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2S2C, direction d'école : les enseignants du SE-UNSA entre interrogations et découragement

Paru dans Scolaire le mardi 26 mai 2020.

Le dispositif 2S2C (sport, santé, culture, civisme), "c’est quoi ?", se demande le SE. Le syndicat UNSA des enseignants constate que "sa mise en œuvre" a été "discutée au sein d’autres ministères mais jamais avec les acteurs de l’Éducation nationale". Une instruction adressée aux préfets le 19 mai par le ministère des Sports permet d'en savoir davantage. Sa mise en place suppose "une convention entre l’IA-Dasen et chaque maire volontaire", les activités doivent s'inscrire "dans le prolongement des apprentissages et en complémentarité avec l’enseignement présentiel ou à distance" et respecter "les principes de neutralité et de laïcité". C'est d'ailleurs avec l'équipe éducative que sont fixées "les modalités d’intervention" des animateurs, la participation des enfants doit être "gratuite et laissée à l’appréciation des familles", tandis que les services du ministère des Sports, "en relation avec les IA-Dasen" veillent, avec les membres du GAD (groupe d’appui départemental), les représentants de l'USEP et de l'UNSS (de l'UGSEL pour le privé) et le mouvement olympique, "à recenser les clubs et éducateurs sportifs volontaires" et à "vérifier l’honorabilité des intervenants" (à commencer par les partenaires sportifs déjà engagés dans l’appui à la mise en oeuvre de l’EPS). L'instruction précise encore que ces conventions ne valent que "pour la durée restant de la présente année scolaire".

Interrogée par ToutEduc, Elisabeth Allain-Moreno, responsable du secteur EPS du SE, considère que ce dispositif ne met pas en cause la légitimité de l'enseignement d'EPS ni l'existence du corps des professeurs d'éducation physique et sportive pour le 2nd degré, mais s'inquiète de la limitation de leur action, faute de moyens, vu "l’accès très limité, voire parfois impossible, aux installations sportives que subissent déjà les enseignants, professeurs des écoles comme enseignants d’EPS", "la sur sollicitation des directeurs d’école et des chefs d’établissement à qui proposer un énième dispositif à superviser semble impensable", et la lourdeur du dispositif qui suppose de recenser les familles intéressées et les intervenants, de vérifier leur habilitation, "d'organiser des groupes, des temps et des activités"...

Le SE constate d'ailleurs que "peu de communes ont fait le choix de mettre en œuvre le dispositif" qui se limite bien souvent à "un service de garderie" et ajoute que "l’entrée en matière du dispositif 2S2C, ni annoncée, ni identifiée (...) fait partie de ces gouttes d’eau qui, une fois le vase débordé, aura grand mal à convaincre et pénalisera les acteurs qui s’y seront sincèrement investis". Il dénonce des "annonces ministérielles précipitées et confuses", voire "irresponsables". Et il se demande s'il ne faut pas y voir "une nième introduction de dispositifs qui n’ont jamais réussi à convaincre par le passé et ne parviendront jamais à masquer les vrais manques en termes de moyens et de formation de notre profession…"

A noter que cette interrogation en rejoint une autre, posée dans un autre communiqué de la même organisation syndicale : Jusqu’à quand les directrices et directeurs d’écoles seront-ils "au rendez-vous" ? C'est la question qu'il pose dans une tribune qui "a recueilli plus de 2000 signatures en quelques jours". Celle-ci "met en lumière l’investissement ainsi que les difficultés des directrices et directeurs qui n’ont fait que s’accroître dans le contexte de la crise sanitaire". Ils font valoir qu'ils n'ont eu "de cesse de continuer à informer, dialoguer, organiser la continuité pédagogique, maintenir le lien avec les familles, la municipalité, nos collègues enseignants, les Atsem, les AESH, les personnels de cantine, de garderie et tous les partenaires associatifs", et ce "malgré des informations parcellaires parfois contradictoires, des injonctions souvent déconnectées de la réalité".

Ils rappellent qu'ils ont notamment "organisé l’accueil des enfants de soignants avec les enseignants volontaires", qu'ils ont préparé la reprise, "enchaîné les réunions en visio-conférence avec les élus, avec (leur) hiérarchie, avec (leurs) collègues", qu'ils ont "géré le marquage, le fléchage, l’organisation des flux dans les classes, dans l’école, aux abords de l’école, la vérification sanitaire, la routine sanitaire, comment se laver les mains en fonction des sanitaires, la distanciation dans les flux mais encore la préparation de l’accueil des élèves mais pas pour tous car il faudra le refaire pour une partie des élèves restés chez eux lorsque ceux-ci reviendront à l’école." A eux "de mettre en œuvre un protocole sanitaire de 60 pages indigeste, communiqué très tardivement et quasi impossible à appliquer".

Mais ils concluent que "la bonne volonté (...) laisse parfois place au doute, à la colère voire au découragement".

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