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Un groupe de "hauts fonctionnaires" de l'Education nationale dénonce la politique de JM Blanquer (le Café pédagogique)

Paru dans Scolaire le jeudi 14 mai 2020.

Le Café pédagogique publie une tribune qui lui a été adressée par un "Groupe Grenelle" composé "d'une quinzaine de hauts fonctionnaires" selon notre confrère, mais qui se presente comme comprenant des enseignants, des formateurs, des chercheurs, des inspecteurs du premier et second degrés, des inspecteurs généraux, des directeurs académiques, des cadres de l'administration centrale, et qui considèrent qu'ils ne peuvent plus se taire : "Nous prenons la responsabilité d'écrire ici pour, qu'au moins, nous puissions nous regarder en face et nous dire que nous avons prévenu du tournant qu'avait pris l’École."

Leur dénonciation de la politique menée par Jean-Michel Blanquer est tous azimuts. C'est d'abord le "climat de défiance" et le "management autoritaire" du ministre et de son cabinet.

S'agissant du premier degré, l'enseignement des fondamentaux et les dédoublements de CP et CE1 ont été promus alors qu'aucune étude "ne permet à ce jour (d'en) mesurer l'efficacité réelle sur les apprentissages" et qu'étaient reléguées "d'autres mesures parmi les plus efficaces (comme plus de maîtres que de classes)". 

Au lycée, "en voie générale", le ministre "rétablit une culture élitiste qui trie, hiérarchise et sélectionne les élèves", la carte des enseignements de spécialités crée "des inégalités territoriales de fait" et "les E3C soumettent à une pression certificative permanente les élèves et leurs enseignants" tandis que "les bacheliers professionnels ont été dépossédés à bas bruit des disciplines de l'enseignement général par une baisse drastique des horaires, ce qui leur interdit désormais tout projet de poursuites d'études". Les auteurs vont plus loin, dénonçant la mise en concurrence du lycée professionnel "avec des organismes de formation privés et l'apprentissage", avec pour projet sa "disparition progressive". Quant à l'éducation prioritaire, son "nom même s'efface du portail internet du ministère", l'abandon de la dimension pédagogique "se faisant, au profit du thème, politiquement fort, de la ruralité".

La critique porte plus encore sur la "mise au pas" de la liberté de pensée, qu'il s'agisse des enseignants du 1er degré "à qui l'on distribue des guides" et qui sont "renvoyés à un statut de simple exécutants", des inspecteurs du premier degré "dont on réduit les missions à des fonctions de contrôle", des inspecteurs du second degré "sommés de relayer des injonctions paradoxales", des inspecteurs généraux dépossédés de leur fonction d'expertise, de chercheurs "que l'on stigmatise, ostracise, voire excommunie du débat d'idées inhérent à tout système éducatif dans un État de droit"...  Le collectif dénonce encore "une neuroscience devenue toute puissante", érigée "au rang de nouvelle doctrine pédagogique au détriment du savoir-faire des enseignants et des personnels d'encadrement de terrain", aux dépens de "la compréhension des enjeux culturels, sociaux et cognitifs des apprentissages scolaires". Il dénonce aussi un Conseil des Sages de la laïcité "composé de membres dont certains sont très nerveux sur ces questions sensibles, contribuant ainsi à une irresponsable hystérisation du débat médiatique sur l'islam".

Le ministre a inscrit parmi les fondamentaux "respecter autrui" mais ce ne serait qu' "formule d'affichage (...) qu'aucune action ne vient appuyer cette intention", un principe "absent de ses propres fonctionnements" au point qu' "une phrase revient souvent dans toutes les académies, à presque tous les postes sans que le Cabinet n'en ait cure : jusqu'où pourrons-nous nous regarder dans la glace le matin ?"

Le site du Café pédagogique ici

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