École, religions et laïcité, thème d'un futur numéro des "Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs" (CNRS - INSHS)
Paru dans Scolaire le lundi 22 juin 2020.
Les "Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs" lancent un "appel à contributions" sur le thème "École, religions et laïcité : perspectives comparatistes et interdisciplinaires". Ils rappellent qu'en 2010 et 2011, Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont déclaré la fin du multiculturalisme. "Des sociologues se demandent toutefois à quoi (ils) pouvaient bien faire référence" puisque "les politiques multiculturelles n’ont jamais vraiment existé en Europe, sauf à les confondre avec la mise en oeuvre d’un libéralisme pourvoyeur de droits individuels".
En Amérique latine, "des luttes sociales ont promu l’ascension politique de gouvernants populaires d’origine métisse et indigène (...). Plus récemment, les évolutions politiques et éducatives sont accompagnées d’une vague conservatrice, particulièrement visible au Brésil, qui conduit à affaiblir les efforts de réflexion pour une éducation multiculturelle, laïque ou séculière, en privilégiant une moralité d’inspiration chrétienne." En Amérique du Nord, aux États-Unis, longtemps "marqués par le principe de séparation églises/État", a été rendue possible "l’utilisation de chèques scolaires, émis par l’État, pour choisir des écoles privées religieuses". "Par contraste, le Canada (...) élabore une doctrine multiculturaliste officielle malgré des évolutions potentiellement contradictoires entre attachement au libéralisme politique, démarches nationalistes (notamment au Québec) et reconnaissance de minorités religieuses."
"Quant à l’histoire scolaire africaine, elle est également fortement marquée par les faits religieux" et par l'opposition entre les écoles coraniques, "implantées plusieurs siècles auparavant" et "les écoles européennes (qui) ont été missionnaires avant d’être portées par des gouvernements coloniaux (...). Aujourd’hui, le champ scolaire sur le continent africain est en pleine reconfiguration, notamment dans les rapports entre les secteurs public et privé", entre secteur privé laïc, écoles privées évangéliques, écoles missionnaires...
Les auteurs de l'appel à contributions notent pourtant que, sur tous les continents, "l’école publique (...) n’en reste pas moins appréhendable sous une perspective commune", elle respecte "la dimension privée des élèves et de leurs familles, leurs croyances, leurs valeurs et leurs intérêts" en même temps qu'elle "contribue à construire la dimension publique du citoyen (...). Ces deux exigences potentiellement contradictoires éclairent les tensions, débats, controverses à propos de l’école aujourd’hui. Le questionnement se prolonge en matière de laïcité (...)."
Le site de la revue ici (l'appel n'y figure pas), les contacts : nathalie.bonini@univ-tours.fr, pierre.guidi@ird.fr sebastien.urbanski@univ-nantes.fr, gabriela.abuhab.valente@gmail.com, didier.boisson@univ-angers.fr