientation".

Survivance du tri

Aujourd’hui, dans le cadre européen, on insiste sur la dimension d’orientation tout au long de la vie, de validation des compétences formelles et non formelles, de capacité à s’orienter. Seulement, comme le souligne l’auteure, "la France conserve dans le même temps la conception du tri et de la gestion des flux très présente dans l’ADN de l’école de Jules Ferry. C’est sans doute cette combinaison qui rend les débats vifs et parfois confus et contribue à des appréhensions et attentes différentes selon les acteurs."

Chaque classement PISA nous rappelle combien nous avons de mal à réduire les inégalités et la contribution de l’orientation à ces inégalités n’est plus à démontrer. Et pourtant, insiste l’auteure, une étude récente de la DEPP, "apporte à la fois des informations – enfin- encourageantes sur ce sujet tout en soulignant le chemin qu’il reste à parcourir". Ainsi, si les inégalités sociales d’accès au baccalauréat se sont contractées puisqu’elles passent de 50 à 32 points entre les enfants d’enseignants et ceux d’ouvriers non qualifiés, un enfant de cadre a encore onze fois moins de risque de sortir sans diplôme qu’un enfant d’inactif et 86% des enfants d’enseignants et de cadres détiennent un bac général et techno contre seulement un tiers des enfants d’ouvriers non qualifiés et moins d’un enfant d’inactifs sur quatre.

"L’orientation scolaire. Paradoxes, mythes et défis", Frédérique Weixler, Editions Berger Levrault, 19€.

 

Colette Pâris

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