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Le partenariat, nouveau pilier du changement des pratiques éducatives ? Dossier de l’IFÈ

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le mercredi 20 mai 2020.

Phénomène de mode ou nouvelle forme d’organisation aujourd’hui banalisée ? Dans un nouveau dossier de veille de l’Institut français d’éducation, Lisa Marx et Catherine Reverdy, chargées d’étude et de recherche, s’intéressent plus particulièrement aux "effets des politiques partenariales sur l’école : quels sont les rapports de pouvoir entre enseignant.e.s et partenaires extérieur.e.s ? Quelles sont les influences de l’école sur les partenaires et les organisations, institutions ou associations qu’ils ou elles représentent et vice-versa".

Citant Agnès Van Zanten, les auteures rappellent que "le partenariat est devenu au tournant des années 1970 une injonction institutionnelle à faire ensemble" mais ce n’est que dans les années 1990 qu’il entrera véritablement dans le vocabulaire de l’Education nationale. "Modalité de travail évidente", le recours aux partenariats éducatif relève "autant d’une logique propre du secteur scolaire que d’une tendance plus large dans les politiques publiques de déconcentration de l’action publique, qui se trouve ainsi retraduite à l’intérieur du système éducatif".

Promouvoir l’efficience

Portée par la Banque mondiale ou l’OCDE, "la montée des partenariats peut, selon certain.e.s, être vue comme indice ou conséquence de l’extension du modèle néolibéral", soulignent les auteures. "En France, différentes réformes relèvent de ce type de logique qui vise à rapprocher le fonctionnement du secteur public de celui du privé et à promouvoir l’efficience, tantôt en traitant les usager.e.s en client.e.s, tantôt par l’adoption d’une gestion par objectifs et indicateurs de résultats".

Dans l’organisation scolaire ce "nouvel âge" qui vise "plus de réactivité et concerne des actions restreintes, moins pérennes, et gérées à l’échelon territorial", n’est pas sans provoquer des tensions "puisque hiérarchie verticale et liens horizontaux doivent désormais coexister". Pour illustrer leur propos les auteures prennent notamment l’exemple de l’éducation artistique et culturelle qui, "depuis plusieurs décennies est très ouverte sur les partenariats avec différents lieux, associations et institutions artistiques et culturels, dans l’objectif de rendre la culture accessible au plus grand nombre".

Nouvelles problématiques éducatives

Retraçant l’histoire partenariale de l’EAC, Lisa Marx et Catherine Reverdy constatent qu’elle commence dans les années 1960 par des expérimentations militantes et se poursuit par des actions ministérielles, interministérielles et "la création de partenariats entraînant un maillage territorial important". Constatant avec la DEPP (2019) que trois élèves sur quatre ont participé à au moins une action d’EAC dans l’année, elles se demandent néanmoins : "Quelles vertus prête-t-on à l’art qui est loin de faire partie des matières les plus valorisées si on en juge le nombre d’heures dédiées aux enseignements artistiques dans le secondaire par exemple ?".

Les auteures prennent aussi l’exemple de la territorialisation des politiques éducatives en particulier lors de la création des zones d’éducation prioritaires quand "les territoires deviennent officiellement les supports légitimes de la discrimination positive". Echec scolaire, décrochage, violences à l’école, école inclusive, questions liées au genre ou à l’expression de la laïcité en milieu scolaire… Les nouvelles problématiques éducatives impliquent des partenaires extérieurs à l’école et "les acteurs de l’école ont vu leurs prérogatives, leur cadre de travail, leur logique professionnelle bousculés par des demandes politiques de création ou d’amélioration de la coordination de partenariats existants".

Des modes de régulation à trouver

Pour autant, "dans les faits, les rectorats ne se détachent pas réellement de leur rôle de représentant direct du pouvoir central chargé d’affirmer ses prérogatives au sein d’un espace géographique particulier". D’où "des modes de régulation de l’action éducative qui en sont ainsi complexifiés, puisque se multiplient les espaces de décision et de concertation, dus à la coexistence entre des formes encore existantes de gestion centralisée et de nouveaux modes de gestion des interdépendances".

Malgré les difficultés rencontrées, "les enseignant.e.s et les personnels de direction continuent de fait à se mobiliser dans ce type de projet". Les auteures du dossier constatent que "l’ouverture de l’école semble avoir un effet sur les apprentissages sociaux et le rapport que les élèves entretiennent avec les savoirs". Coté acteurs de l’école, "les partenariats constituent un sas de décompression" voire, "face à la rigidité de la forme scolaire et les difficultés à inventer de nouveaux modes de collaboration ou d’interdisciplinarité", un moyen de rechercher des ressources professionnelles en dehors de l’établissement. "Le partenariat serait-il un nouveau pilier de l’accompagnement du changement des pratiques éducatives ?"

"Travailler en partenariat à l’école", Lisa Marx et Catherine Reverdy, Dossier de veille de l’IFÈ n°134, Avril 2020 (ici).

 

 

 

 

Colette Pâris

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