Chronique ordinaire des jours extraordinaires - 11 mai
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 11 mai 2020.
J-B, directeur national d’un réseau associatif (jours « dernier week-end »)
Le jour du déconfinement arrive à grands pas. Notre fils de CM2 attend, avec impatience, ses camarades lundi après-midi. Celui qui est en troisième prépare une petite soirée avec quelques amis. Nous avons insisté pour que les parents de ces derniers soient avertis des modalités de cette soirée. Nous avons beaucoup discuté avec lui, il a fini par comprendre qu’ils ne devaient pas être trop nombreux, d’essayer le plus possible de se tenir à l’écart. Mais en même temps ils sont en troisième, ce sont des adolescent.e.s… Il faut bien que la vie reprenne son cours ! Quant à celui qui est en 1ère, il était en train de finaliser un gros devoir de géopolitique, quand dans la nuit de vendredi à samedi, à 1h du matin, il est venu nous dire qu’il avait très, très mal au ventre. De fil en aiguille nous le descendons aux urgences, qui décident de le garder jusqu’à l’arrivée du médecin au petit matin. Après un scanner, le diagnostic est posé : appendicite aiguë. Il est donc hospitalisé. L’hôpital précise qu’il nous faut rentrer, qu’il va passer un test du Covid 19 (nous n’avons toujours pas les résultats), et que les visites sont interdites. Je reçois un coup de fil, en milieu d’après-midi, du chirurgien me précisant que l’opération s’est bien passée, qu’il va bien, qu’il est en salle de réveil. Il devrait être remonté dans sa chambre vers 17h30-18h. Avec ma femme, nous préparons donc un sac, dans lequel nous mettons des affaires personnelles : vêtements, trousse de toilette, chargeur de téléphone, livres, de quoi grignoter… Je lui descends donc ce sac, je suis bloqué à l’accueil, l’hôpital récupère le sac et me précise qu’il lui sera remis rapidement, il n’est pas possible d’aller le voir. Mon fils vient de sortir d’anesthésie générale, il est seul à l’hôpital, certes il est grand, mais toujours mineur. Ni ma femme, ni moi, ni personne d’autre ne pouvons lui rendre visite. Je sais, c’est sans commune mesure avec quelqu’un en fin de vie, mais tout de même, cette situation est assez difficile à vivre. J’espère que c’est différent pour les enfants de moins de 12 ans… J’espère que lundi, avec le déconfinement, nous pourrons lui rendre visite. Pas de chance, ce lundi c’est son anniversaire, 17 ans. J’espère qu’il ne passera pas cet anniversaire tout seul à l’hôpital !
Le réseau quant à lui organise son déconfinement, nous décidons assez massivement de maintenir le télétravail quand c’est possible. Une partie très significative va continuer d’être en activité partielle. En effet une grande partie de notre activité est toujours à l’arrêt. Le réseau apprend à travailler à distance, c’est compliqué. Ce week-end certaines associations territoriales du réseau organisent des rassemblements à distance. C’est une nouvelle, je ne sais pas si cela perdurera après le confinement, mais des vidéos ont été tournées pour expliquer les enjeux du moment, des espaces de dialogues à distance ont été ouverts permettant à toutes et à tous de réagir. Plusieurs visioconférences ont été organisées en parallèle pour permettre aux militants et aux militantes d’échanger. Le lien se poursuit, et c’est ça l’essentiel.